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La gardienne de but de la Chine préfère les crampons aux podiums

Zhao Lina : A part mes parents et ceux de mes coéquipières, il y a peut-être quelques dizaines de vrais supporters qui viennent voir les matches. Mais le foot féminin chinois est habitué à ça.


Libé
Lundi 11 Juin 2018

C'est le visage de l'équipe de Chine de football féminin: la gardienne de but Zhao Lina, dont le physique impressionnant culmine à 1m88 et attire les agences de mannequins, se bat pour donner aux footballeuses davantage de visibilité.
Le pays asiatique, dont le président Xi Jinping est fan de ballon rond, ambitionne d'organiser et un jour de remporter la Coupe du monde masculine.
Les clubs chinois dépensent des sommes folles pour attirer joueurs et entraîneurs étrangers, tandis que les autorités encouragent la construction d'infrastructures et la pratique du football chez les jeunes.
Parmi ces stars internationales venues jouer en Chine figure l'attaquant argentin Carlos Tevez. Avant de quitter le club début 2018, il empochait au Shanghai Shenhua 730.000 euros par semaine, selon la presse.
Pour sa part, Zhao Lina, 26 ans, qui a participé aux Jeux olympiques 2016 et compte plus de 50 sélections en équipe nationale, gagne seulement 10.000 yuans par mois (1.300 euros) dans son équipe du Shanghai Rural Commercial Bank. Et elle est la mieux payée.
Son salaire est "loin d'être suffisant" et la jeune joueuse compte bien gagner davantage, explique-t-elle à l'AFP. Mais son principal objectif reste d'intéresser le grand public au football féminin.
Toutes les membres de son équipe sont professionnelles. Elles jouent leurs matches à domicile dans une université de Shanghai.
"Le stade est seulement à moitié plein, alors même qu'il ne peut accueillir que quelques centaines de personnes", se désole Zhao Lina, au club depuis son adolescence.
"A part mes parents et ceux de mes coéquipières, il y a peut-être quelques dizaines de vrais supporters qui viennent voir les matches. Mais le foot féminin chinois est habitué à ça."
Ce n'est pas faute de résultats. Car si la sélection nationale masculine fait l'objet de railleries pour ses piètres résultats (une seule participation à une Coupe du monde en 2002), les féminines sont redoutées sur la scène internationale.
Surnommées les "Roses d'acier", elles ont remporté huit Coupes d'Asie, pointent à un honnête 17e rang mondial au classement Fifa et sont qualifiées pour le Mondial féminin 2019 qui se déroulera en France.
Les rencontres de l'équipe nationale féminine sont régulièrement diffusées à la télévision. Mais Zhao Lina se désole du manque d'attention porté aux matches de clubs.
"Si personne ne vient nous voir jouer, à quoi bon?", s'interroge-t-elle après une dure séance d'entraînement sous le soleil shanghaïen.
"Les gens ne savent même pas qu'il y a des clubs pros de football féminin. Ils s'imaginent qu'on travaille la journée et qu'on s'entraîne le soir", sourit Zhao Lina.
"Des fois je trouve qu'on est dans une situation un peu désolante car on se donne à 100% comme les hommes, mais sans la même reconnaissance ni le même salaire."
Avec son agilité, sa grande taille et son physique avantageux, Zhao Lina a déjà tapé dans l'oeil d'agences de mannequins voulant la recruter. Mais son entraîneur a opposé son veto.
La joueuse, qui s'est fait tatouer son surnom "Nana" sur la main, a toutefois vraiment pensé à quitter le football. Notamment pendant ses périodes de blessure ou de lassitude.
"Je suis allée voir des agences de mannequins. Je voulais essayer. Mais j'ai découvert que je ne voulais pas faire ça", explique Zhao Lina.
Cette férue de musique est également une batteuse avertie et espère un jour monter son propre groupe.
Courtisée par des clubs étrangers, elle préfère rester à Shanghai, où vit encore sa famille. Celle-ci la soutient avec ferveur, même si sa mère ne voyait au départ pas d'un bon oeil la passion de sa fille pour le football.
Zhao Lina a grandi avec ses parents et ses grands-parents dans un petit appartement, où elle dormait sur un canapé de la chambre parentale.
"Je veux gagner davantage d'argent, pour pouvoir leur payer un nouveau logement", explique-t-elle.
"J'espère que le salaire des footballeuses va augmenter. Mais surtout, j'espère que davantage de gens suivront le foot féminin".


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