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Le septième Sommet de l’UMA a été programmé et reporté à quatre reprises

Cette fois sera-t-elle la bonne ?


Mourad Tabet
Vendredi 14 Décembre 2018

Plusieurs fois programmé et plusieurs fois reporté, le 7ème Sommet de l’Union du Maghreb arabe finira-t-il par se tenir ?
C’est, du moins, le vœu de Taïeb Baccouche, secrétaire général de cette organisation.  
Lors d'une table ronde organisée par l’Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe sous le thème  "Capables de construire un grand Maghreb arabe" et relayée par l’agence TAP, il a affirmé qu’une correspondance a été adressée aux ministres des Affaires étrangères des pays membres pour les convier à une réunion restreinte à Tunis, en vue de préparer ce 7ème Sommet des chefs d’Etat  prévu au Maroc en 2019 et que l'Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie ont accepté cette invitation.
Selon lui, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a, de son côté, affirmé la disposition du Royaume d’en accueillir les travaux.
Il a ajouté, dans ce même cadre, que les efforts du secrétariat général de l'UMA pour la tenue de ce 7ème Sommet qui était prévu en Libye et reporté en 2007, vont dans le sens de l'appel lancé récemment par S.M le Roi Mohammed VI à l'Algérie pour la création d'une commission mixte dédiée à l'examen des questions litigieuses en suspens, notamment celles relatives aux frontières fermées entre les deux pays.
De fait, le sixième et dernier Sommet de l’UMA remonte à 1994 et le septième a été programmé à quatre reprises avant d’être reporté sine die.
La première fois, ce fut en 2002, la seconde en 2003, la troisième en 2005 et la quatrième en 2007, et ce en raison de l’obstination des autorités algériennes à porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume et à poursuivre leur politique de soutien aux séparatistes du Polisario en violation des dispositions du statut de l’UMA qui insistent sur l’obligation de solidarité organique contre toute atteinte à l’intégrité territoriale des pays membres.
La question qui s’impose donc est la suivante : ce Sommet finira-t-il par se tenir et que peut-on en attendre ?
Pour Khalid Chergraoui, président de l’AMES-Center, pour réunir ce Sommet et garantir son succès, «il va falloir bien le préparer. Or, jusqu’à présent, je ne pense pas qu’il ait eu une bonne préparation du fait que les agendas ne sont pas clairs et que les parties prenantes ne se sont pas mises d’accord sur certains dossiers ». Et de s’interroger dans une déclaration à Libé: « Comment préparer un Sommet au niveau des chefs d’Etat, alors que l’on connaît la difficile situation d’un pays essentiel de l’UMA, à savoir l’Algérie dont le chef d’Etat est extrêmement malade et ne s’est pas adressé à son peuple depuis belle lurette. Il est fort probable qu’il n’assistera pas à ce Sommet ».
L’autre volet important que le chercheur marocain a mis en exergue tient au fait qu’il n’y a pas eu de préparation sérieuse des dossiers au niveau des ministres des Affaires étrangères. Ce genre de Sommets, précise-t-il, « nécessite des concertations. Car il faut qu’il y ait des accords préalables. On ne se réunit pas au niveau des chefs d’Etat sans qu’il y ait un minimum d’accords préalables ».  
Selon Khalid Chegraoui, on ne peut donc pas attendre grand-chose de cette hypothétique grand-messe, car «cela fait des années que ça traîne». Pour lui, à quoi bon tenir un Sommet au niveau des chefs d’Etat des pays de l’UMA ? Sachant que cette instance régionale sombre dans une profonde léthargie à cause des différends entre les principaux Etats constitutifs de l’UMA, à savoir le Maroc et l’Algérie, d’où la proposition de S.M le Roi Mohammed VI appelant à un dialogue franc et direct entre ces deux pays et à la mise en place d’un mécanisme politique bilatéral de dialogue et de concertation qui se pencherait sur les dossiers en suspens.   
«Il y a une mésentente, voire une grande discorde entre le Maroc et l’Algérie et il y a une proposition Royale très sérieuse. Il n’y a pas seulement le problème du Sahara marocain, mais aussi  des complexes induits par l’histoire commune. Aujourd’hui, le Maroc est prêt à entamer des discussions directes, mais nos amis algériens ne semblent pas être prêts à faire de même. Que l’on crève l’abcès, que l’on se mette autour de la même table pour débattre de ce qui nous lie et de ce qui nous différencie ». Et d’ajouter : « Les  choses changent à travers le monde et nos amis du Palais El Mouradia campent sur des positions qui datent de 1962. Il y a un complexe qui remonte à  la création de l’Etat algérien. Il faut donc le discuter tout d’abord entre les Algériens eux-mêmes et par la suite avec le Maroc ».
En ce qui concerne le Royaume, il convient de rappeler qu’il a pris plusieurs initiatives visant à  donner une nouvelle impulsion aux relations avec son voisin de l’Est.
Sur décision de S.M le Roi Mohammed VI, il a, en effet, supprimé le visa pour les ressortissants algériens et exprimé la volonté du Royaume d’ouvrir les frontières entre les deux pays qui sont fermées depuis les attentats de 1994 à Marrakech.
La dernière proposition Royale exprimée dans le discours de la Marche Verte s’inscrit dans la même lignée. L’appel à un dialogue direct, franc, sans tabou et sans conditions préalables avec l’Algérie « afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations » et la proposition de «création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation » est une main tendue visant à lever le plus grand des obstacles qui  se dressent devant la remise de l’UMA sur les rails. Alger l’a malheureusement contournée en appelant « à organiser, dans les  meilleurs délais, une réunion du Conseil des ministres des Affaires  étrangères de l'Union du Maghreb arabe » qui, comme chacun le sait, a sombré depuis des années dans une profonde léthargie à cause de la mésentente entre Rabat et Alger.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a clarifié les choses lors de la rencontre tenue entre le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et l’ambassadeur d’Alger à Rabat. « L’état de léthargie que connaît l’UMA, depuis des années, est essentiellement dû à la nature anormale des relations maroco-algériennes, lesquelles ne peuvent être traitées que dans le cadre d’un dialogue bilatéral, direct et sans intermédiaires », a déclaré celui-ci en rappelant que la demande algérienne de tenir le 7ème Sommet de l’UMA est sans rapport avec l’initiative Royale. Celle-ci est purement bilatérale, alors que la démarche algérienne s’inscrit dans le cadre de la relance de la construction régionale ». Il a également souligné que « l’UMA et ses Etats membres n’ont eu de cesse d’appeler à un dialogue maroco-algérien afin de transcender leurs divergences dans un esprit de bon voisinage et d’aspiration commune à s’élever au niveau des attentes des cinq peuples maghrébins frères », en précisant néanmoins que « le Maroc n’a pas d’objection de principe concernant la tenue d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA » mais qu’il «  ne peut que douter que cette 35ème réunion ministérielle puisse parvenir à des résultats tangibles, différents des 34 précédentes, en l’absence d’une bonne préparation et d’un dialogue direct responsable entre deux Etats membres de l’UMA ».


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