Relâchement de tous les dangers

Le variant indien s’annonce de loin plus contagieux que tous les autres


Chady Chaabi
Jeudi 1 Juillet 2021

Et si le plus dur était à venir ? Et si nous devions encore une fois mettre nos libertés sous camisole? A ce rythme, on y va tout droit. L’optimisme exacerbé des autorités illustré par l’allégement des restrictions sanitaires et l'ouverture des frontières fait planer un réel danger sur la situation sanitaire dans le pays. Pour preuve, quinze jours après l’ouverture des frontières, 690 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été détectés, mardi, à cause d’un des taux de positivité les plus élevés (4,67%) depuis le début de la pandémie dans le Royaume, le 1er mars 2020. Le variant Delta (indien) n’y est pas totalement étranger. En termes de contagiosité, c’est l’escalade. « Le variant dominant actuellement est le britannique, qui est 60 à 70% plus contagieux que le virus initial. Rapidement, le variant indien, deviendra dominant et envahira le Royaume. Ce dernier est à son tour 60 à 70% plus contagieux que le britannique». Ces informations révélées lors d’un webinaire font craindre le pire. Les participants, Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech, le Pr. Lahcen Belyamani, chef de service des urgences à l’hôpital militaire de Rabat et président de la Société marocaine de la médecine d’urgence (SMMU), le Pr. Azeddine Ibrahimi, directeur de Medbiotech, laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université Mohammed V à Rabat, et le Pr. El Azami El Idrissi Mohammed, vice-doyen à la recherche et la coopération à la Faculté de médecine et de pharmacie de Fès, étaient sur la même longueur d’onde pour assurer que la pandémie est non seulement à conjuguer au présent, mais aussi au futur. Cet état de fait ne sera pas sans conséquences sur le système de santé national. La pression a de fortes chances de s’accentuer au fur et à mesure que le variant indien se propage dans le pays. Dès lors, les besoins en oxygène “seront beaucoup plus importants à cause de l’augmentation des admissions en soins intensifs et en réanimation”, expliquent les intervenants dudit webinaire. Le bilan épidémiologique émis par le ministère de la Santé, mardi, ne dit pas autre chose, avec notamment 57 nouveaux cas sévères ou critiques admis en 24 heures. Une hausse soudaine qui ressemble à s’y méprendre à la flambée de cas constatée aux quatre coins du monde (voir encadré). Israël, Australie, Portugal, Thaïlande et Bangladesh imposent de nouvelles restrictions pour lutter contre le variant Delta. L’avancement des campagnes de vaccination dans ces pays n’y a rien fait. De ce côté-ci de la Méditerranée, 9.074.224 personnes ont reçu deux injections du vaccin anti-Covid, et 9.986.882 une dose de vaccin. D’ailleurs, les Pr. El Adib et Belyamani ont demandé à ces derniers «de prendre rendez-vous pour la seconde dose afin de se protéger et de protéger les gens qui ne peuvent pas encore se faire vacciner». Et pour cause, «la première dose protège à peine à hauteur de 30% », a précisé le Pr. El Adib. Si la vigilance est de rigueur pour les citoyennes et citoyens partiellement vaccinés, il va de soi que les Marocains qui n’ont pas encore eu la chance d'être vaccinés ont la responsabilité de respecter les mesures sanitaires et autres gestes barrières, à défaut de quoi « un sujet non vacciné et donc non protégé facilite l’expansion et la mutation de nouveaux variants », prévient le Pr. Belyamani, pour qui le relâchement de la population est de plus en plus global et généralisé. Pour s’en persuader, un coup d'œil par la fenêtre suffit. De toute évidence, et comme partout ailleurs dans le monde, les citoyennes et citoyens sont au bout. Un sentiment somme toute normal, mais ô combien dangereux. Car certains agissements dépassent les limites. Autant on peut comprendre un certain relâchement en plein air, où la contagiosité est limitée, autant dans les transports en commun (tramway, taxi, bus), soit des lieux clos, le non-respect du port du masque et de la distanciation pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’histoire du Maroc avec le nouveau coronavirus. Une histoire commencée il y a plus d’un an et qui tarde à amorcer son dénouement. 


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