
-
SM le Roi félicite les Présidents chinois et chypriote à l'occasion de la fête nationale de leurs pays
-
Voilà où mène un hégémonisme têtu
-
La Génération Z face au libéralisme sauvage
-
Arrestation de 24 personnes en flagrant délit d'entrave à la circulation au niveau de l'autoroute urbaine de Casablanca
Car la vérité est ailleurs : ces actes de destruction ne sont pas ceux de la jeunesse GenZ, initiatrice des mobilisations. Depuis le premier jour, ces jeunes Marocains n’ont cessé de répéter, dans leurs communiqués et sur le terrain, leur engagement en faveur d’une contestation pacifique. Leur combat est clair et légitime : défendre le droit à la santé, à l’éducation et à une vie digne. Les trois premiers jours de mobilisation l’ont d’ailleurs prouvé: partout, les cortèges se sont déroulés dans le calme, avec des slogans pour la justice sociale et le respect de la dignité citoyenne.
C’est précisément ce contraste qui frappe. Comment un mouvement marqué par la discipline et la volonté de dialogue a-t-il pu basculer, en une nuit, dans une spirale de violence ? La réponse, de plus en plus évidente, tient dans l’intervention d’acteurs extérieurs.
Dans l’ombre de la contestation, des casseurs se sont greffés sur les foules, provoquant les forces de l’ordre, attaquant des biens publics et privés, et détournant l’attention médiatique du cœur des revendications. Tout laisse à penser que ces violences ont été instrumentalisées pour salir le mouvement, le réduire à un simple problème sécuritaire, et le couper de la sympathie populaire qu’il avait su susciter.
Tout laisse à penser que ces violences ont été instrumentalisées pour salir le mouvement, le réduire à un simple problème sécuritaire, et le couper de la sympathie populaire qu’il avait su susciterFace à cela, le mouvement GenZ a réagi avec clarté. Dans un communiqué largement diffusé sur ses réseaux, il a condamné sans ambiguïté les destructions, renouvelé son appel au calme et exhorté les jeunes à préserver le caractère pacifique des manifestations. On y lit cette volonté de distinguer le vrai combat – celui des droits sociaux et de la dignité – des agissements irresponsables qui ne font qu’affaiblir la cause.
La réalité, trop souvent passée sous silence, est que les débordements n’ont éclaté qu’après trois jours de protestations pacifiques. Durant cette période d’une sérénité exemplaire, les manifestants ont pourtant été accueillis par une force brutale, des charges indiscriminées et des arrestations massives, brisant l’esprit de dialogue que la jeunesse avait voulu instaurer.
Dans plusieurs villes, des témoins racontent comment les forces de l’ordre ont chargé des rassemblements pacifiques, frappé indistinctement manifestants et passants, embarqué des dizaines de jeunes dont le seul tort était de brandir une pancarte ou de scander un slogan.
Des vidéos circulent massivement sur les réseaux sociaux, montrant des véhicules de police fonçant dans des foules de manifestants. Ces images, insoutenables, témoignent d’une brutalité inacceptable qui dépasse le simple cadre du maintien de l’ordre et s’apparente à un véritable crime contre des citoyens désarmés, venus exprimer pacifiquement leurs revendications. Ce choix de la répression aveugle ne fait qu’aggraver la colère et miner encore davantage la confiance d’une jeunesse déjà éprouvée par le chômage, les inégalités et le sentiment d’abandon.
Ce qui se joue dans les rues du Maroc dépasse donc la simple question de l’ordre public. Il s’agit d’une bataille de récits. D’un côté, une jeunesse qui réclame à juste titre des droits fondamentaux, et qui s’exprime avec civisme malgré les provocations. De l’autre, des acteurs qui cherchent à dévoyer ce mouvement en l’associant à la violence, afin de le discréditer.
La leçon à retenir est simple : les jeunes de la GenZ ne sont pas des casseurs. Ils sont des citoyens qui revendiquent la justice sociale. Les incendies de voitures et les vitrines brisées ne reflètent pas leur combat, mais les manœuvres d’une minorité sans légitimité. Refuser cette confusion, c’est préserver la vérité, mais aussi reconnaître à cette génération le droit de protester sans être assimilée aux violences qu’elle rejette.
Le Maroc est aujourd’hui face à un choix. Soit écouter les revendications de cette jeunesse et engager un dialogue responsable, soit continuer à amalgamer un mouvement pacifique à des débordements isolés, au risque d’étouffer encore davantage une colère légitime. Une chose est sûre : la voix de la GenZ, claire, lucide et déterminée, ne pourra être réduite au bruit des vitrines brisées.
Car au bout du compte, les véritables fauteurs de troubles ne sont pas ceux qui crient pour plus de justice sociale, mais ceux qui, par indifférence ou arrogance, refusent d’entendre l’appel pressant d’une génération qui ne demande qu’à vivre dignement dans son pays.
Mehdi Ouassat