
-
Le porte-parole de l'UE a mis un terme aux tentatives d’exploitation en réaffirmant que ni l’Union européenne, ni aucun de ses Etats membres ne reconnaissent la pseudo “rasd”
-
Ces MRE et expatriés qui posent leurs valises au Maroc
-
Dans l'élan des préparatifs du 12ème Congrès de l'USFP : Un débat politique riche en enseignements
-
Chômage, mépris et exil
Et pour cause, schizophrénie rime, le plus souvent et à tort, avec folie, mais encore dédoublement de personnalité, quand elle n’est pas associée à une violence accrue. Comme pour la majorité des troubles psychotiques, la schizophrénie souffre donc d'amalgames stigmatisants. D’où l'intérêt de rétablir la vérité. Malgré les circonstances sanitaires, les Journées de la schizophrénie ne lâchent rien et s'attachent justement à combattre ces préjugés.
Cette année, la 18ème Journée mondiale de la schizophrénie, une pathologie chronique qui touche, à l'échelle internationale, 1% de la population mondiale, s’est transformée en des "journées" qui vont donc du 13 au 20 mars. C’est pas plus mal tant le mal est profond. “Lorsque l’on traduit “schizophrénie” en arabe, tous les sites affichent dédoublement de personnalité comme résultat. Pourtant, la schizophrénie n’est pas le trouble de personnalité multiple, pas plus qu'elle est le fruit d’un sort”, s'insurge Ruban d’espoir, l’association qui a fait de la lutte pour l'essor de la santé mentale au Maroc son cheval de bataille. Elle estime à 340.000, le nombre de personnes atteintes de cette maladie du cerveau appartenant à la famille des psychoses. Et certainement autant de citoyennes et de citoyens qui souffrent non seulement du regard des autres mais aussi d’un diagnostic retardé.
Comme l’a rappelé, mercredi soir, le Dr Tahiri Mehdi, psychiatre et addictologue, lors d’un webinaire organisé parmi tant d’autres par Ruban d’espoir, les préjugés retardent fatalement le diagnostic de la maladie. Le temps d’épuiser toutes les adresses de sorcières, charlatans et autres recettes miracle, l’état du patient s'aggrave forcément. Entre-temps, de cinq à dix ans sont passés. Une éternité quand il faut soigner la personne au plus vite pour que les symptômes (voir par ailleurs) ne “contribuent pas à un retentissement important pour les patients dans leur quotidien et deviennent handicapants”, nous expliquent les membres de ladite association. Un véritable handicap, d’autant que la schizophrénie “apparaît principalement au début de l'âge adulte (entre 15 et 25 ans), sans distinction de sexe ou de milieu social, et évolue par épisodes”, conclut le communiqué de Ruban d’espoir.
Evidemment, pour faire bouger les lignes, on n’ira pas jusqu’à demander un lavage de cerveau pour certains. Mais on n’en est pas loin. Au fait, la sensibilisation demeure le meilleur moyen afin de changer la perception collective d’une maladie dont les porteurs ne sont pas plus dangereux que la normale. Il est en effet plus que probable qu'il existe des personnes atteintes de schizophrénie dans votre entourage sans que vous vous en rendiez forcément compte. Tout le monde n’est pas un génie du rock ou des mathématiques. Cela dit, toute personne atteinte de schizophrénie a le droit de vivre comme vous et moi.
Chady Chaabi
Dr. Imane Rouhli, psychiatre et psychothérapeute: La stigmatisation est un obstacle à l’insertion socioprofessionnelle

Dr. Imane Rouhli : Peut-être parce qu'on ne lui a pas encore trouvé une cause directe. C’est une pathologie certes biologique mais multifactorielle qui peut s’annoncer sous différentes formes en dehors des hallucinations et des délires.
Les personnes qui en sont atteintes sont-elles dangereuses ?
Le taux de violence chez les patients souffrant de schizophrénie est égal à celui observé dans la population générale. Néanmoins dans certains cas, le patient peut être dangereux pour lui-même ou les autres surtout en l’absence de traitement et de prise en charge.
Quelles difficultés rencontrent-elles en société ?
La stigmatisation de la maladie mentale, en général, et de la schizophrénie, en particulier, est un obstacle de taille qui fait barrage en termes d’insertion socioprofessionnelle des personnes qui en souffrent, ce qui les rend dépendantes financièrement de leurs proches ou en marge de la société selon les cas.
On parle souvent des schizophrénies au pluriel ?
Il s’agit effectivement de schizophrénies au pluriel. La maladie ayant différentes facettes ou formes, en plus des symptômes “Florides” avec des délires et des hallucinations, on peut retrouver des troubles cognitifs avec un déclin important, ou des troubles de l’humeur, ou encore ce qu’on appelle des signes déficitaires avec retrait et isolement par exemple.
Est-il possible de s’en prémunir ?
La prévention concerne surtout les personnes à risque, notamment celles qui ont des antécédents familiaux de schizophrénie par exemple, on peut aussi parler d’un mode de vie sain pour s’en prémunir loin des substances psychoactives, le cannabis en particulier.
Pourquoi le cannabis en particulier ?
Il y a une relation entre la consommation du cannabis et le déclenchement de la maladie chez les sujets prédisposés d'une part, et entre la consommation et l'aggravation des symptômes de la maladie d’autre part.
Peut-on la diagnostiquer suffisamment tôt ?
Il y a ce qu’ on appelle les phases prodromique subsyndromique. Cela peut durer des années avant l’apparition des premiers symptômes. Le dépistage et le diagnostic durant ces phases est un défi qui doit être relevé par tout acteur de soins.
Est-ce qu’il y a des traitements efficaces ?
Il existe différents traitements médicamenteux et d’autres non médicamenteux et qui sont efficaces pour traiter et accompagner les personnes souffrant de schizophrénie. Les médicaments antipsychotiques notamment de 2ème et 3ème génération sont des médicaments indispensables pour traiter la maladie. D'autres traitements comme l'électroconvulsivothérapie ou les psychothérapies peuvent être associés selon les cas.
Un rétablissement est-il possible ?
Le rétablissement et la guérison sont deux notions différentes. Le rétablissement dans le sens d'avoir une qualité de vie satisfaisante et adaptée est tout à fait possible, notamment avec une prise en charge médicale et psychosociale. Guérir, c'est ne plus avoir de maladie. Dans notre cas, c'est une maladie chronique comme le diabète. On peut être rétabli mais pas guéri.
Propos recueillis par C.C