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Début des travaux du 12ème Congrès de l’USFP dans un enthousiasme et une détermination foncièrement ittihadis
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Réunion vendredi de la Commission préparatoire et du Conseil national à Bouznika
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L’USFP : Une continuité lucide au service du Maroc social et démocratique
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12ème Congrès national de l’USFP : Réunion vendredi de la Commission préparatoire et du Conseil national à Bouznika
Dans un document de référence, dense et structuré, intitulé «Projet du document politique», le parti de la Rose, fidèle à son héritage historique de lutte pour la démocratie, la liberté et la justice sociale, dresse un état des lieux critique des institutions et esquisse les contours d’un nouveau cycle de réforme politique. Objectif : redonner souffle à la vie démocratique, rétablir la confiance entre l’Etat et les citoyens, et restaurer l’équilibre institutionnel au cœur du projet national.
Une lecture lucide du moment politique
Dès l’introduction, le texte donne le ton. Il ne s’agit ni d’un rapport technique ni d’un plaidoyer partisan, mais d’une réflexion politique nationale. L’USFP y affirme qu’“après plus d’une décennie de la mise en œuvre de la Constitution de 2011, le Maroc se trouve à un tournant décisif où la réforme institutionnelle devient une condition de survie démocratique”.
L’analyse part d’un constat clair : le système politique marocain a connu, depuis 2011, des avancées certaines — sur le plan des droits, de la décentralisation et du renforcement du rôle du Parlement — mais aussi un recul tangible dans l’esprit de la pratique démocratique.
Le pouvoir exécutif, estime le parti, a progressivement absorbé les équilibres que la Constitution avait cherché à instaurer, au point que la séparation des pouvoirs est devenue “plus formelle que réelle”.
“Nous assistons à une dérive de la gouvernance, à une hégémonie rampante qui vide les institutions de leur vitalité démocratique”, prévient le texte. “Le Maroc a besoin d’un nouvel élan institutionnel qui remette la politique au centre du projet de société.”
Pour l’USFP, le moment exige de renouer avec l’esprit de 2011 : celui d’une monarchie parlementaire, d’un Etat de droit fort et équitable, et d’une vie politique fondée sur la responsabilité, la transparence et la participation.
Consolider la monarchie constitutionnelle, non la contourner
Le parti se garde bien de tout radicalisme institutionnel. Son approche est claire : l’USFP ne remet pas en cause la monarchie constitutionnelle, mais veut la renforcer dans son rôle d’arbitre et de garant des équilibres, et non en acteur substitutif des institutions représentatives.
Le document rappelle que la monarchie, sous SM. Mohammed VI, a impulsé de grandes réformes — la régionalisation avancée, le nouveau modèle de développement, la réforme du système judiciaire — mais que ces chantiers n’ont pas trouvé, au niveau gouvernemental et partisan, les relais démocratiques qu’ils méritent.
“Le Souverain a ouvert la voie, mais les forces politiques n’ont pas su transformer la vision Royale en politiques publiques concrètes et efficaces”, regrette l’USFP.
C’est là tout le paradoxe du moment politique marocain : une monarchie qui avance, et des institutions élues qui stagnent. Le parti appelle donc à “redonner au champ politique sa dignité et à l’action partisane sa fonction constitutionnelle”, estimant qu’une démocratie vivante suppose un Parlement fort, un gouvernement responsable et des collectivités locales autonomes.
Rétablir l’équilibre institutionnel
L’une des idées maîtresses du document est que la Constitution de 2011, aussi avancée soit-elle, nécessite aujourd’hui un approfondissement. Non pour la remettre en cause, mais pour la perfectionner, l’adapter aux réalités politiques et combler les lacunes révélées par l’expérience.
L’USFP propose ainsi une nouvelle étape de réforme constitutionnelle, en dialogue étroit avec l’Institution monarchique, pour restaurer les équilibres de pouvoir, renforcer la reddition des comptes et consolider les droits et libertés.
Le parti insiste sur plusieurs axes :
Garantir l’effectivité de la séparation des pouvoirs et la responsabilité du gouvernement devant le Parlement ;
Renforcer les garanties de parité et d’égalité dans l’accès aux fonctions publiques et électives ;
Sanctionner constitutionnellement les conflits d’intérêts et la confusion entre politique et argent ;
Donner aux institutions de gouvernance (transparence, concurrence, parité, etc.) une véritable autonomie ;
Et inscrire la démocratie participative au cœur de la décision publique.
Pour l’USFP, la Constitution ne doit pas être un texte figé, mais “un organisme vivant, évolutif, adapté aux exigences du temps et de la société”.
Un avertissement clair face à la dérive autoritaire
Avec un ton mesuré mais ferme, le parti dénonce le retour d’une logique d’hégémonie politique, portée par un pouvoir exécutif “qui concentre les leviers, marginalise les autres institutions et banalise la responsabilité politique”.
Les exemples évoqués sont nombreux : le contournement des mécanismes de contrôle parlementaire, l’absence de dialogue social effectif, la confusion entre l’Etat et le parti dominant, ou encore la politisation des politiques publiques.
“Ce que nous observons aujourd’hui, c’est la résurgence d’un parti dominant qui se substitue à l’Etat, une hégémonie politique qui met en péril la pluralité et affaiblit la confiance citoyenne”, alerte le texte.
Le risque, selon l’USFP, est de “glisser vers une démocratie d’apparat”, où les institutions existent formellement mais sont neutralisées par la concentration du pouvoir. Ce danger, souligne-t-il, rappelle “les dérives des décennies passées que notre pays a chèrement surmontées”.
Réformer le système électoral pour restaurer la représentativité
Après l’analyse institutionnelle, le texte s’attarde longuement sur la réforme du système électoral, que l’USFP considère comme le “poumon de la démocratie représentative”. Le parti plaide pour un mode de scrutin plus équitable, plus transparent et plus représentatif, qui encourage la participation et redonne sens au vote.
Le diagnostic est sans concession : le système actuel, dominé par la logique des quotas et des arrangements, a produit une fragmentation excessive et une faiblesse de la représentativité. Les coalitions gouvernementales sont devenues des “alliances arithmétiques sans cohérence politique”, et les collectivités locales se transforment souvent en champs de rivalités plutôt qu’en espaces de gestion partagée.
“Le Maroc a besoin d’un mode de scrutin qui renforce la clarté, la responsabilité et la stabilité, et non d’un système qui disperse la volonté populaire et nourrit la désaffection”, insiste le parti.
L’USFP propose donc :
de réviser le quotient électoral pour éviter la dilution du vote ;
de revoir les conditions d’accès aux listes nationales et régionales, en faveur d’une meilleure représentativité des femmes et des jeunes ;
de rationaliser les alliances électorales et de renforcer la transparence du financement politique ;
enfin, d’instaurer une vraie régulation des campagnes électorales, afin de limiter l’influence de l’argent et des notables.
Pour une démocratie territoriale authentique
Dans sa troisième grande partie, le document se penche sur la régionalisation avancée et la décentralisation, présentées comme “la grande promesse non tenue de la dernière décennie”.
Le parti salue la vision Royale exprimée depuis le Discours d’Ajdir jusqu’à celui de 2015, mais regrette que les gouvernements successifs aient transformé la régionalisation “en simple transfert administratif, au lieu d’en faire un levier de développement et de participation citoyenne”.
“La régionalisation devait être un moteur d’équilibre territorial, mais elle est devenue un instrument de reproduction des inégalités”, déplore l’USFP.
Le parti appelle à une réforme profonde du modèle de gouvernance locale, fondée sur :
l’autonomie réelle des régions dans la planification et la gestion de leurs politiques publiques ;
le renforcement du rôle des élus locaux dans la prise de décision, sans tutelle abusive ;
la réforme de la fiscalité locale pour garantir des ressources propres ;
et une coordination claire entre les pouvoirs centraux et territoriaux, dans le respect du principe de subsidiarité.
L’objectif est clair : faire de la démocratie locale le socle de la démocratie nationale, et non une variable d’ajustement politique.
Redonner sens à la politique et confiance au citoyen
Au-delà des aspects institutionnels, c’est une philosophie de la réforme démocratique que le document développe : l’idée que la politique doit retrouver sa fonction première — celle de servir, d’écouter, de rendre des comptes.
“La crise que traverse notre pays n’est pas seulement une crise de gouvernance, c’est une crise de confiance dans la politique elle-même”, affirme le texte. “Quand les citoyens ne croient plus à la parole publique, quand l’Etat devient un gestionnaire au lieu d’être un projet, c’est la cohésion nationale qui s’effrite.”
Face à cela, l’USFP appelle à une refondation morale de la vie politique, où les valeurs de responsabilité, de solidarité et de patriotisme civique remplacent le clientélisme, le populisme et l’individualisme politique.
L’appel du réalisme et de la réforme
Le ton du texte n’est jamais vindicatif ; il reste empreint de ce réalisme lucide qui caractérise l’histoire de l’USFP. Fidèle à sa tradition d’alternance et de réforme dans la stabilité, le parti conclut son document par un appel à la coopération nationale.
“Notre objectif n’est pas la confrontation, mais la réforme. Notre ambition n’est pas de détruire, mais de reconstruire. Nous voulons un Maroc fort par ses institutions, uni par sa démocratie et juste par son développement.”
Cette conclusion résume tout l’esprit du texte : la conviction qu’aucune modernité politique n’est durable sans équilibre institutionnel, et qu’aucun progrès social n’est possible sans confiance démocratique.
Vers un nouvel horizon démocratique
En définitive, ce document politique de l’USFP n’est pas seulement une analyse critique du présent ; c’est une feuille de route pour l’avenir. Il plaide pour un Maroc où la monarchie constitutionnelle s’enracine dans la transparence, où le Parlement retrouve son autorité, où la justice s’impose comme pilier de l’Etat de droit, et où les régions deviennent des espaces de citoyenneté réelle.
A l’heure où le désenchantement politique gagne du terrain et où l’individualisme économique mine la cohésion sociale, l’USFP réaffirme sa vocation : celle d’un parti d’équilibre, de responsabilité et de progrès, porteur d’un idéal démocratique marocain fidèle à son histoire et ouvert sur son avenir.
“Nous avons bâti notre légitimité dans la lutte pour la liberté. Nous la poursuivons aujourd’hui dans le combat pour la démocratie effective.”
Avec ce texte de réforme, l’USFP se replace au cœur du débat national, fidèle à sa tradition de lucidité et d’avant-gardisme, et tend la main à toutes les forces vives du pays pour construire ensemble un Maroc plus juste, plus équilibré et plus démocratique.
Mehdi Ouassat