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Le Pr. Nieder tient à préciser qu’”on ne parle pas de conscience de soi, de l’oiseau sachant ce qu’il perçoit, ce qui est une autre histoire”. Difficile en bref de parler de pensée. L’équipe du Pr Nieder a entraîné deux corneilles noires âgées d’un an à signaler ou pas, après un délai de plus de 2 secondes, la présence éventuelle d’un stimuli visuel. En l’occurrence, un carré gris d’intensité variable affiché très brièvement, pendant un tiers de seconde, sur un écran noir. Les chercheurs se sont rendus compte que dans un premier temps, les neurones “encodent l’intensité physique du stimulus, ce qu’on peut attendre de neurones visuels”, explique le Pr. Nieder.
Mais ensuite, pendant la période d’attente de plus de 2 secondes, “nous observons un nombre croissant de neurones encodant la qualité subjective de la perception”. Subjective, parce que les corneillesse sont vues présenter parfois, et de façon aléatoire, des stimuli à la limite du perceptible. Autrement dit, elles ont pu croire parfois voir un carré inexistant, ou inversement. “C’est le point très important, assure le Pr. Nieder, une situation où un stimuli unique donne lieu à deux perceptions différentes: penser l’avoir vu ou nier son existence”, ce qui est l’attribut d’une conscience primaire.
Interrogée par l’AFP, Catherine Del Negro, spécialiste de la communication des oiseaux à l’Institut des neuro-sciences de Paris-Saclay (Neuro PSI), a salué un “très bel article d’un point de vue expérimental”. Les donnéessur l’activité neuronale ont été enregistrées en plaçant des électrodes dans le nidopallium, la partie du pallium abritant des fonctions supérieures. Concourant aux conclusions de ses collègues Stacho et Herold, le Pr. Nieder suppose que même “si le cerveau des oiseaux est construit très différemment de celui des primates”, les deux ont “évolué vers une fonction similaire” dans le cas de la conscience primaire. Cette “convergence évolutive” se retrouve par exemple, selon Catherine Del Negro, dansle chant des oiseaux, “qui a un certain nombre de points communs avec le langage humain”.
Quant au Pr Nieder, il rechigne pour l’instant à utiliser le terme “pensée” ou “décision” de l’oiseau. “D’une certaine façon c’est le cerveau (de l’oiseau) quise fait une idée et décide, pas l’oiseau”, dit-il. Jusqu’à preuve du contraire.
Pour l’Antarctique et le niveau des mers, chaque degré compte
La planète a déjà gagné plus de 1°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et 1°C de plus — soit +2°C, objectif minimal de l’accord de Paris sur le climat—causerait inexorablement une augmentation du niveau de la mer de 2,5 mètres juste à cause de l’effondrement de l’Antarctique. Encore 3°C supplémentaire porterait cette hausse à 6,5 mètres, mettent en garde les auteurs de cette étude publiée dans Nature.
Cette hausse dramatique des océans, dévastatrice pour des métropoles côtières comme Bombay ou Miami,se produirait sur plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’années. Mais ce sombre avenir se joue aujourd’hui: ce sont les émissions de gaz à effet de serre des prochaines décennies qui pourraient mettre en marche ce processus ensuite inéluctable. Selon les résultats de cette étude, la désintégration de la gigantesque calotte de l’Antarctique—qui contient suffisamment d’eau pour provoquer 58 mètres d’augmentation du niveau des mers— sera de plus en plus rapide avec chaque degré de réchauffement supplémentaire.
Par exemple, pour chacun des deux premiers degrés au-dessus des niveaux de températures de l’ère pré-industrielle, les océans s’élèveront d’environ 1,3 mètre. Mais entre +2°C et +6°C, cette hausse doublerait à 2,4 mètres par degré de réchauffement. Et audelà, chaque degré provoquerait 10 mètres de hausse supplémentaire, poussant la calotte au-delà de son point de non retour.
“C’est notre utilisation du charbon et du pétrole qui détermine si et quand des seuils critiques de température sont dépassés en Antarctique”, a souligné dans un communiqué l’un des auteurs, Anders Levermann, climatologue au Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK). “Et même si la perte de glace se produit sur une longue période, les niveaux correspondants de CO2 peuvent être atteints dans un avenir proche”, a-t-il ajouté. La partie de la calotte couvrant l’Antarctique occidental devrait s’écrouler en premier, érodée d’abord par la mer qui se réchauffe et s’insinue sous les glaciers littoraux.
“Des glaciers de la taille de la Floride pourraient tomber dans l’océan”, a noté Torsten Albrecht, également chercheur au PIK. Cette étude “fait comprendre clairement le besoin urgent de stabiliser le réchauffement, en accord avec les objectifs de l’accord de Paris” (+2°C, voire +1,5°C), a commenté Matt Palmer, du UK Met Office, l’organisme météo britannique, qui n’a pas participé à l’étude.