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L’entrée en scène de la jeunesse dans l’espace public révèle un malaise profond, nourri par un chômage endémique, une inflation écrasante et l’effondrement des services publics. En effet au cœur de cette crise, deux secteurs régaliens concentrent toutes les frustrations : l’enseignement et la santé. L’école publique, sous-financée et délaissée, n’est plus qu’un refuge pour les familles modestes, incapable de rivaliser avec un secteur privé réservé, de facto, aux plus aisés. Quant aux hôpitaux publics, lorsqu’ils existent, ils ne sont souvent que des coquilles vides : manque de personnel, pénurie de médicaments, absence d’équipements de base… Les citoyens se retrouvent contraints de recourir au privé, creusant encore davantage les inégalités dans l’accès aux droits fondamentaux.
Cette situation n’est pas une dérive ponctuelle. Elle résulte de choix politiques assumés depuis plus d’une décennie, qu’ils aient été portés par le Parti de la Justice et du Développement (PJD) ou par le Rassemblement National des Indépendants (RNI). Derrière des discours différents — religieux pour le premier, technocratique et patronal pour le second — se cache une même logique : un libéralisme de droite, qui réduit l’Etat à un simple arbitre et abandonne au marché les secteurs vitaux de la vie nationale.
Sous les gouvernements Benkirane et El Othmani, le PJD a imposé des politiques d’austérité : réduction des dépenses publiques, encouragement du privé, généralisation des partenariats public-privé. Cette logique a été non seulement poursuivie, mais amplifiée par le gouvernement Akhannouch, jusqu’à faire du secteur privé un prédateur à tous les étages. Le développement fulgurant des cliniques privées, comme celles du groupe Akdital, symbolise effroyablement cette mainmise de l’argent sur la santé publique.
L’entrée en scène de la jeunesse dans l’espace public révèle un malaise profond, nourri par un chômage endémique, une inflation écrasante et l’effondrement des services publicsPlus préoccupant encore, les grandes politiques sociales lancées sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ont, dans bien des cas, été dévoyées. Loin de renforcer la cohésion nationale, elles ont été accaparées par une bourgeoisie avide de rentes et de marchés publics. Le développement, censé être inclusif, s’est transformé en instrument de prédation économique et politique.
Le Maroc investit massivement dans les stades, les routes, les lignes à grande vitesse… Mais ces projets, destinés à renforcer l’image internationale du pays, ne peuvent masquer la détresse de millions de citoyens. On ne nourrit pas un peuple avec des infrastructures spectaculaires. Tandis qu’on inaugure des chantiers prestigieux, des millions de citoyens attendent encore une école digne, un hôpital fonctionnel ou un emploi stable. Le résultat est sans appel : chômage massif, notamment chez les jeunes diplômés ; inflation asphyxiante ; paupérisation croissante des classes populaires.
Les manifestations de la Génération Z ne sont donc pas une simple flambée de contestation. Elles résonnent comme un cri venu des périphéries longtemps négligées, ces régions reléguées, parfois qualifiées d’« inutiles », qui, aujourd’hui, se font entendre jusque dans les grandes villes et les plaines atlantiques. Elles constituent un signal d’alarme lancé par une société qui se sent trahie par des gouvernements libéraux incapables de protéger le bien commun ou de concrétiser les ambitions Royales. En sacrifiant les services publics sur l’autel du marché, le PJD comme le RNI ont fragilisé les fondements du contrat social. Et la colère monte des périphéries aux grandes villes.
Le Maroc ne manque ni de projets ni d’ambition. Mais un développement qui ne profite qu’à une minorité est voué à l’échec. Les routes, les stades et les zones industrielles ne prennent leur sens que si, dans le même temps, chaque citoyen peut offrir à ses enfants une éducation de qualité, accéder à des soins dignes et espérer un avenir à la hauteur de sa dignité. Sinon, ce développement reste une façade — brillante peut-être, mais vide.
Il est temps que les partis politiques prennent la mesure du changement profond à l’œuvre dans la société marocaine. L’ère des promesses creuses et des voix achetées à coups de billets de 200 dirhams est révolue. Le citoyen marocain est désormais lucide, informé et conscient de ses droits. Il connaît les potentialités de son pays et les défis du monde.

Le message est clair : aux responsables d’agir… ou de partir !
Par Mohamed Lmoubariki