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Qui a mandaté le ministre des Affaires étrangères ? : Taïeb El Fassi en super VRP de la réforme constitutionnelle


Narjis Rerhaye
Samedi 2 Avril 2011

Depuis quelques jours, il est sur toutes les chaînes de TV françaises, écumant les plateaux de télévision pour «vendre» le nouveau destin constitutionnel du Maroc. En super VRP, Taïeb El Fassi, le ministre des Affaires étrangères, multiplie les interviews. Enorme sourire aux lèvres, le ministre explique la nouvelle réforme de la Constitution dont les grands axes ont été annoncés dans le discours Royal du 9 mars. On peut ne pas être d’accord avec Taïeb El Fassi qui affirme haut et fort que le Maroc a fait très tôt le choix de la démocratie en adoptant le multipartisme comme le nasserisme. On peut toujours lui rétorquer que le multipartisme est parfois de façade et lui rappeler que des centaines et des centaines d’hommes et de femmes qui ont fait le rêve de démocratie ont été torturés, privés de liberté, et jetés aux oubliettes chez nous. Mais tel n’est pas le problème. M. El Fassi, ministre de souveraineté échappant à tout contrôle, a le droit d’interpréter l’histoire à sa manière, la politique n’ayant jamais été exactement sa tasse de café du matin. Les députés se souviennent encore de ses sorties contre les parlementaires qui auraient dû, selon lui, empêcher le parlement européen d’adopter une résolution condamnant le Maroc lors des événements de Gdim Izik. Mais ceci est une autre histoire.
Revenons-en à la communication menée à l’international par M. Taïeb El Fassi. Des questions essentielles se posent et demandent des réponses. Les passages du ministre des AE sur France  24 et LCI pour vanter les avancées de la nouvelle Constitution en gestation –un projet essentiellement politique- ont-ils été décidés dans un cadre gouvernemental? De tels passages s’inscrivent-ils dans une stratégie de communication gouvernementale? Qui a mandaté M. Taïeb El Fassi? Et une telle décision, celle d’ériger M. Taïeb  El Fassi en «communicator» du Royaume, a-t-elle été prise ailleurs, c'est-à-dire dans d’autres centres du pouvoir alors que c’est le gouvernement conduit par M. Abbas El Fassi qui doit être aux premières lignes?
Ce sont là autant d’interrogations qui mettent mal à l’aise ceux et celles qui font le pari d’une nouvelle page constitutionnelle s’ouvrant dans notre pays. De nouvelles pratiques, de nouvelles manières de faire pour que les centres de pouvoir ne soient plus diffus et  incontrôlables n’accepteraient de M. Taïeb El Fassi d’aller porter la bonne parole constitutionnelle auprès de l’opinion publique française que si la décision en était prise par le chef de gouvernement. Un argument de plus dans le plaidoyer  de tous les démocrates qui en appellent à la suppression des ministères de souveraineté, un concept qui n’a aucun fondement ni constitutionnel ni juridique.

Une étrange division
des tâches

La réforme de la Constitution est un dossier éminemment politique. La revendication d’une révision de la loi suprême est venue de partis démocratiques, essentiellement l’USFP qui en a fait la résolution principale de son 8ème Congrès et l’objet d’un mémorandum détaillé adressé au Roi en mai 2009.
Question : pourquoi les partis semblent-ils être exclus de cette communication à l’international? Ne sont-ils pas finalement les mieux outillés pour présenter cette réforme qui n’est pas celle d’une partie seulement mais de tout un peuple ? Une sorte de division des tâches semble avoir été décidée. Aux partis, le local à travers les débats sur la réforme constitutionnelle dans les télévisions et radios nationales,  l’international étant du ressort, pour le moment exclusif du ministre des Affaires étrangères. Un peu comme si l’étranger était une affaire bien trop sérieuse pour être laissée aux mains des partis politiques !
Une nouvelle Constitution sera adoptée dans les prochains mois. On parle de séparation et d’équilibre des pouvoirs, on parle d’un gouvernement issu des urnes et responsable, on parle aussi de chef de gouvernement responsable de son programme et de ses troupes. On se prend à rêver de centres de pouvoirs inconnus, de gouvernements parallèles, de décisions prises ailleurs comme à autant de pratiques à jamais enterrées. La nouvelle Constitution s’écrira aussi à l’aune des rapports de forces entre les uns et les autres. Le devoir de veille et de vigilance est plus que jamais essentiel d’autant que les résistances s’organisent déjà. La démocratie n’a jamais été un long fleuve tranquille.


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1.Posté par Alaoui Yazidi le 03/04/2011 12:59
TAIB EL FASSI: Un piètre novice en marketing politique

J'approuve le contenu de votre article, même s'il contient des relents tautologiques.Tous les marocains sont d'accord- c'est un consensus général-pour supprimer ces soi- disant;ministère de souveraineté; une hérésie purement makhzenièenne .Vous savez très bien Mme, que nous n'avons pas un gouvernement au sens démocratique et orthodoxe du terme.C'est un collège de collaborateurs.Etymologiquement le mot ministre en arabe; signifie celui qui seconde, qui aide, qui soutient (.AZARA , YOUAAZIROU mina al wazir ).Revenons à notre cher apprenti sorcier en communication politique, notre ministre n'a rien d'un super VRP.Bien au contraire ,sa prestation sur France 24 a été médiocre.Il a excellé dans la flagornerie et l'autocensure.Il a usurpé sans le savoir son titre de ministère des A E.On dirait un ministre de l'intérieur - genre Feu Driss Basri- qui fait l'éloge de la monarchie .Tout en étant chef d'un département de souveraineté ( mais en est-il conscient?); son argumentaire sur la réforme constitutionnelle et le printemps arabe n'ont rien eu de royal. Son fil d'ARIANE c'est l'obséquiosité doublée d'un optimisme béat, risible..Refuser de répondre à une question sur la limitation des prérogatives du ROI; alors que le discours du 9mars est on ne peut plus clair sur cette éventualité, c'est donner une image négative de l'institution monarchique. On ne veut pas de ces profils, de ces mandataires. Est-ce la faute au mandant?


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