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Les philatélistes irakiens relancent les enchères


AFP
Vendredi 30 Octobre 2009

Réputé le meilleur spécialiste irakien du ciment, Anis Amjad consacre sa semaine à la tournée des usines. Mais le samedi, dans le vieux Bagdad, il troque sa casquette d’ingénieur chimiste pour celle de commissaire-priseur pour la vente aux enchères de timbres.
La scène se déroule au premier étage d’un édifice ottoman bâti en 1908, devenu, neuf ans plus tard, le premier bureau de poste britannique et au fronton duquel figure encore la célèbre boîte aux lettres rouge du Royaume-Uni.
“Je suis chef du département de contrôle au ministère de l’Industrie et j’inspecte les cimenteries d’Irak, mais j’ai toujours décliné les missions à l’étranger pour ne pas manquer cette réunion”, explique ce célibataire endurci de 56 ans, qui dirige depuis douze ans cette vente à l’encan.
Mise en sommeil pendant plus de trois ans à cause des violences confessionnelles et de la forte présence d’Al-Qaïda dans le quartier, la Société philatéliste et numismatique irakienne, créée en 1951 sous la royauté, reprend vie et les affaires sont florissantes.
Officiellement, elle compte plus de 2.000 personnes mais en réalité il n’y a pas plus de 80 membres actifs alors que les prix des timbres sont en forte hausse, notamment ceux à l’effigie de l’ancien président Saddam Hussein.
“Avant 2003, nous étions coupés du marché international. Mais depuis, les affaires marchent bien. Les collectionneurs américains et britanniques raffolent des timbres où figure Saddam: contrairement à nous, ils en ont été frustrés. Du fait de l’embargo, ils ne pouvaient pas en acheter”, assure Kamal Kamel, un marchand 46 ans.
Après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990, l’ONU avait interdit tout commerce avec l’Irak.
“Une série où figure Saddam Hussein qui valait 200 dinars (0,17 USD) se vend aujourd’hui 5.000 dinars (4,5 USD). Les prix ont vraiment monté”, assure-t-il.
“Dans mon magasin, je ne reçois que des Irakiens, mais j’ai un intermédiaire ayant accès à la +zone verte+ qui vend beaucoup aux militaires et diplomates américains. Ils en sont friands”, assure-t-il, en référence au secteur ultra-protégé de la capitale où sont installés les ministères irakiens et l’ambassade américaine.
Autour d’une longue table, une trentaine de marchands et collectionneurs examinent des lots de timbres, billets de banque et monnaies proposés à la vente.
Depuis la publication du premier timbre avec la mention de l’Irak en 1917, la Poste a édité 1.824 séries, dont 24 depuis 2003.
Expert-comptable et gérant d’un célèbre restaurant de la capitale, Garo Manaskan, un Irakien d’origine arménienne de 51 ans, vend plusieurs timbres de sa collection qui en compte trois millions.
“J’ai commencé à l’âge de six ans. C’est ma passion. Quand certains ne me plaisent plus, je les vends pour en acheter d’autres. Comme je suis célibataire, je léguerai ma collection à l’église arménienne”, dit-il.
Si, dans la salle, toutes les confessions et ethnies sont représentées, de vieilles rancunes empêchent depuis six ans l’élection d’un bureau.
“Les deux-tiers des gens autour de cette table se sont enrichis en participant, ou même en dirigeant, les pillages des bureaux de poste qui ont eu lieu dans le sillage de l’invasion américaine de 2003”, affirme Mohammed Dhia, un membre de l’association.
“Et quand vous leur faites des reproches, certains se taisent, d’autres promettent de les rendre mais n’en ont aucunement l’intention, enfin, il y a ceux qui essaient de vous convaincre que ces timbres sont mieux entre leurs mains qu’entre celles de béotiens en la matière”, ajoute-t-il.


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