Les arbitres tenus au secret

Il est impossible de parler aux arbitres du Mondial-2010 de leurs erreurs, la Fifa leur défend de revenir avec les journalistes sur leurs matches, et ne donne elle-même pas la moindre explication le jour où les sifflets peuvent rencontrer les médias.
"Nous rappelons aux journalistes que les arbitres ne sont pas autorisés à évoquer leurs performances lors du +jour des médias+", prévient par mail la Fédération internationale de football. Et de quoi va-t-on parler, alors? Du beau temps, des vuvuzelas? Les risques étaient même minimisés: l'Uruguayen Jorge Larrionda, qui n'a pas accordé un but valable de Lampard (Allemagne-Angleterre: 4-1), et l'Italien Roberto Rosetti, qui a validé un but de Tevez hors-jeu de deux mètres (Argentine-Mexique: 3-1), ont été exemptés.
Lors du précédent +jour des médias+, déjà, le Français Stéphane Lannoy, qui n'a pas sanctionné une double main de Luis Fabiano lors d'un but contre la Côte d'Ivoire, n'était pas venu. L'explication officielle était qu'il avait terminé tard la veille. Mais le match de l'Uruguayen Larrionda remontait à dimanche, soit 48h, et il n'était pas au +jour des médias+...
Pendant ce temps, à 60 km du terrain d'entraînement des arbitres à Pretoria, le président de la Fifa, Joseph Blatter, communiquait plus ouvertement. "Il est évident qu'après ce que nous venons de vivre (le +non but+ de Lampard, le but de Tevez), ce serait ridicule de ne pas rouvrir le dossier de l'aide par la technologie (à l'arbitrage) en juillet à Cardiff", lors de la prochaine réunion de la Fifa les 21 et 22. Il a rappelé que la technologie devrait être débattue uniquement pour la question du franchissement de la ligne de but.
Le responsable des arbitres à la Fifa, l'Espagnol José Maria Garcia Aranda, est bien venu répondre aux journalistes, mais il s'en est suivi un dialogue absurde digne d'un sketch des Monty Python sur la bureaucratie de l'ex-RDA: - "Nous ne parlons pas de cas particuliers, répond-il quand l'AFP lui demande son éclairage sur l'erreur de M. Larrionda.
- Mais c'est digne de l'Union Soviétique! - (rires) Vous pouvez poser la question, et moi je vous réponds que nous ne parlons pas de cas particuliers.
- De quoi allons-nous parler? Du temps? - Comme vous voulez. Mais respectez ma réponse, vous avez été informés dès le premier jour que nous ne parlons pas de cas particuliers.
- Mais pourquoi? - Je vous l'ai dit cinq fois, je suis prêt à vous le dire vingt fois, nous ne parlerons pas de cas particuliers.
- Vous trouvez cela normal ? - Excusez-moi, je trouve que vous insistez trop, si vous n'êtes pas d'accord c'est votre problème, nous ne parlerons pas de cas particuliers." M. Garcia Aranda veut bien donner son avis général sur l'arbitrage depuis le début du tournoi, et rappeler qu'"il y a eu quelques mauvaises décisions, mais beaucoup, beaucoup d'excellentes, il faut le dire".