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Majida Chahid : Malgré les efforts déployés au niveau national, notre pays continue d’enregistrer de nombreux décès à l’accouchement, aussi bien chez les mères que chez les nouveau-nés. La cause principale en est la faiblesse criante des infrastructures hospitalières, en particulier dans le monde rural.Dans une correspondance adressée au chef du gouvernement, elle a dénoncé les carences criantes du système de santé à Zagora et a exigé des réponses claires, des responsabilités assumées et des réformes structurelles.
Depuis l’indépendance, notre pays n’a cessé d’élaborer des stratégies ambitieuses pour inscrire le droit à la santé comme un pilier fondamental de la citoyenneté. Des programmes ciblés, notamment en faveur de la santé maternelle et infantile, ont vu le jour avec la volonté de réduire la mortalité et de garantir à chaque femme enceinte et à chaque nouveau-né une prise en charge digne et sécurisée. Pourtant, malgré ces efforts, la réalité sur le terrain montre une tout autre image : celle d’un Maroc à deux vitesses où la vie de milliers de femmes et d’enfants reste suspendue aux défaillances de structures hospitalières démunies, particulièrement dans le monde rural.
Le cas tragique de cette femme originaire du douar Ouled Bouyoussef, commune de Tamegroute dans la province de Zagora, en est une illustration douloureuse. Faute d’un médecin anesthésiste au sein de l’hôpital provincial, elle a dû subir une césarienne dans des conditions précaires avant d’être transférée, en urgence, vers l’hôpital Sidi Hssain Bennaceur d’Ouarzazate, situé à plus de 160 kilomètres. Une distance interminable, accentuée par la dangerosité du trajet qui serpente à travers les redoutables virages d’Aït Saoun. Le temps perdu sur cette route de tous les dangers a scellé leur destin. Le nouveau-né n’a pas survécu à l’asphyxie et la mère, victime d’une hémorragie aiguë, a succombé avant même d’atteindre Ouarzazate.
Pour Majida Chahid, ce drame ne saurait être réduit à une simple fatalité médicale. Il est l’expression directe d’un système à bout de souffle, incapable de garantir un droit fondamental pourtant inscrit dans la Constitution. Elle rappelle que la population de la province de Zagora, comme tant d’autres régions enclavées, vit dans une insécurité sanitaire permanente, où chaque accouchement peut se transformer en condamnation.
La question qui se pose aujourd’hui, et qui bouleverse les consciences, est la suivante : comment une femme a-t-elle pu subir une césarienne dans un hôpital provincial en l’absence d’un médecin anesthésiste? Cette interrogation, glaçante dans sa simplicité, révèle l’ampleur de la faillite de la politique sanitaire dans notre pays. Si l’opération a été effectuée sans anesthésie, nous sommes face à un acte d’une barbarie médicale insoutenable, une atteinte intolérable à la dignité humaine qui ne peut en aucun cas trouver justification. Et si, au contraire, une anesthésie a bel et bien été pratiquée, la situation devient encore plus inquiétante : qui a pris la responsabilité de ce geste médical hautement spécialisé en l’absence de l’unique compétence habilitée à l’accomplir ? Etait-ce un médecin généraliste contraint de sortir du cadre strict de ses compétences, au risque d’endosser une charge qui n’est pas la sienne ? Etait-ce un infirmier, placé malgré lui dans une mission qui excède totalement ses attributions et qui le met dans une position intenable? Ou bien, pire encore, a-t-on confié cet acte vital à une main inexpérimentée, improvisant dans l’urgence et exposant ainsi la vie d’une mère et de son enfant à une issue fatale ?
Dans chacune de ces hypothèses, le scandale est le même: nous sommes face à une démonstration brutale de l’abandon institutionnel dont souffre la province de Zagora. Car il ne s’agit pas d’un incident isolé mais de la conséquence directe d’un choix politique et d’une gestion calamiteuse du ministère de la Santé, incapable d’assurer la présence d’un médecin anesthésiste dans un hôpital provincial qui dessert des dizaines de milliers de citoyens.
Le cri d’alarme lancé par la députée ittihadie ne se limite pas à l’indignation. Il s’inscrit dans une démarche constructive visant à replacer au cœur du débat national la question de l’égalité d’accès aux soins. Majida Chahid y interpelle le gouvernement sur la responsabilité politique et administrative de cette tragédie et exige la mise en place de mesures urgentes pour réhabiliter l’hôpital provincial de Zagora. Elle insiste sur la nécessité absolue de stabiliser les ressources humaines, condition sine qua non pour assurer la continuité et la qualité des soins.
Cette prise de position est lourde de sens à un moment où le Maroc s’apprête à déployer la généralisation de la protection sociale et de la couverture sanitaire. Peut-on parler de droit universel à la santé lorsque certaines régions restent dépourvues des services médicaux les plus élémentaires ? Peut-on accepter que des citoyens soient condamnés par leur simple lieu de naissance, relégués à une médecine de fortune, sans spécialistes, sans équipements, sans sécurité ?
A travers son intervention, l’élue socialiste met le doigt sur une vérité dérangeante : les réformes annoncées, aussi ambitieuses soient-elles, ne peuvent réussir si elles ne s’attaquent pas à la fracture territoriale. Car au-delà des chiffres et des rapports officiels, c’est la vie des citoyens qui est en jeu. Et chaque vie perdue dans ces conditions est un échec collectif, une faillite qui interpelle directement les décideurs publics.
Le drame de Zagora ne doit pas être perçu comme un incident isolé, mais comme le symptôme d’un mal profond. Il rappelle avec brutalité l’urgence d’une refondation du système de santé, basée sur l’équité, la proximité et la dignité. L’opposition ittihadie, fidèle à ses valeurs et à son engagement historique en faveur de la justice sociale, continuera de porter cette bataille, non pas pour polémiquer, mais pour que plus aucune mère, plus aucun enfant ne paie de sa vie le prix d’un hôpital abandonné ou d’une route meurtrière.
Mehdi Ouassat