Les résultats de Pirls 2021 confirment les différents diagnostics révélant la crise des apprentissages que traverse notre système éducatif
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En queue de peloton avec une moyenne de 372 points, le Maroc se classe 56ème sur 57 pays participants avec 59% de ses élèves qui se situent en dessous du niveau minimum de maîtrise de la lecture.
Le Maroc qui ne devance que l’Afrique du Sud, bon dernier, a participé à cette session avec des échantillons représentatifs de toutes les régions, comprenant un total de 7.017 élèves du quatrième niveau de l'enseignement primaire, 7.017 parents et tuteurs, et 266 professeurs d'arabe représentant 266 écoles primaires.
Ainsi, la proportion d’élèves témoignant d’un niveau de lecture et de compréhension rudimentaire demeure très importante pour le niveau scolaire considéré. La maîtrise des démarches plus expertes, telles que mobiliser ses connaissances ou ses expériences pour apprendre d’un texte documentaire ou prendre de la distance par rapport au contenu d’un texte pour en apprécier les qualités ou en évaluer l’intention, l’intérêt ou la pertinence, demeure également moins consolidée chez les élèves marocains que dans d’autres systèmes éducatifs.
Les résultats de l’enquête en question pointent, par ailleurs, un écart significatif entre élèves selon leur genre, leur retard scolaire et leur origine sociale. Les garçons disposent ainsi d'une moins bonne capacité de lecture que les filles. Les redoublants lisent également nettement moins bien que les élèves sans retard scolaire, tout comme les enfants issus des familles les plus pauvres au regard de ceux issus de milieux plus aisés où le niveau de lecture atteint des niveaux supérieurs.
Au-delà de ces éléments socio-économiques, Ayoub Rhanimi, enseignant de langue arabe à Marrakech, explique ces piètres performances par des raisons plus structurelles. «Les pratiques pédagogiques au Maroc diffèrent en effet des pays plus performants. Ainsi, dans nos écoles, il est rare qu'on fasse lire à des enfants de primaire des livres en entier, au bénéfice de textes plus courts», note-t-il.
«Des initiatives doivent être prises pour inverser la vapeur, notamment en matière de mobilisation de moyens supplémentaires pour permettre aux écoles d'acheter des livres, ou encore celle de la formation continue des enseignants», explique notre interlocuteur. «Il faudra renforcer l'offre de lecture, en insistant sur la compréhension, l'interprétation, le décodage et l'implicite. Cela devra se combiner avec un passage à l'écrit intervenant plus tôt dans la scolarité», ajoute le jeune enseignant.
Selon lui, «la situation actuelle des performances en lecture des élèves marocains exige une prise de conscience collective et un engagement de tous les acteurs du système éducatif». «Seulement en unissant nos efforts, serons-nous en mesure de garantir un avenir meilleur pour les jeunes générations et de leur offrir les compétences nécessaires pour réussir dans une société de plus en plus axée sur la connaissance et la compétitivité», souligne-t-il.
«Ces résultats renforcent les différents diagnostics nationaux et internationaux qui ont révélé la crise des apprentissages que traverse notre système éducatif», admet le ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports dans un communiqué publié mercredi, mettant en évidence la nécessité d'une action urgente pour améliorer l'enseignement marocain.
En effet, les chiffres, sans équivoque, qui sortent de cette étude font part de l'ampleur du défi auquel est confronté le système éducatif du pays. Ces résultats appellent à une réflexion approfondie sur les méthodes d'enseignement de la lecture et la qualité de l'éducation au Maroc.
Les autorités marocaines doivent prendre ces résultats comme un signal d'alarme et mettre en place des politiques éducatives efficaces qui se concentrent sur le développement des compétences en lecture dès les premières années de scolarité.
Pour plusieurs spécialistes, l'une des clés pour améliorer l'enseignement de la lecture est d'investir dans la formation des enseignants. Les éducateurs doivent être équipés des compétences et des connaissances nécessaires pour enseigner efficacement la lecture et la compréhension de l'écrit. Des programmes de développement professionnel continu doivent être mis en place pour les enseignants, en mettant l'accent sur des méthodes pédagogiques innovantes et des approches adaptées aux besoins individuels des élèves.
«Il est également essentiel de revoir les programmes d'études afin qu'ils soient en adéquation avec les normes internationales en matière d'enseignement de la lecture», estime Ayoub Rhanimi. «Les programmes doivent intégrer des stratégies d'enseignement axées sur le développement des compétences de lecture, telles que la compréhension de textes, la déduction et l'analyse critique. De plus, l'inclusion d'une variété de genres littéraires et de supports de lecture attrayants peut stimuler l'intérêt des élèves pour la lecture», fait-il savoir.
«De même, les ressources numériques offrent de nouvelles opportunités pour renforcer l'enseignement de la lecture. Les écoles doivent investir dans l'accès aux technologies de l'information et de la communication pour l'éducation (TICE) et fournir aux enseignants et aux élèves des outils numériques appropriés», affirme notre enseignant. «Les applications éducatives, les livres numériques interactifs et les plateformes d'apprentissage en ligne peuvent compléter les modes d'enseignement traditionnels et rendre l'apprentissage de la lecture plus attrayant et engageant pour les élèves», conclut-il.
Il est enfin à rappeler que le classement général de Pirls 2021 comprend huit pays arabes : le Qatar, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l’Arabie saoudite, le Sultanat d’Oman, la Jordanie et l’Egypte, en plus du Maroc. Tous ces pays n’ont pas pu dépasser la moyenne spécifiée de 500 points.
Singapour est premier du classement, suivi de l’Irlande, de Hong Kong, de la Russie, de l’Irlande du Nord et de l’Angleterre au sixième rang, puis la Croatie, la Lituanie, la Finlande et la Pologne qui ferme le Top 10.
Mehdi Ouassat