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Selon ce document, la situation du secteur n’a pas évolué depuis la mission parlementaire exploratoire de 2015. Plusieurs recommandations et propositions de cette mission sont restées lettre morte six ans après. C’est le cas de l’encouragement de l’industrie nationale en médicament qui répond aujourd’hui à seulement 51% des besoins nationaux alors qu’elle était censée couvrir, selon les recommandations de 2015, 80% de ces besoins.
En effet, notre pays reste dépendant de certaines sociétés pharmaceutiques et de laboratoires fantômes qui existent depuis le rapport de 2015 et qui importent des médicaments à portée stratégique pour nos concitoyens étant fortement utilisés pour le traitement de maladies comme le cancer, le diabète, la tension artérielle,… A noter qu’il s’agit de médicaments qui n’ont pas d’analogues au Maroc. Le rapport parlementaire a observé qu’entre 2018 et 2021, plusieurs missions d’inspection ont été effectuées au sein de ces laboratoires fantômes et que la DMP accompagne ces établissements pour qu’ils s’adaptent aux lois et aux règlements en vigueur au niveau national et international.
En outre, ledit rapport a enregistré des ruptures d’approvisionnement de certains médicaments importés bien qu’ils puissent être produits au Maroc notamment ceux relatifs aux maladies chroniques et à l’anesthésiologie. Une situation qui demeure compliquée d’autant qu’il n’y a pas d’encouragement des médicaments génériques comme cela a été décidé dans les recommandations de la mission parlementaire de 2015. Dans ce sens, les membres de la mission exploratoire temporaire ont révélé des accusations de complicité et d’entente entre lobbies pharmaceutiques afin d’entraver la procédure d’octroi d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en créant des mesures artificielles pour entraver la politique du médicament escomptée ou retarder le processus de prise de décisions administratives relatives aux médicaments génériques.
La question des prix des médicaments a également été soulevée puisqu’ils sont restés élevés par rapport à d’autres pays qui ont le même revenu par habitant, malgré les recommandations et les débats publics concernant cette question. A rappeler que lesdits prix sont fixés depuis 2014 selon les prix pratiqués dans les six pays de référence (Arabie Saoudite, Belgique, Espagne, France, Portugal, Turquie et dans le pays d’origine dudit médicament). Il faut ajouter également à ce prix les 10% qui représentent la marge des charges de l’importation additionnées à l’impôt et la marge de gain des pharmaciens.
S’agissant du fonctionnement et du rôle de la DMP, ledit rapport a constaté que le système informatique de cette administration est fallacieux et manque de transparence auprès des citoyens et des intervenants dans le secteur de l’industrie pharmaceutique et crée des problèmes au niveau de l’accès à l’information.
Des lacunes ont également été recensées concernant le contrôle des produits cosmétiques et des fournitures médicales. En effet, ces derniers ne demandent pas une AMM de la part de la DMP et cette dernière n’a pas de pouvoir exécutif pour imposer des sanctions concernant le contrôle et l’inspection des produits de beauté et des compléments alimentaires qui ne respectent pas les conditions de sécurité sanitaire. En cas de plainte, la Direction suit les procédures juridiques en vigueur, mais sans plus.
Les services de la DMP ne contrôlent pas non plus les points de vente du lait pour enfant dont le prix n’est pas fixé comme c’est le cas pour les médicaments. Idem pour les compléments alimentaires et les fournitures médicales, les prix sont libres puisqu’il n’y a pas de texte juridique encadrant cette question sauf pour les fournitures de type 3.
Concernant les autorisations de mise sur le marché, les médicaments en provenance de l’étranger ont droit à des AMM sans passer par des missions d’inspection comme le stipule la loi 17.04. Le service des médicaments et de pharmacie se contente uniquement de traiter et d’évaluer les dossiers et les documents pour s’assurer de la sûreté et de la qualité du médicament. A noter que la société concernée doit disposer d’une usine pour la production des médicaments et doit déposer plusieurs documents sur le nombre du personnel, l’AMM n’est accordée qu’après contrôle et inspection sur le terrain.
Comment les membres de ladite mission envisagent-ils l’avenir du secteur des médicaments et de la DMP ? Ils recommandent la création d’une Agence nationale du médicament et des produits de santé qui jouit de l’indépendance administrative et de l’autonomie financière pour remplacer l’actuelle DMP et encourager l’industrie nationale du médicament pour garantir l’indépendance et la souveraineté en termes de médicaments.
Sur un autre registre, les membres de la mission ont proposé la simplification des procédures administratives via la généralisation de l’utilisation des plateformes numériques et le renforcement de l’arsenal juridique encadrant le secteur du médicament, à commencer par la révision de la loi 17.04 portant Code du médicament et de la pharmacie.
Ils ont également exigé de garantir la qualité des médicaments importés et d’instaurer une politique du médicament efficace garantissant l’accessibilité au médicament en impliquant les acteurs et les parties prenantes du secteur.
Hassan Bentaleb