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La Corée du Sud, Eldorado des prétendantes vietnamiennes au mariage


AFP
Samedi 7 Août 2010

Lê se souvient avoir été présentée à deux Sud-Coréens avec trois autres Vietnamiennes, par une agence dans l'ex-Saïgon. Après une demi-heure de discussion, les deux hommes faisaient leur choix. Trois jours plus tard, à 25 ans, Lê était mariée. "Je suis partie à cause des difficultés économiques de ma famille", raconte la jeune femme.
C'était en 2007. Ses parents, qui gagnent 1 à 1,5 million de dongs (40 à 60 euros) par mois, allaient en toucher 10 millions pour le mariage. Plus rien ensuite. En Corée du Sud, les espoirs de Lê allaient tourner court.
"Je n'étais pas battue, mais enfermée toute la journée", dit-elle. Son mari "criait tout le temps". Elle allait finir par s'enfuir, être expulsée.
Un an après son départ, elle rentrait dans sa province du delta du Mékong, Vinh Long.
Lê, qui ne donne que son prénom, s'exprime depuis un centre local de l'Union des femmes. Le centre conseille des jeunes qui envisagent un mariage à l'étranger, en aident d'autres rentrées en catastrophe.
Les Vietnamiennes partaient avant surtout se marier à Taïwan. Selon des statistiques recueillies par des chercheurs, depuis le début des années 1990, quelque 100.000 épouses vietnamiennes y ont été enregistrées. Puis l'île a durci ses procédures.
"Maintenant, la Corée du Sud est la principale destination", relève Hong-zen Wang, de l'université taïwanaise Sun Yat-sen. Plus de 40.000 Vietnamiennes, notent encore les chercheurs, s'y sont mariées entre 2004 et 2009. Elles sont aujourd'hui les épouses étrangères les plus nombreuses après les Chinoises: près de 20% du total. La pauvreté, généralement, les pousse au départ. Fréquemment issues de milieux ruraux du delta du Mékong, dans le sud du Vietnam, elles sont souvent repérées par des agences matrimoniales opérant dans l'illégalité depuis Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon.
Les Sud-Coréens, Taïwanais auraient-eux du mal à trouver chez eux des épouses prêtes à endosser le rôle traditionnel de femme au foyer, note Danièle Bélanger, de l'université canadienne de Western Ontario, dans une étude publiée en France par l'Institut national d'études démographiques.
Les médias vietnamiens se font parfois l'écho de descentes de police dans des "parades" où des Vietnamiennes sont exhibées devant de potentiels époux.
La mort d'une jeune de 20 ans, qui aurait été tuée par son mari huit jours après son arrivée en Corée du Sud, vient de relancer le débat au Vietnam sur ces mariages. Mais Hanoï reconnaît qu'il est difficile de déceler ceux organisés illégalement.
Une nébuleuse d'agences hors la loi dans le pays communiste s’est engagée dans un véritable business: les hommes peuvent débourser plus de 10.000 dollars pour trouver une femme.
Mais les experts notent aussi l'importance croissante des relations nouées via des proches. Ces liens peuvent être réellement personnels, mais les proches travaillent encore souvent pour des intermédiaires, explique Mme Bélanger à l'AFP.
La chercheuse met toutefois en garde contre la stigmatisation des femmes qui partent. "Il ne faut pas minimiser les problèmes" qu'elles peuvent rencontrer, dit-elle, mais il n'y a pas que "des abus".
Les femmes ont des motivations "économiques" mais aussi le désir de trouver "un mari, un bon mari", un "désir de mobilité sociale", note-t-elle, évoquant le cas d'une Vietnamienne partie avec un niveau scolaire élémentaire et devenue interprète en Corée.
Tran Giang Linh, de l'Institut vietnamien d'études de développement social (ISDS), s'est penchée sur une autre province du delta, Can Tho: là, des femmes ont pu renvoyer plus de 3.000 dollars sur un an à leur famille -- trois fois le revenu par tête du pays.
Ces femmes "veulent partir et le mariage est devenu un moyen d'aller à l'étranger", note Le Bach Duong, directeur de l'ISDS. Ces mariages sont "une forme de migration".


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