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Le représentant du PNUD relance la polémique autour de l’Idh : Ahmed Lahlimi monte au créneau


M’Hamed Hamrouch
Lundi 14 Juin 2010

Un nouveau clash, un de plus mais cette fois en plus serré, s’annonce entre le Maroc et le PNUD sur fond de classement des pays en matière de développement humain. Et c’est le nouveau représentant du PNUD au Maroc, à peine installé dans son bureau à Rabat, qui ouvre le tir. Bruno Pouëzat, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déclaré vendredi, lors d’une conférence de presse à Rabat, que le PNUD ne changerait pas de méthode de classement malgré les critiques du Maroc. Cette déclaration jugée abrupte, de surcroît « très peu diplomatique », n’a pas laissé indifférents les responsables marocains. Contacté hier par « Libé », le responsable du Haut commissariat au Plan (HCP), s’est dit fort « étonné » que cette déclaration vienne du représentant délégué du PNUD au Maroc. Pointilleux et autrement précis, le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi a contesté point par point les propos du nouveau représentant du PNUD rapportés par l’AFP. « On travaille avec un indice pertinent et il reste pertinent », semble vouloir rassurer ce dernier, en réponse à l’appel du Maroc pour une révision de fond en comble de cet indice controversé, retenu il y a bien vingt ans, devenu largement dépassé, clairement sélectif et certainement insuffisant pour mesurer, de manière objective, les avancées réalisées en matière de développement humain. « En ce qui concerne la pertinence, cela ne me semble pas être l’avis de la communauté statistique internationale légitimement représentée par la Commission statistique des Nations unies », commente Ahmed Lahlimi, en réponse à l’allégation de Bruno Pouëzat sur la pertinence présumée de l’actuel indice.
Cette allégation « m’étonne d’autant plus qu’elle est attribuée à un représentant délégué du PNUD », lance-t-il. « La réponse du PNUD à la commission statistique des Nations unies, lors de sa réunion sur cette question, avait reconnu et continue à reconnaître les limites de l’IDH (Indice du développement humain). Le PNUD s’est engagé à le modifier dès qu’il pourrait le faire », rappelle le Haut commissaire au Plan. « Le PNUD justifie sa position par l‘absence de statistiques suffisantes pour permettre un indice de développement humain plus pertinent. Nous savons, du reste, que  plus d’une soixantaine d’Etats contestent l’absence de statistiques fiables ou de statistiques tout court. Monsieur le représentant du PNUD au Maroc ne peut pas ne pas convenir que, dans ces conditions, il est pour le moins aberrant de procéder à des classements des pays en fonction de leurs performances évaluées sur cette base ». Dans le cas qui nous concerne, c’est-à-dire le Maroc, classé injustement 130ème sur 182 pays, malgré ses efforts titanesques en matière de développement humain, « le représentant du PNUD serait mieux inspiré de débattre avec les Marocains sur les objectifs du Millénaire comme l’appelle à le faire la Commission statistique des Nations unies et au sujet de laquelle le secrétaire général des Nations unies appelle à un sommet des chefs d’Etat en septembre 2010 », estime Ahmed Lahlimi. « C’est sur les réalisations des pays que doivent être jugées les performances », ajoute le Haut commissaire au Plan, rappelant à cet égard que « c’est sur cette base que se sont engagés les chefs d’Etat au niveau de la communauté internationale ».
Mais passons, car ce n’est pas tout. « Le PNUD ne fabrique pas les données », renchérit le nouveau représentant du PNUD au Maroc. « En qui concerne ces données, le PNUD n’invente certes pas les données des pays qui ont la capacité d’en fournir sur des bases scientifiques, c’est le cas du Maroc », rétorque M. Lahlimi. « Le PNUD utilise des statistiques nationales et notamment du Haut commissariat au Plan. Du reste, nous ne les avons jamais contestées. Mais le PNUD n’en estime pas pour autant beaucoup de données lorsqu’elles ne sont pas disponibles dans plusieurs cas et dans plusieurs pays », relève le Haut commissaire au Plan. « Les représentants du PNUD dans notre pays nous ont habitués à entretenir les débats les plus fructueux sans nous départir les uns et les autres d’un minimum de retenue et de respect mutuel », conclut Ahmed Lahlimi, d’un ton diplomatique. Diplomatique, enfin pas tout à fait. La bataille de nouveau ouverte par le non moins nouveau représentant du PNUD annonce bien des empoignades.


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