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Mégaprojet marocainDes contraintes financières et techniques à surmonter avant la mise en place de la première super société de services énergétiques en AfriqueHassan Bentaleb
Lundi 22 Février 2021
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9 65.000 dollars américains est le montant de l’aide accordée par le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) à la Société d’ingénierie énergétique (SIE) pour l’accompagner dans sa transformation en super société de services énergétiques (Super ESCO). Selon Brice Mikponhoue, responsable pays par intérim de la Banque africaine de développement au Maroc, ce fonds fournira à la SIE les outils opérationnels nécessaires pour développer une réserve de projets d’investissement bancables dans le domaine de l’efficacité énergétique. Dans son rapport annuel daté de 2018, la Cour des comptes avait considéré le repositionnement de la SIE en Super ESCO comme une opportunité de développement des partenariats public-privé, d’accès aux financements des projets d’efficacité énergétique dans le secteur public et comme moyen de profiter des opportunités offertes par la coopération internationale en matière de financement et d’assistance technique, notamment avec les institutions de financement partenaires du Maroc dans le domaine de l'énergie. Mais que veut dire Super ESCO ? En fait, il s’agit d’une entreprise de services professionnels qui propose une vaste gamme de solutions et de services énergétiques qui ont pour vocation de réduire durablement la consommation énergétique des organismes publics et privés tout en améliorant leur performance énergétique. Elle agit sous la tutelle du ministère de l’Energie, des Mines et de l’Environnement en jouant le rôle d’intermédiaire et de facilitateur pour l’administration publique et de véhicule porteur de partenariats intersectoriels entre les différentes parties prenantes. Sa mission principale voire exclusive est d’intervenir auprès de clients du secteur public pour les accompagner dans la préparation, l’exécution et le suivi de leurs projets d’efficacité énergétique. Autrement dit, ses fonctions sont multiples et recouvrent potentiellement toutes les étapes de la chaîne de valeur de l’efficacité énergétique, depuis l’audit énergétique jusqu’à la conception des projets en incluant la contractualisation (CPE), la fourniture de services d’efficacité énergétique (y compris par le biais d’Escos privées), l’installation et la mise en valeur des économies d’énergie, de l’exploitation à la maintenance. Pourtant, est ce que l’ensemble des conditions assurant la transition de la SIE vers la Super ESCO sont-elles réunies ? De fait, cette transition impose plusieurs contraintes et défis. Selon nombre d'experts, l’efficacité du modèle des ESCO dépend en grande partie de l’existence de marchés matures, comme c'est le cas aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Il y a également la question du financement et notamment du coût du risque qui reste plus élevé pour les projets d’efficacité énergétique. Sa volatilité, précise un rapport d'experts canadiens, apporte de l’incertitude dans la récupération des sommes investies et sa chute (comme ces dernières années) allonge la période de recouvrement des sommes investies et, conséquemment, les investissements sont repoussés, abandonnés ou limités au remplacement des équipements en cas de nécessité. Les entreprises sont très sensibles aux questions de l’impact financier sur leurs liquidités et du coût d’opportunité sur leur bilan ainsi qu’aux capacités futures à réaliser d’autres investissements jugés centraux pour leurs opérations et leur compétitivité. Il faut également prendre acte du fait que les projets d’efficacité énergétique nécessitent beaucoup d’efforts et de temps et que ceux-ci peuvent être perçus comme étant trop importants par rapport au rendement escompté. Enfin, les projets d’efficacité énergétique ont, de nature une période de recouvrement de l’investissement (PRI) plus longue que d’autres types d’investissement réalisables par les entreprises. Ils peuvent aussi être freinés par des règlements internes relatifs aux projets d’investissement établis par la direction des entreprises aux fins de préserver leur rentabilité et la qualité de leurs dossiers de crédit, par exemple (respect des ratios d’endettement, maintien de flux financiers positifs et constants des projets, budget des coûts d’exploitation distinct du budget d’amélioration des immobilisations, etc.). Ce qui interroge fortement nos règles fiscales pour savoir si elles sont adaptées aux projets d’efficacité énergétique par rapport aux autres types de projets d’investissement réalisés par les entreprises. Notamment par les PME qui ont des difficultés d’accès au capital et qui représentent des risques aux yeux des banquiers. Les bailleurs de fonds ont aussi des hésitations face aux projets d’efficacité énergétique. Les institutions financières se basent sur l’existence d’actifs tangibles à prendre en garantie (comme le veut le financement traditionnel) et le financement se limite à 50-70% de la valeur marchande de ces actifs. Les institutions financières ne financent pas les projets sur la base des économies à venir et sont peu habilitées pour évaluer correctement les risques et les bénéfices de ces projets. Ne pouvant apprécier à sa juste valeur le potentiel de marché offert par ces projets, la direction des institutions financières ne supporte pas ou peu l’élaboration de structures et de processus internes adéquats pour effectuer des financements adaptés à ce type de projet. Autres difficultés et non des moindres, le développement des projets et les coûts des transactions qui apparaîssent élevés. La taille moyenne des projets d’efficacité énergétique est généralement plus basse que celle des projets habituellement financés par les banques, ce qui les rend moins attrayants à leurs yeux. De plus, ces projets sont souvent constitués de plusieurs phases qui les rendent plus coûteux à gérer (plusieurs contrats p. ex.) et offrant peu de valeur aux banques. Typiquement, les projets d’efficacité énergétique sont composés d’une proportion plus importante de coûts accessoires (comme la conception ou la reddition) et ces dépenses sont des actifs non tangibles et donc inutiles comme titres de garantie. Le regroupement de projets, sous forme de portefeuille, afin de les rendre attrayants pour les banques ne semble pas assez développé. L’ambition du Maroc de mettre en place la première supersociété de services énergétiques(Super ESCO) en Afrique est-elle possible au vu de l’ensemble des ces contraintes ? Affaire à suivre.
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