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Les personnes en situation de handicap ne doivent pas être laissées pour compte

Toute une logistique mise en œuvre pour une campagne de vaccination réussie


Chady Chaabi
Mardi 26 Janvier 2021

La campagne de vaccination anti-Covid-19 n’a même pas encore commencé, que sont d’ores et déjà déplorés des oubliés sur l’échiquier des personnes à risque érigées comme prioritaires. Car à la différence des professionnels de la santé âgés de plus de 40 ans, ceux des autorités publiques et des Forces Armées Royales, considérés à raison comme prioritaires, au même titre que les fonctionnaires de l'éducation nationale de plus de 45 ans et les personnes âgées de plus de 75 ans, on constate, encore une fois, avec amertume, que les personnes en situation de handicap sont les grands oubliés de cette campagne de vaccination. Pourtant, on parle de plus de 1,7 million de personnes, soit l’équivalent de 5,1% de la population légale du Maroc, selon les données du recensement général de la population et de l'habitat livrées par le Hautcommissariat au plan. Et encore, ces chiffres datent d’il y a 16 ans. Une situation que l’on peut décrire poliment comme un doux euphémisme. A dire vrai, cela ne date malheureusement pas d’hier. «Comme pendant le confinement, où aucune directive particulière n’a concerné les personnes en situation de handicap qui ont été tout simplement ignorées. Aujourd’hui, ces dernières ne sont pas non plus citées dans le cadre de la campagne de vaccination», se désole Loubna Chérif Kanouni, fondatrice de l’Amicale marocaine des enfants atteints d’infirmité motrice et cérébrale (IMC). Cette triste réalité a récemment été corroborée par les résultats d’une enquête que l’on doit à l’ONG Handicap International - Humanité & Inclusion. Pour faire court, il en est ressorti qu’une majorité des personnes en situation de handicap interrogées ressentent que la dimension du handicap n’a pas droit de cité dans les mesures et autres décisions prises par les autorités au moment d’enrayer la propagation de l’épidémie du coronavirus. Que ce soit d’un point de vue social, économique ou médical. Bref, on est à mille lieues des préceptes de la Convention des Nations unies sur le droit des personnes en situation de handicap, paraphée par le Maroc. Convention dont le contenu ne laisse aucune place au doute et prend aujourd’hui des allures de camouflet pour le Royaume. Encore faut-il le rappeler, les signataires de cette convention, et donc le Maroc, se sont engagés à «garantir et à promouvoir le plein exercice de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales de toutes les personnes handicapées sans discrimination d’aucune sorte fondée sur le handicap». En vertu du principe de non-discrimination, ces personnes doivent bénéficier du soutien de l’Etat. Enfin, sur le papier. A la lumière de ces éléments, comment faut-il interpréter le silence du gouvernement sur le sujet ? Certes, avec uniquement 2 millions de doses du vaccin AstraZeneca livrées jusqu’à présent, l'approvisionnement reste clairement un frein majeur. Mais cela n’empêche pas d’inclure dans le calendrier de vaccination les personnes en situation de handicap, ce qui n’est absolument pas le cas. Or, quand bien même ces personnes représentent-elles de faibles taux de morbidité et de contamination, il n’en reste pas moins qu’elles résident généralement dans des services collectifs et fréquentent par conséquent plusieurs personnes, ne serait-ce que leurs familles ainsi que le personnel qui leur vient en aide et qui doivent également être reconnues comme prioritaires dans cette procédure. A présent, l’urgence de la situation est encore plus prononcée. En cause, le variant britannique du SarsCov-2, dont la contagiosité auprès des enfants s’est révélée plus grande que les mutations qui l’ont précédée. «Pour l'heure, les personnes adultes en situation de handicap, ayant des pathologies comme l'asthme ou d'autres fragilités associées sont considérées comme prioritaires, avec cette nouvelle souche très contagieuse et qui atteint les enfants, ces personnes le deviennent encore plus» avertit, à juste titre, Loubna Chérif Kanouni. Notre interlocutrice, en dépit d’une absence de recul et des essais cliniques inachevés, est favorable à une vaccination, à l’image des parents des personnes en situation de handicap qu’elle accueille dans son centre. Pour la simple et bonne raison que «la vie dans les conditions sanitaires actuelles ne prémunit pas de la Covid. D’autant que les gestes barrières ne sont pas vraiment respectés», regrette-t-elle avant de conclure : «Donc les aléas font qu'il est moins risqué de se faire vacciner que de rester dans une incertitude et à la merci d’un reconfinement qui serait fatal sur tous les plans». Nul doute qu’une campagne de vaccination réussie redonnera un second souffle au pays psychologiquement et économiquement. Mais si cet idéal piétine les droits des personnes en situation de handicap et les renvoie à la marge de la société et des décisions gouvernementales, comme c’est le cas aujourd’hui, aucun vaccin sur terre ne pourra apaiser toutes les angoisses et notamment celles des plus faibles et des plus vulnérables d’entre nous. 

Tout ce qu ’il faut savoir sur la vaccination

Le Maroc, qui a reçu vendredi un premier lot du vaccin antiCovid-19 et qui en attend un deuxième mercredi, s’apprête à lancer officiellement son opération de vaccination au cours de cette semaine. Face aux multiples questions que se posent les Marocains, le portail "www.Liqahcorona.ma", mis en place par le ministère de la Santé, vient rassurer en apportant des éléments de réponse dans l'objectif d'éclairer l’opinion publique notamment sur les vaccins choisis par le Maroc ainsi que sur l'opération de vaccination.

La vaccination permet de sauver des millions de vies
En effet, le mode d’action de la vaccination consiste à stimuler et à préparer le système immunitaire à reconnaître et à lutter contre les virus qu’il cible. Face à une exposition ultérieure au même agent pathogène, l’organisme est prêt à le détruire, ce qui permet de prévenir la maladie. Etant une intervention de santé publique par excellence, la vaccination a démontré sa pertinence dans la réduction des décès et des handicaps engendrés par plusieurs maladies infectieuses, telles que la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole...

La vaccination contre la Covid-19 constitue une opportunité
La vaccination contre le virus de la Covid-19 représente de ce fait une opportunité pour assurer une protection individuelle et collective, voire communautaire. Se faire vacciner est un moyen de se protéger et également de protéger son entourage. Cependant, l’immunité collective ne serait possible que si la majorité des personnes se font vacciner, soit un minimum de 80% de la population sur le territoire national.

La vaccination permet d’éviter l’infection et les complications
Ce vaccin provoque une protection spécifique contre le virus SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19. Le vaccin permet au système immunitaire de mémoriser le premier contact avec l’antigène utilisé. Au contact ultérieur avec le virus, la rapidité de la reconnaissance et l’intensité de la réponse immune spécifique permettront d’éviter l’infection ou ses complications. 

L'efficacité des vaccins adoptés au Maroc est confirmée
La sécurité, l’efficacité des vaccins adoptés au Maroc pour la campagne de vaccination contre le virus de la Covid-19 ont été confirmées à travers des constats positifs et des essais cliniques menés aussi bien au Maroc que dans d’autres pays. A cet effet, un comité scientifique de haut niveau assure le suivi de ce processus

​Le dispositif mis en place

L' opération de vaccination contre la Covid-19 débutera au cours de cette semaine sur l'ensemble du territoire national et mobilisera un lourd dispositif. Afin de réussir cette grande opération inédite, des moyens humains et logistiques conséquents sont mis en place par le Royaume, dont les détails figurent sur le portail www.liqahcorona.ma, exclusivement dédié par le ministère de la Santé à cet effet.

2.880 établissements de soins désignés
Pour la réussite de cette opération, 2.880 établissements de soins de santé primaires ont été désignés.

Mobilisation générale des professionnels
La majorité des professionnels de la santé est mobilisée ainsi qu’un nombre important de stations vaccinales qui y seront rattachées pour développer les activités de vaccination.

Vaccination en deux modes
Les activités de vaccination s'effectueront en deux modes :
- Un mode fixe où la population se déplace vers la station vaccinale.
- Un mode mobile qui prévoit le déplacement des équipes de vaccination rattachées à la station vers des points mobiles de vaccination selon un programme préétabli dont le nombre est arrêté lors de la planification locale en 7000 points.

Deux, c'est le nombre de doses nécessaires
Le nombre de doses nécessaires est de deux. Pour le vaccin du laboratoire "Sinopharm", l’intervalle minimal entre les deux injections est de 21 jours, tandis que pour le vaccin du laboratoire "AstraZeneca", il est de 28 jours.

Prise de rendez-vous en ligne ou par SMS
Les citoyens et les résidents étrangers faisant partie des catégories ciblées peuvent obtenir le rendez-vous de vaccination et avoir des informations sur le centre de vaccination en consultant le portail www.liqahcorona.ma ou en envoyant un SMS sur le numéro gratuit 1717, à compter de dimanche 24 janvier 2021 à 12H00.

 

​Population cible

Aussitôt reçu, le vaccin anti-Covid sera administré à l'échelle nationale lors d'une opération de vaccination qui commencera au cours de cette semaine. Par ailleurs, cette opération va concerner, de façon graduelle, des catégories bien déterminées que le ministère de la Santé qualifie de "population cible". Qui est-elle? A qui la priorité sera-t-elle donnée? Comment prendre un rendez-vous? Etc. Le portail www.liqahcorona.ma, mis en place par ledit ministère, répond à toutes ces interrogations.

Une "population cible" de 25 millions
La campagne de vaccination contre le virus de la Covid-19 cible, en effet, les citoyens âgés de plus de 18 ans, selon un schéma vaccinal en deux injections. Quant à la population cible, elle est estimée à 25.000.000 de personnes, soit 80% de la population pour procurer une immunité à l'ensemble des citoyens.

La priorité à certaines cibles
La priorité sera accordée à certaines cibles, en particulier les personnels de première ligne, en l’occurrence les professionnels de la santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation nationale, ainsi qu’aux personnes âgées et aux personnes vulnérables au virus, et ce, avant de l’élargir au reste de la population. Les zones en proie à des taux élevés de contamination par la maladie de la Covid-19 seront, elles aussi, priorisées.

 


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