M. Chareh, dont les propos ont été rapportés dimanche par les médias officiels, s'est exprimé samedi, le jour où des centaines de personnes ont manifesté dans la province méridionale de Soueida à majorité druze pour dénoncer les violences communautaires de juillet et réclamer le droit à l'autodétermination.
"Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie et il nous reste une autre bataille, celle d'unifier la Syrie", a dit M. Chareh devant de hauts responsables et des notables de la province d'Idleb (nord-ouest).
"Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire (...) mais dans le cadre d'une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre", a-t-il ajouté.
M. Chareh a affirmé que "la Syrie n'est pas menacée de division. Certains veulent cela et la création de cantons mais c'est impossible". "Certaines parties cherchent le pouvoir à travers des puissances régionales, Israël ou autres", a-t-il accusé.
Lors du rassemblement à Soueida, certains manifestants ont brandi le drapeau israélien et réclamé l'autodétermination de la région. "Soueida libre" ou "Al-Jolani dégage", ont-ils scandé, en référence à M. Chareh, connu jadis sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani lorsqu'il dirigeait un groupe rebelle islamiste.
Les affrontements d'une semaine à Soueida avaient éclaté le 13 juillet entre combattants druzes et bédouins sunnites, avant de s'étendre avec l'intervention des forces gouvernementales et de volontaires venus d'autres régions.
Damas affirme que ses troupes sont intervenues pour mettre fin aux violences. Mais des témoins, des factions druzes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme les ont accusées d'avoir pris parti pour les bédouins et commis des exactions contre les druzes.
Selon l'OSDH, les violences ont fait environ 1.600 morts, majoritairement des civils druzes.
M. Chareh a reconnu que Soueida "a été le théâtre de nombreuses violations commises par toutes les parties, dont des membres des forces de sécurité et de l'armée. Les auteurs des violations répondront de leurs actes".
Il a accusé Israël, son voisin, "d'intervenir directement à Soueida, en mettant en oeuvre des politiques visant à affaiblir l'Etat (syrien)".
Israël, disant vouloir protéger les druzes et réclamant une démilitarisation du sud de la Syrie, avait bombardé les forces gouvernementales syriennes pendant les violences à Soueida.
Par ailleurs, au sujet de l'accord sur l'intégration des institutions kurdes au sein de l'Etat, M. Chareh a dit qu'il "sera appliqué. Nous discutons des modalités de mise en oeuvre".
Les Kurdes contrôlent une grande partie du nord-est syrien et veulent la décentralisation, rejetée par Damas.