La musique de Bach clot le Festival d'Avignon

Vendredi 26 Juillet 2013

La musique de Bach clot le Festival d'Avignon
C'est presque un spectacle "à la bougie" qu'ont donné mardi soir la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker et le Français Boris Charmatz, en duo sur l'immense scène de la Cour d'honneur du Palais des papes sur la "Partita N°2" de Bach.
Le spectacle débute dans le noir total: la violoniste Amandine Beyer s'avance seule sur scène et joue. Puis les deux chorégraphes s'avancent et dansent, sans musique.
Un manque se crée alors, et une sidération: on craint un instant qu'ils aient choisi une option radicale, et combien frustrante: la musique d'abord, et la danse ensuite.
Mais non, ils reprennent ensuite en trio, et on est suspendu. On retrouve le style si particulier d'Anne Teresa de Keersmaeker, avec ses marches, ses courses éperdues, ses pas en équilibre sur une note, sa précision géométrique.
C'est tout en finesse, sans effet spectaculaire, et en parfait accord avec le titre qu'avait donné Bach à son œuvre, "sei solo": "tu es seul".
Pour Amandine Beyer, qui joue depuis l'enfance la "Partita", morceau mythique pour les violonistes, Bach est toujours en dialogue avec Dieu.
C'est en tout cas un frémissement spirituel qu'on ressent devant une danse épurée, qui fait corps avec le violon.
Bach, avec sa musique très structurée, "à la fois mathématique et sensible", est avec le compositeur minimaliste Steve Reich et Béla Bartok, l’un des trois compositeurs préférés de la chorégraphe belge.
"C'est aussi une musique très dansante" remarque-t-elle, avec son "Allemande", sa "Courante" et sa "Gigue".
Le duo alterne les moments tout en retenue, en équilibre sur le fil du violon, et les moments d'exultation joyeuse.
"On s'est accordé avec Amandine comme on accorde un violon, en travaillant par strates successives en partant de la basse" qui sous-tend l'oeuvre, décrit Boris Charmatz.
"Comme toujours dans mon travail, il y a l'architecture, la géométrie, une forme très abstraite, mais aussi des sources secrètes", décrit la chorégraphe.
L'oeuvre est une épure, et mieux vaut être tout près pour l'apprécier pleinement: après les applaudissements, Anne Teresa de Keersmaeker et Boris Charmatz s'avancent vers le public, sur le devant de la scène pour un "bis" aux gestes très doux, la main effleurant la joue, le baiser soufflé dans la paume en "au revoir" d'une intimité rare.

AFP

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