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Chômage, mépris et exil
Selon ce dernier, ce programme offre 250.000 opportunités de travail au cours de 2022 et 2023. Il s’agit d’un programme temporaire doté d’un budget de 2,25 milliards de DH qui concerne les petits et les grands projets publics et qui n’exige pas des qualifications spéciales. Il sera lancé en partenariat avec les secteurs ministériels, les établissements publics, les collectivités territoriales, ainsi que les ONG et les coopératives.
Les futures recrues seront employées dans la réalisation de sentiers, la restauration des monuments et équipements publics, l'aménagement d'espaces verts, l'alphabétisation et l'enseignement primaire, la prise en charge des personnes âgées, les activités sportives et culturelles et la numérisation des archives.
Le ministre a indiqué que le gouvernement compte mettre en place une politique proactive de réinsertion des personnes non qualifiées et sans instruction, tout en précisant que «Awrach» est un programme sérieux qui vise à réaliser le développement local et l’accompagnement des jeunes ambitieux.
Il a rappelé également que le programme gouvernemental 2021-2026 prévoyait le développement de programmes innovants visant, d'une part, à améliorer l'employabilité et à renforcer les chances d'insertion professionnelle et, d'autre part, à encourager l'initiative individuelle, à travers un soutien technique et financier à la création d'entreprise.
On est bien loin du programme affiché par le gouvernementPourtant, une question demeure : le programme «Awrach» n’est-il pas une nouvelle copie de l’Entraide nationale? «C’est presque», nous a indiqué Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V-Rabat. Et de préciser : «Mais, les choses sont au moins claires au niveau de l’Entraide nationale puisqu’on parle du nombre des jours travaillés et non pas des postes d’emploi créés. Et on précise qu’il s’agit de travailleurs journaliers et d’emploi temporaire. A l’inverse, le projet «Awrach» demeure flou sur la nature et la durée des postes devant être créés dans deux ans. Ledit programme reste flou également concernant les 2,25 milliards de DH qui y sont alloués. En effet, on se demande comment seraient-ils distribués et sous quelle forme? Seront-ils alloués sous forme de rémunérations directes aux concernés, de fonds d’aide aux associations et coopératives ? Ou de subventions aux établissements publics ? ».
Mais, il n’y a pas que ces questions qui méritent des réponses, d’autres le sont également. Tel est le cas des catégories sociales ciblées. En effet, quels sont les profils concernés par ce programme? Les jeunes et les moins jeunes seulement ou l’ensemble de la population ? Ce programme ciblera-t-il les zones urbaines ou celles rurales ? Les régions pauvres et vulnérables auront-elles la priorité ? Les chômeurs diplômés de longue date seront-ils acceptés ? Ce programme sera-t-il renouvelé une fois les deux années écoulées ? Et quel est alors le sort des recrues ?
Pour notre interlocuteur, nous sommes très loin d’une véritable politique de l’emploi. Il s’agit plutôt, selon lui, d’une politique de colmatage sans objectifs stratégiques. «Au lieu de former ces non diplômés dans de vrais métiers et leur offrir la chance d’insertion dans le marché du travail en leur permettant d’occuper des postes permanents, bien rémunérés et en leur offrant la possibilité d’évolution de carrière, le gouvernement propose des emplois précaires, à courte durée et sans perspective. Bien que le chiffre de 250.000 emplois soit important, il demeure insuffisant pour renverser la tendance d’un chômage urbain en nette évolution», nous a-t-il expliqué.
Hicham Attouch soutient que l’Exécutif n’a pas de réponse claire concernant le secteur de l’emploi alors qu’il en a fait son cheval de bataille. La preuve : le PLF 2022. Selon notre source, ce projet en dit long sur l’absence d’une vision à long terme. En effet, ledit projet évoque la création de 26.000 postes budgétaires alors que plus de la moitié de ces postes ne concernent que deux secteurs, à savoir l’intérieur et la défense au détriment d’autres comme l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la santé. A noter également que le PLF évoque uniquement les postes créés mais ne mentionne pas ceux qui disparaîtront du fait des départs ou des retraites. Ce qui remet en question la précision du nombre de 26.000 postes envisagés.
Un état des lieux qui n’a rien d’encourageant puisque le taux de chômage s'est accru de 0,5 point entre les deuxièmes trimestres de 2020 et de 2021, passant de 12,3% à 12,8% au niveau national, selon une note d'information relative à la situation du marché du travail au T2-2021 du Haut-commissariat au plan (HCP). Le nombre de chômeurs a augmenté de 128.000 personnes entre le deuxième trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1.477.000 chômeurs à 1.605.000, ce qui correspond à une augmentation de 9%. Cette hausse résulte d’une réduction de 100.000 chômeurs en milieu rural et d’une augmentation de 228.000 en milieu urbain. Ce taux a enregistré une forte hausse en milieu urbain, passant de 15,6 à 18,2%, et une baisse en milieu rural de 7,2% à 4,8%.
S’agissant des diplômés, le taux de chômage a enregistré une hausse de 2,2 points, passant de 18,2% à 20,4% entre les deuxièmes trimestres de 2020 et 2021, précise le HCP, notant que le chômage des diplômés de niveau supérieur est passé à 25,3% et celui des diplômés de niveau moyen à 17,6%.
Par ailleurs, le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi a baissé de 360.000 au niveau national, entre T2-2020 et T2-2021, passant de 1.359.000 à 999.000 personnes, de 753.000 à 551.000 personnes dans les villes et de 606.000 à 448.000 à la campagne.
Le taux de sous-emploi est ainsi passé de 13% à 9,2% au niveau national, de 12,2% à 8,9% en milieu urbain et de 14,1% à 9,5% en milieu rural, tandis que le volume de la population active occupée en situation de sous-emploi lié au nombre d’heures travaillées, a baissé à 470.000 personnes au niveau national.
Ladite note fait, également, ressortir que la population active occupée en situation de sous-emploi lié à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé est passée de 402.000 à 529.000 personnes au niveau national. Le taux correspondant est passé de 3,8% à 4,9%.
Les catégories de la population qui ont connu les plus grandes baisses du taux de sous-emploi sont les personnes âgées de 25 à 34 ans (-4,4 points), les personnes n'ayant aucun diplôme (-4,3 points) et les hommes (-3,8 points).
Hassan Bentaleb