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Le sort d'enfer de ceux qui vivent aux abords d' une montagne d'ordures en feu en Inde


Libé
Vendredi 6 Mai 2022

Le sort d'enfer de ceux qui vivent aux abords d' une montagne d'ordures en feu en Inde
Pramod, habitant d'un bidonville jouxtant Bhalaswa, une immense décharge de Delhi, s'est depuis longtemps accoutumé à la puanteur, aux vapeurs toxiques, à la chaleur extrême, à l'indifférence des autorités mais il n'aurait jamais cru côtoyer l'enfer engendré cette semaine par cette montagne d'ordures en feu.

"Le brasier, à quelques centaines de mètres de chez moi, était si intense que j'ai cru qu'il nous brûlait littéralement la peau", raconte à l'AFP Pramod, 35 ans, dans une ruelle sordide, voisine de Bhalaswa, dans le nord de Delhi.

"J'ai vu beaucoup de choses dans ma vie, mais devant la décharge en flammes, j'ai été pris de terreur", confie-t-il, "je n'avais vu de pareils incendies qu'aux informations, à la télévision".
Le sinistre, qui s'est déclaré mardi soir, a rapidement transformé l'effroyable montagne de détritus haute de 60 m, en un véritable enfer, embrasant le ciel nocturne et crachant d'épouvantables fumées noires.

Lalu Mathew, coordinateur de projet à la Fondation Deepti pour l'éducation des enfants du quartier, déclare à l'AFP que les fenêtres de leur immeuble ont carrément fondu.
Déjà en temps normal, "des quantités de polluants entrent dans les salles de classe", explique-t-il, "ce n'est pas du tout sain pour les enfants de passer du temps là".

Autour de Bhalaswa, vivent des milliers de personnes parmi les plus pauvres des pauvres, qui ont fui la misère rurale pour la grande ville en quête de travail. Des familles gagnent leur vie en fouillant la décharge espérant trouver des objets à vendre pour des revenus dérisoires. Les problèmes de santé et les accidents sont légion.

"Presque toute ma famille a des problèmes d'asthme ou des difficultés respiratoires", dit à l'AFP Zarina Khatun, 31 ans, qui travaille dans une école riveraine de la décharge, "rien ne change pour nous".

"Chaque année, cette décharge prend feu et le gouvernement ne fait rien", se plaint de son côté Reena, une commerçante qui vit près de Bhalaswa.

Trois autres incendies se sont déclarés en moins d'un mois dans la plus grande décharge de la capitale, Ghazipur, gigantesque montagne de déchets haute de 65 mètres.

Selon Pradeep Khandelwal, ex-chef du département de la gestion des déchets de Delhi, tous ces incendies sont probablement provoqués par des températures record, avoisinant actuellement les 46 degrés Celsius, qui accélèrent la décomposition des déchets organiques.
"Le temps sec et chaud produit un excès de gaz méthane sur les sites de décharge qui déclenche de tels incendies", a-t-il expliqué à l'AFP.

La ville connaît depuis mars des températures au-dessus des normes saisonnières. Delhi a enregistré un maximum de 40,1 degrés en mars, soit la température la plus chaude pour ce mois dans la capitale depuis 1946.

Les scientifiques affirment qu'en raison du changement climatique, des vagues de chaleur sont plus fréquentes mais aussi plus sévères.
Avec de plus de 20 millions d'habitants, Delhi manque d'infrastructures modernes pour traiter les 12.000 tonnes de déchets qu'elle produit quotidiennement.

Selon des urbanistes, la situation de Bhalaswa est symptomatique des problèmes rencontrés dans toute l'Inde, où le rythme de développement des infrastructures n'a pas suivi celui, plus rapide, des villes.

Les ambitions et les promesses électorales des politiciens ne signifient rien pour nombre d'Indiens, habitués à ne voir aboutir aucun de leurs beaux projets, et surtout pas autour de Bhalaswa.

"Les gouvernements ne s'en préoccupent pas", regrette Sonu Kumar, 30 ans, vendeur d'oeufs assis parmi les vaches, les cochons et les chiens errants, près de la décharge et d'un canal plein d'excréments, "tous ceux qui vivent ici n'ont nulle part ailleurs où aller".


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