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Les options du président sont limitées : soit trouver une personnalité consensuelle capable de rallier le centre et les socialistes, soit convoquer de nouvelles élections législatives qui ne semblent pas en mesure de produire une majorité stable, soit recourir à l’article 16 de la Constitution, avec ce qu’il implique comme concentration exceptionnelle du pouvoir exécutif.
Mais l’impasse dépasse les calculs politiques. La crise économique, avec une dette publique record et des plans d’austérité controversés, se conjugue à des tensions sociales croissantes qui pourraient paralyser le pays dans les prochaines semaines. Dans cette équation complexe, la France apparaît à un carrefour : soit réussir à recomposer un équilibre politique garantissant un minimum de stabilité, soit s’enliser dans une spirale prolongée de crises qui menaceraient son rôle européen et international.
Depuis la réélection d’Emmanuel Macron pour un second mandat en mai 2022, les crises politiques se succèdent en France. Le président a nommé quatre Premiers ministres et devra désormais trouver un cinquième chef de gouvernement, ou dissoudre l’Assemblée nationale, après que les députés ont retiré lundi dernier leur confiance au gouvernement de François Bayrou. Celui-ci présentera sa démission au président après moins de neuf mois au pouvoir, plongeant à nouveau le pays dans une crise politique grave et inédite sous la Ve République.
La France vit en effet une période d’instabilité depuis la décision de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale en juin 2024, à la suite du triomphe de l’extrême droite aux élections européennes. Malgré des législatives anticipées, le paysage politique est devenu encore plus fragmenté, avec trois grands blocs au Palais-Bourbon – la gauche unie, l’alliance de la droite et du centre, et l’extrême droite – sans majorité claire. Toute coalition gouvernementale apparaît dès lors extrêmement fragile.
Le gouvernement Bayrou est tombé après que le Premier ministre a demandé un vote de confiance sur le projet de budget 2026, prévoyant 44 milliards de dollars d’économies et la suppression de deux jours fériés pour freiner une dette publique qui atteint 114% du PIB.
Les dirigeants de l’extrême droite réclament une solution rapide par la dissolution de l’Assemblée et la tenue d’élections anticipées, scrutins dans lesquels le parti de Marine Le Pen est donné favori par les sondages. De son côté, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon exige la démission de Macron et la convocation d’élections présidentielle et législatives anticipées.
Dans ce contexte, les marges de manœuvre de Macron paraissent réduites. Il a affirmé vouloir aller au terme de son mandat en nommant un nouveau Premier ministre, mais n’a pas exclu la possibilité de nouvelles législatives. Avec cette démission, Macron perd néanmoins son deuxième chef de gouvernement depuis sa décision surprise de 2024 de dissoudre l’Assemblée après le succès de l’extrême droite aux européennes, une initiative qui a plongé le pays dans une double crise politique et financière sans lui offrir de majorité parlementaire.
Avant le vote, Bayrou avait déclaré devant l’Assemblée nationale: «C’est une véritable épreuve en tant que chef de gouvernement (…) J’ai choisi de l’affronter, car l’avenir du pays est en jeu face à son endettement excessif». Et d’ajouter: «Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas celui d’effacer la réalité», comparant le poids de la dette à une «force militaire» privant le pays de sa liberté.
Après la démission de son Premier ministre, Macron se retrouve cerné par une extrême droite en pleine ascension et une gauche LFI de plus en plus hostile qui réclame son départ. Il doit donc élargir sa base centriste et chercher une personnalité de compromis issue du centre ou de la droite acceptée par les socialistes. C’est le premier scénario de sortie de crise. Le deuxième serait d’organiser de nouvelles élections législatives, mais les sondages prédisent qu’aucun camp n’y obtiendrait de majorité. Le troisième scénario, plus exceptionnel, consisterait à refuser la démission et activer l’article 16 de la Constitution de la Ve République, qui accorde au président des pouvoirs législatifs et exécutifs étendus en cas de crise grave – un dispositif déjà utilisé par le général de Gaulle lors de la tentative de putsch militaire pendant la guerre d’Algérie.
A cette impasse politique et budgétaire s’ajoute la perspective de fortes mobilisations sociales: le mouvement «Bloquons tout» appelle à des actions de terrain, soutenu par certains syndicats de gauche, avant une grève générale et des manifestations prévues le 18 septembre contre la politique d’austérité.
Ainsi, la France affronte une crise politique et sociale d’une grande complexité, qui fragilise sa position auprès de ses partenaires européens, affecte son rôle dans la guerre en Ukraine et l’expose à une situation financière critique vis-à-vis de ses créanciers.
Paris – Youssef Lahlali