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S’exprimant lors de la Conférence 2025 de la Kenya Law Society qui s’est clôturée vendredi 15 août, ce dernier a estimé que «les finances publiques ne sont donc pas un grand livre de l’Etat ; elles reflètent les valeurs constitutionnelles et l’intégrité juridique d’une nation».
Devant plus de 1.200 avocats, juges et responsables gouvernementaux réunis pour cette rencontre, le président de la Banque panafricaine a déclaré que «gérées efficacement, les finances publiques peuvent servir de pierre angulaire à la croissance économique, au développement durable et à la prospérité».
Il a, par la suite, saisi cette occasion pour rappeler que le financement public est au cœur de l’engagement de la principale institution de financement du développement en Afrique qu’il dirige «à promouvoir une gouvernance responsable, un développement durable et une résilience nationale».
Ainsi qu’il a relevé dans son intervention qui portait sur le thème : «Les finances publiques, la gouvernance, la justice et le développement », le président de la BAD a indiqué qu’«à la Banque africaine de développement, les finances publiques sont considérées comme un instrument stratégique qui doit être régi de manière transparente, géré de manière durable et protégé par des cadres juridiques solides et l’Etat de droit».
Insistant sur l’Etat de droit et le respect de la bonne gouvernance, deux volets chers à l’institution financière, Akinwumi A. Adesina a affirmé que «les nations qui renforcent l’Etat de droit et respectent la bonne gouvernance parviennent à des taux de croissance plus élevés, à un développement équitable et à une plus grande stabilité».
S’adressant directement aux avocats, juges et responsables gouvernementaux prenant part à cette conférence, il a indiqué : «En tant que membres du système judiciaire, vous jouez un rôle majeur dans l’élaboration des trajectoires de développement des nations. La théorie de la justice et du développement offre un cadre contextuel efficace pour y parvenir, car elle favorise le progrès social et la cohésion».
L’Afrique doit améliorer sa position sur l’indice de l’Etat de droit
«L’un des aspects particulièrement importants est la manière dont l’État de droit stimule la croissance et le développement », a soutenu le patron de la BAD rappelant que l’indice mondial de l’Etat de droit montre que de 1996 à 2023, les six pays les mieux classés étaient la Finlande, le Danemark, la Norvège, la Suisse, l’Autriche et le Luxembourg.
Il se trouve que, sur cet indice, les pays africains se classaient très bas dans la liste, avec les Seychelles en tête au 60e rang, suivies par le Botswana (70e), le Rwanda (80e), l’Afrique du Sud (85e), le Ghana (97e) et le Maroc (111e).
Sur le renforcement de la gouvernance et de l’Etat de droit, Akinwumi A. Adesina estime que la transparence des systèmes de passation des marchés est au cœur des projets de développement financés par les gouvernements, sur leurs propres ressources budgétaires et par le financement des institutions de financement du développement.
Ainsi, «le manque de transparence dans la passation des marchés dans le cadre de projets, dû à la faiblesse des capacités institutionnelles, des lois et des systèmes de passation des marchés, ainsi qu’à la corruption, pose des problèmes d’intégrité en matière d’utilisation efficace des financements publics destinés aux projets».
Les finances publiques ne peuvent pas prospérer dans le vide
Abordant la question du renforcement des tribunaux commerciaux en complément des réformes des finances publiques, il a indiqué que la BAD a réalisé des investissements substantiels dans le renforcement du système judiciaire en complément des réformes des finances publiques. Ces investissements sont tangibles, mesurables et transformateurs, citant les exemples du Rwanda, de la Côte d’Ivoire, du Malawi, de la Tunisie, de la Guinée, du Ghana, de l’Egypte et du Mozambique.
« Collectivement, ces interventions font ressortir une vérité simple, mais profonde : les finances publiques ne peuvent pas prospérer dans le vide. Il faut les protéger par une gouvernance transparente, les renforcer grâce à l’efficacité judiciaire et les ancrer dans des protections constitutionnelles», a-t-il fait savoir.
Des finances publiques sans supervision parlementaire sont antidémocratiques
Dans son intervention, il a aussi été question de la supervision parlementaire et des finances publiques. Selon le président du Groupe, « la supervision parlementaire est l’épine dorsale démocratique des finances publiques».
Pour la Banque panafricaine, «des finances publiques sans supervision parlementaire sont antidémocratiques et non viables. Un contrôle démocratique ne retarde pas le développement, il le protège. L’approbation parlementaire n’est pas un obstacle, mais une protection qui garantit que chaque dollar emprunté est consacré au bien public, plutôt qu’à des intérêts privés».
Sur un tout autre point, tout aussi important, Akinwumi A. Adesina juge essentiel de renforcer les systèmes juridiques et le système judiciaire à l’échelle du continent, arguant que « le système juridique d’une nation en est l’épine dorsale institutionnelle, en préservant les ressources publiques, en protégeant les droits des citoyens et en instaurant la certitude et la prévisibilité dont dépendent toutes les activités économiques».
Une justice compromise entraîne le contournement des règles budgétaires
Selon lui, «lorsque l’indépendance judiciaire est compromise, les tribunaux sont exposés à l’influence politique, les règles budgétaires sont contournées, les emprunts publics échappent aux contrôles et la confiance du public est détruite ».
On ne peut pas effectivement parler du constitutionnalisme, de l’Etat de droit et des investissements en Afrique sans résoudre la question fondamentale de l’accès à la justice et à des indemnisations équitables. Car, nul besoin de rappeler que «ce sont là les conditions qui favorisent la confiance du public et renforcent l’assurance dont les investisseurs ont besoin pour engager des capitaux», a-t-il soutenu.
Alain Bouithy