L’allocution de Poutine a été, selon le communiqué de l’Elysée qui s’en est suivi, traversé par de nombreux “extraits paranoïaques”

-
Appel pour le renforcement des Institutions nationales africaines des droits de l'Homme
-
Une avancée technologique au service de l’efficacité législative
-
Formation professionnelle : La Mauritanie souhaite bénéficier davantage de l'expérience marocaine
-
Le Président mauritanien reçoit le président de la Chambre des représentants
Lors d’un discours fleuve dans la soirée du lundi, qui a duré plus d’une heure, le président russe Vladimir Poutine a déclaré la reconnaissance par son pays des deux républiques autoproclamées, à l’Est de l’Ukraine dans la région du Donbass, de Donetsk et Longank, dont la guerre avec l’Ukraine a fait en huit ans plus de 14.000 morts. Par ailleurs, dans la foulée, le maître du Kremlin, a donné par un décret présidentiel, l’ordre aux forces russes «d’assumer le maintien de la paix» dans lesdites «républiques».
«Quant à ceux qui ont pris le pouvoir à Kiev et qui le gardent, nous exigeons d’eux l’arrêt immédiat des opérations militaires, autrement toute la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sans reposera totalement sur la conscience du régime en territoire ukrainien», a-t-il clamé dans sa longue allocution à la nation russe.
Sur le plan juridique, le déploiement des troupes armées russes dans la région de Donbass, sous couvert du souci du maintien de la paix, est saisi par d’aucuns, particulièrement les USA et leurs alliés comme un début d’invasion de l’Ukraine puisqu’ils ne reconnaissent pas l’indépendance des deux républiques autoproclamées de Donetsk et Longank. D’ailleurs, la crise ukrainienne a atteint cette semaine son point culminant avec l’enregistrement de près de (3000 violations du cessez le-feu décrété en vertu du protocole de Minsk (2014 et 2015).
Aussitôt, l’Ukraine, soutenue par les USA et ses alliés a demandé une réunion «immédiate» du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies(ONU), demande se fondant sur les mémorandums de Budapest, des accords signés par la Russie en 1994 garantissant l’intégrité et la sécurité de trois ex-républiques soviétiques, dont l’Ukraine, en échange de l’abandon des armes nucléaires héritées de l’URSS. Et déjà, en 2014, lors de la guerre de Crimée, l’Ukraine s’était référée à ses mémorandums pour rappeler à la Russie ses engagements sur les frontières.
Il est à rappeler que la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le conflit de l’Ukraine a eu lieu le 17 février, à l’initiative de la Russie et qu’auparavant, une réunion de l’institution onusienne s’était tenue le 31 janvier dernier à la demande des Etats-Unis d’Amérique et avant tourné à l’affrontement verbal virulent entre Américains et Russes. Là-dessus, les réactions de déception mais aussi surtout de dénonciation des décisions «arbitraires» de Moscou, qualifiant la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes en Ukraine par Moscou de «violation flagrante de la souveraineté» de ce pays et «de répudiation» des accords de paix de Minsk. «C’est clairement contraire au droit international. C’est une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité de l’Ukraine, c’est une répudiation des accords de Minsk», a notamment réclamé Boris Johnson lors d’une conférence de presse.
Plusieurs pays européens se sont ainsi rangés du côté du pays de l’oncle Sam pour menacer de sanctions dures et fermes contre la Russie. Toutefois, la réaction de l’USA s’est révélée aux yeux de certains observateurs, particulièrement tiède. En effet, le président Joe Biden s’est contenté d’annoncer qu’il allait entreprendre des sanctions contre les séparatistes des républiques autoproclamées au lieu de s’en prendre directement au maître du Kremlin.
Vladimir Poutine, qui s’est employé, depuis plusieurs jours à déjouer la vigilance des Occidentaux, a bien donné un blanc seing aux républiques autoproclamées séparatistes en reconnaissant solennellement (par décret présidentiel) leur indépendance mais est parti encore plus loin en intimant l’ordre aux forces militaires russes de se charger de la mission de maintenir de la paix et de la sécurité » dans «leurs territoires» respectifs. Or, c’est en tout état de cause, un début d’invasion de l’Ukraine puisqu’en face, ni les USA, ni les Européens alliés ni même l’ONU n’ont reconnu lesdites entités séparatistes et toute intervention russe dans les territoires concernés du Donbass peut dans la logique du droit international être interprétée comme une invasion de l’Ukraine.
A cet effet, la réaction de l’occupant de la Maison Blanche pourrait être conçue comme le retour des procédés de la Guerre froide marquée par l’hostilité graduelle sans jamais franchir le pas vers l’affrontement direct. D’ailleurs, de leur côté, les pays européens, même les plus impliqués tels que la France et la Grande-Bretagne, en déclarant, à tout va, leur soutien aux autorités ukrainiennes, n’ont jamais envisagé d’intervenir militairement, justifiant cette attitude franchement passive parle fait que l’Ukraine ne fait pas partie de l’Otan et qu’aucune clause du statut de cette organisation ne dispose que les pays membres peuvent intervenir en faveur d’un pays qui n’en est pas membre.
Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, dont une réunion extraordinaire urgente s’est tenue, répondant à l’appel insistant de l’Ukraine, de la France, d’autres pays européens, il s’est limité à fustiger la position et les actes du Kremlin et à appeler à la retenue et au maintien de la voie diplomatique. L’on doit retenir, à ce propos, que le président Poutine, lors de son discours de lundi, a justifié ses décisions (la reconnaissance des « républiques » autoproclamées du Donbass et les ordres à l’armée de veiller au maintien de la paix sur « leurs » territoires), par un sentiment d’encerclement acharné de la part des Occidentaux. Son allocution a été, selon le communiqué de l’Elysée qui s’en est suivi, traversé par de nombreux « extraits paranoïaques ».
D’autre part, l’on doit s’attendre à un veto de la part de la Chine dans le cas d’un vote d’une résolution condamnant la reconnaissance russe desdits séparatistes. Là-dessus, quand bien même l’Union européenne voudrait recourir à des sanctions économiques à la mesure de l’acte belligérant de Moscou, de fort probables divergences pourraient se manifester entre les Etats membres de cette organisation continentale, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ayant des intérêts très importants dans leurs rapports avec la Russie qu’il serait hasardeux de sacrifier … La suite s’avère grandement incertaine !