Le régime algérien n’en finit pas de se confondre dans ses contradictions. Après les déclarations des responsables algériens accusant le Maroc d’inonder l’Algérie de drogue, ils tentent maintenant de faire passer une baliverne pour une vérité. En effet, ils veulent à tout prix impliquer le Maroc dans une affaire purement algérienne, celle des affrontements qui ont éclaté récemment entre les communautés mozabites (Ibadites) et Chaâmbas (Mélikites) dans la wilaya de Ghardaïa.
La presse algérienne a fait état ces derniers jours d’un rapport élaboré par des soi-disant académiciens algériens et remis au Premier ministre Abdelmalek Sellal, soutenant que les affrontements de Ghardaïa sont loin d’être des affrontements à caractère intercommunautaire, tout en accusant le Maroc d’en être l’instigateur pour semer le trouble en Algérie.
Pourquoi l’Algérie veut-elle impliquer le Maroc dans une affaire purement interne? Pour Moussaoui Ajlaoui, professeur à l’Institut des études africaines de l’Université Mohammed V à Rabat, ces accusations sont foncièrement absurdes. Pour preuve, le conflit entre les Mozabites et les Chaâmbas ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte plutôt à l’époque coloniale, c’est-à-dire à une époque où le Maroc était sous occupation française. Donc accuser le Maroc d’en être l’instigateur n’a ni queue ni tête.
L’Etat algérien, selon le professeur Ajlaoui, souffre d’un problème éternel. Au lieu de chercher des réponses aux problématiques de la société, il rejette la responsabilité de ses maux sur le Maroc pour détourner les Algériens des vrais et graves problèmes qui secouent le pays. Et d’ajouter : «L’Etat algérien se réfère toujours à la révolution et véhicule un discours politico-médiatique selon lequel cette révolution est menacée par deux ennemis : la France et le Maroc. C’est un discours qui se réfère toujours au passé et passe sous silence le présent et le futur », a-t-il expliqué dans une déclaration à Libé.
En plus, ces conflits sociaux y compris celui entre les Malikites et les Ibadites, précise-t-il, ont toujours été instrumentalisés par le pouvoir algérien à des fins politiques.
Par ailleurs, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a révoqué Abdelaziz Belkhadem de toutes les structures de l’Etat. Selon le journal algérien Liberté, le président Bouteflika "a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat».
Plusieurs lectures ont été données à cette décision surprenante prise dans l’opacité la plus totale. D’aucuns avanceront que ce limogeage serait lié à «l’ambition présidentielle de Abdelaziz Belkhadem qui se voit comme «le successeur légitime» de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat » (le journal El Watan), d’autres estiment qu’il s’agit d’une lutte de clans au sommet de l’Etat algérien.
Pour Tajeddine El Husseini, professeur des relations internationales à l'Université Mohammed V Rabat, la décision de Bouteflika confirme « la crise de personnalisation du pouvoir », dont souffre le régime algérien, et reflète « le caractère global et autoritaire du régime algérien, qui ne respecte pas les fondamentaux démocratiques ».
«Ce genre de décisions passe, normalement dans les régimes démocratiques, par les appareils de contrôle, qui permettent au président d'exercer son pouvoir, et non par des décisions présidentielles prises de manière personnelle et unilatérale », a-t-il affirmé dans une déclaration à la MAP.
Il a, par ailleurs, ajouté que cette décision s’explique « par des conflits de pouvoir en Algérie entre des personnalités centrales au sein du FLN, le parti du président Abdelaziz Bouteflika, et dans l'appareil militaire algérien ».