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Lancement imminent d’une campagne de vaccination dans le milieu scolaire


Mehdi Ouassat
Lundi 26 Septembre 2022

Le ministère de la Santé s’aligne enfin sur les recommandations de l’OMS concernant le HPV

Lancement imminent d’une campagne de vaccination dans le milieu scolaire
C’ est une bonne nouvelle pour la santé publique. Le ministère de tutelle s’alignera enfin sur les recommandations de l’OMS en intégrant, dès le mois d’octobre prochain, la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) dans Calendrier national de vaccination. Une campagne de vaccination sera lancée dans les milieux scolaires, publics et privés, et visera en premier lieu les filles de 11 ans et plus, selon une circulaire conjointe entre le ministère de la Santé et de la Protection Sociale et le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports. Le vaccin sera également mis gratuitement à la disposition des jeunes filles dans les différents centres de santé du Royaume, sous forme d’une double dose injectable.

L’infection sexuellement transmissible la plus répandue au monde
Quasiment toute la population sera concernée au moins une fois dans sa vie par le HPV, qui touche 80 à 90% des adultes. La plupart du temps, cette infection sexuellement transmissible, considérée comme la plus répandue au monde, est transitoire car l’organisme élimine spontanément le virus sans même que nous nous rendions compte. Toutefois, dans près de 10% des cas, l’infection persiste. Elle peut alors entraîner, plusieurs années plus tard, des cancers de l’anus, du pénis, du vagin, de la vulve, de l’oropharynx, mais surtout celui du col de l’utérus. En effet, plus de 99% des cancers du col sont provoqués par une infection chronique par HPV. Selon, l’OMS, 604.000 femmes ont été dépistées au cancer du col de l’utérus en 2020 seulement et 342.000 en sont décédées, soit un peu plus de la moitié. Au niveau national, le ministère de la Santé indique que chaque année, 52.000 femmes en moyenne développent un cancer du col et près de 2.000 décèdent. Le virus HPV se transmet par contact des muqueuses ou de la peau, presque exclusivement lors des rapports sexuels, avec ou sans pénétration. La transmission peut avoir lieu par voie cutanée (caresses), par des supports souillés (linge de toilette), mais aussi lors du contact entre une muqueuse infectée et une muqueuse saine (rapport sexuel). Le virus est absent du sperme, de la salive ou du sang et se transmet souvent au début de la vie sexuelle. Les jeunes femmes sexuellement actives sont donc les plus exposées au risque d’infection qui diminue avec l’âge. Il existe également des facteurs de risque chez les femmes comme l’âge précoce des premiers rapports sexuels, les partenaires multiples, la consommation du tabac ou encore la présence d’une autre infection sexuellement transmissible (IST). Chez les hommes, le risque est moindre.

La vaccination, unique mode de protection
Les préservatifs protègent imparfaitement contre l’infection à HPV, car ils ne couvrent pas l’intégralité des parties génitales. En dehors de la vaccination, il n’existe pas d’autre mode de protection. En effet, de nombreux pays ont enregistré une baisse substantielle du nombre de cas de condylomes génitaux suite à l’introduction d’un programme national de vaccination anti-HPV, des réductions étant également observées chez les jeunes hommes non vaccinés dans des pays où les programmes ciblent uniquement les femmes, ce qui témoigne d’un effet de protection collective. Selon l’OMS, la prévention du cancer du col, qui représente 84% de tous les cancers liés aux HPV, doit rester l’objectif prioritaire de la vaccination anti-HPV. La vaccination des jeunes filles avant les premiers rapports sexuels est le meilleur moyen d’atteindre cet objectif. «Les trois vaccins antiHPV homologués (quadrivalent homologué pour la première fois en 2006, bivalent homologué en 2007, et nonavalent homologué en 2014) possèdent tous d’excellents profils de sécurité et d’efficacité», estime l’Organisation mondiale de la santé. Pour tous les vaccins antiHPV, le schéma de vaccination indiqué par le fabricant dépend de l’âge de la personne vaccinée. Chez les filles et les garçons de 9 à 14 ans, un schéma de vaccination à 2 doses est recommandé. Si l’âge au moment de la première dose dépasse les 15 ans, il est préconisé d’adopter un schéma à 3 doses. Au 31 mars 2017, 71 pays du monde (37%) avaient introduit un vaccin anti-HPV dans leur calendrier de vaccination national pour les filles et 11 pays (6%) l’avaient également fait pour les garçons. Selon une étude de l’OMS, avec le vaccin quadrivalent administré selon un schéma à 3 doses, aucun cas d’échec vaccinal, avec apparition d’une maladie cervicale/génitale liée aux PVH n’a été observé au cours d’une période de suivi de 10 ans chez les préadolescents et les adolescents vaccinés. L’immunogénicité et l’efficacité du schéma à 3 doses ont également été démontrées sur une période allant jusqu’à 9,4 ans dans le cas du vaccin bivalent et jusqu’à 5,6 ans pour le vaccin nonavalent. On ne sait pas encore si des doses de rappel seront nécessaires plusieurs années après la primovaccination. D’après les données obtenues, jusqu’à 9,4 ans après la série de primovaccination par 3 doses de vaccin bivalent, aucun élément ne laisse supposer un déclin dans le temps de l’efficacité contre les infections et les lésions associées aux PVH. Toujours selon l’OMS, l’immunogénicité de 2 doses de vaccin anti-HPV chez les filles de 9 à 14 ans n’est pas inférieure à celle de 3 doses administrées à celles de plus de 15 ans.

L’impact considérable des programmes de vaccination
Les vaccins contre les infections à HPV ont été introduits dans de nombreux pays dans le monde depuis 2006/2007. L’efficacité des vaccins contre les HPV est ainsi désormais démontrée en vie réelle pour la prévention des lésions cervicales de haut grade, événement préalable à une évolution vers le cancer invasif du col de l’utérus. En Australie, où la recommandation de vacciner les filles date de 2007 et celle des garçons de 2013, la couverture vaccinale d’au moins 80% a permis une réduction de plus de 77% des génotypes responsables de 75% des cancers du col de l’utérus et une diminution de plus de 50% de l’incidence des lésions précancéreuses cervicale de haut grade chez les jeunes filles de moins de 20 ans. Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une éradication du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années. Cependant, l’évaluation de l’efficacité en termes de réduction des cancers nécessitera plusieurs années en raison de la durée de survenue de ces pathologies à la suite d’une infection HPV (entre 10 et 30 ans avec une prévalence faible avant 30 ans). La première observation d’une association entre vaccination et réduction du risque de cancer du col de l’utérus a été publiée à partir du registre de cancers suédois en 2020. Sur la période 2006-2017, l’observation des cancers survenus chez les femmes âgées de 10 à 30 ans a permis de mettre en évidence un risque de cancer invasif du col de l’utérus inférieur chez les jeunes femmes ayant reçu à minima une dose de vaccin quadrivalent contre les HPV avec une réduction plus marquée chez celles vaccinées avant l’âge de 17 ans. Pour Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, «l’élimination d'un cancer aurait auparavant semblé un rêve impossible, mais nous disposons aujourd'hui d’outils efficaces et peu coûteux, s'appuyant sur des données probantes, pour faire de ce rêve une réalité». «Nous ne pouvons toutefois éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique que si nous démontrons une détermination sans faille pour que l’utilisation des outils dont nous disposons soit élargie à l’échelle mondiale», souligne-t-il. Concernant le rapport coût/efficacité des vaccins antiHPV, il dépend fortement du prix des vaccins, des coûts opérationnels, de la prévalence du HPV, du nombre de doses administrées par personne et de la mise en œuvre des services de dépistage et de traitement du cancer, en particulier en situation de ressources limitées. L’analyse du rapport coût/efficacité, réalisée par l’OMS à l’échelle mondiale à partir des données recueillies au niveau de plusieurs pays, porte à croire que la vaccination des filles préadolescentes offre habituellement un bon rapport coût/efficacité, en particulier dans les situations de ressources limitées, où la couverture des autres mesures de prévention et de lutte contre le cancer est souvent faible.

Le dépistage régulier, une nécessité absolue
Bien qu’il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre les infections à HPV, le dépistage et le traitement des maladies pré-invasives du col utérin sont d’une grande efficacité pour prévenir l’évolution vers un cancer du col. Sur les 604.000 femmes confrontées à ce cancer dans le monde, presque 85% des cas proviennent de pays à faibles revenus. La situation socioéconomique d’un pays influence le nombre de cancers du col de l’utérus : plus le pays est riche, moins ce type de cancer y est présent. Dans les pays disposant d’un bon dépistage (comme ceux Amérique du Nord, d’Europe occidentale, la Nouvelle-Zélande et l’Australie), le nombre de cancers du col est généralement peu élevé en comparaison avec des pays semblables qui n’organisent pas les dépistages de manière effective. L’introduction des vaccins anti-HPV doit donc s’inscrire dans le cadre d’une stratégie complète et coordonnée de prévention du cancer du col utérin et d’autres maladies liées aux PVH. «Cette stratégie devra notamment reposer sur des efforts d’éducation visant à réduire les comportements qui entraînent un risque accru d’infection à HPV, sur des activités de formation des agents de santé et sur des initiatives d’information des femmes au sujet du dépistage, du diagnostic et du traitement des lésions précancéreuses et des cancers», estime l’Organisation mondiale de la santé. L’introduction des vaccins anti-HPV devra également prévoir un accès accru à des services thérapeutiques et de dépistage de qualité, au traitement des cancers invasifs et aux soins palliatifs. «L’introduction du vaccin anti-HPV ne doit pas détourner ou compromettre le financement des efforts de développement ou de pérennisation de programmes efficaces de dépistage du cancer du col utérin», lit-on dans un rapport de l’OMS. La vaccination anti-HPV est donc une intervention de prévention primaire et n’élimine pas entièrement la nécessité de dépistages ultérieurs au cours de la vie car les vaccins existants ne protègent pas contre tous les types de HPV à haut risque et n’ont qu’un impact limité sur la maladie chez les femmes d’un âge plus avancé que celui dans les groupes ciblés par la vaccination. 


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