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Les chefs d’entreprise désireux de sonner le glas de l’actuel modèle de développement

97,5% des opérateurs appellent à une transformation en profondeur, selon le CMC


Alain Bouithy
Mercredi 20 Juin 2018

Interrogés dans le cadre d’une enquête menée par le Centre marocain de conjoncture (CMC), les chefs d’entreprise marocains sont quasi-unanimes (97,5%) à penser que le modèle de développement actuel a atteint ses limites et qu’il doit nécessairement évoluer pour plus d’efficacité.
Dans l’ordre, ils expliquent que l’essoufflement du modèle de développement actuel est dû à la persistance des inégalités sociales et territoriales, la faiblesse de la capacité de création d’emploi et l’aggravation du chômage, l’essoufflement de la croissance et la déficience du système de gouvernance.
Selon l’enquête, réalisée au premier trimestre de l’année 2018, ces derniers pointent aussi du doigt la faible diversification productive, l’insuffisance de la compétitivité et la faiblesse du secteur exportateur, la faible convergence vers les standards des  pays émergents, l’attractivité et la faiblesse des rendements des investissements et la détérioration des équilibres financiers.
Pour juger de la pertinence du modèle de développement adopté au Maroc,  les opérateurs économiques sondés se basent en première position sur la performance économique et financière (15,7%), la capacité à contribuer efficacement au développement social (14,9%), la qualité des institutions du pays (13,4%), les progrès au niveau de la répartition, de l’équité et de la justice sociale (13,3%) et la diversification de ses structures productives (12,6%), souligne le CMC dans une note rendue publique récemment.
Bien qu’ils soient tout aussi intéressants, les chefs d’entreprise jugent moins prioritaires les facteurs d’évaluation tels que le niveau de la productivité et de la compétitivité (11,8%), la capacité à faire face aux changements du contexte (10,4%) et la protection de l’environnement de manière durable (7,5%).
Dans le cas d’une éventuelle révision du modèle de développement de l’économie nationale, l’enquête a révélé qu’une majorité des patrons portent leurs choix sur «une stratégie combinant le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux », a noté le CMC.
Il ressort ainsi que « 85,7% des industriels sondés ont fait ce choix contre seulement 28,6% qui proposent aussi une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation et 11,9% qui n’écartent pas une stratégie axée principalement sur le développement du marché intérieur », a  précisé le Centre.
Dans ce cas, la majorité des chefs d’entreprise (75%) sondés ont estimé que la réussite d’une telle stratégie doit s’appuyer en priorité sur le développement régional et la réduction des inégalités.
Plus de la moitié (59,5%) ont placé en seconde position l’amélioration des performances économiques, et presque autant des enquêtés (54,8%) ont soutenu une stratégie portée sur la convergence vers les standards des pays émergents.
Parmi les leviers sur lesquels il faudrait agir pour relever ce défi, les opérateurs économiques ont placé selon l’ordre de priorité : l’éducation, la formation et le renforcement des compétences et le développement du capital humain (18%), l’accélération des réformes visant notamment l’amélioration du climat des affaires, des performances de l’administration, du système fiscal, du système judiciaire et la décentralisation (16%), l’amélioration du système de gouvernance (14%), le développement des infrastructures de base (11%) ainsi que la promotion des activités de recherche et développement dans les secteurs public et privé (11%).
D’autres leviers paraissent aussi importants aux yeux des chefs d’entreprise. Il s’agit de l’intensification de l’investissement et du processus d’accumulation du capital physique (9%), l’amélioration de la compétitivité et l’intégration plus poussée des marchés internationaux à travers les flux de biens, services et capitaux (9%) et la facilitation des moyens de financement de l’entreprise (8%).
A noter que l’enquête a montré qu’une majorité des patrons marocains (66,7%) estime que l’Etat en tant que puissance publique doit jouer un rôle d’accompagnement dans le nouveau modèle de développement, précisément de facilitateur, de régulateur, de partenaire et d’accompagnateur des initiatives privées.
« Un Etat intervenant par le truchement du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié que par 23,8% des personnes sondées alors qu’un Etat fixant les choix stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège) est souhaité par 50% des opérateurs », a relevé le CMC.
Selon le Centre, les responsables du secteur privé se disent prêts dans cette perspective « à participer à une dynamique qu’impose la nécessaire évolution du modèle de développement de l’économie marocaine. Ils sont tous unanimes à le confirmer (100%) ».
Pour tirer la croissance de l’économie marocaine dans le nouveau modèle de développement,  les patrons ont estimé qu’il faut dynamiser davantage et en priorité le secteur industriel (27,3%) et les activités de service (21,3%). L’enquête a aussi révélé que  l’agriculture (19,5%), l’énergie (18,6%) et le secteur touristique (13,4%) viennent dans l’ordre dans le classement des priorités.
Soulignons enfin que pour les industriels, les grandes options stratégiques du nouveau modèle de développement devraient à l’avenir s’appuyer prioritairement sur le développement de l’économie sociale et solidaire (37,7%), le développement de l’économie numérique (35,3%) et le développement de l’économie verte (27,0%).


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