L’Espagne championne du monde et d’Europe en titre, tombeuse du Portugal (0-0 a.p, 4 t.a.b. à 2) de Cristiano Ronaldo mercredi à Donetsk en demi-finale de l’Euro-2012, s’est hissée à une marche d’un exploit inédit dans l’histoire du football: un triplé Euro-Mondial-Euro.
A Kiev, dimanche en finale, les hommes de Vicente Del Bosque tenteront de battre un record vieux de plus de trente ans qu’ils auront donc au moins égalé: depuis l’Allemagne de l’Ouest entre 1972 et 1976, aucune équipe n’avait atteint trois finales consécutives.
Vainqueur de son deuxième Euro en 2008 (après un premier titre continental remporté en 1964) aux dépens de l’Allemagne (1-0) sous la direction de Luis Aragones, la génération dorée de la Roja emmenée par Xavi avait confirmé deux ans plus tard son hégémonie à l’échelle mondiale.
Sous la houlette de Del Bosque, les Espagnols sont devenus il y a deux ans champions du monde en Afrique du Sud aux dépens des Pays-Bas (1-0 a.p.), Andres Iniesta offrant le sésame à une “Seleccion” qui avait alors dignement assumé son nouveau statut de favorite.
Quatre ans après la finale de Vienne, l’Espagne ne s’est donc pas encore départie de ce statut. Elle a jusque-là traversé l’Euro ukraino-polonais sans encombre, mais sans particulièrement briller ou donner l’impression de forcer son talent pour autant comme lors de cette demi-finale atone contre le Portugal.
Osmose
Au point de susciter quelques interrogations sur son réel niveau, notamment en l’absence de son goleador David Villa, qui ne s’est pas remis à temps de sa fracture au tibia gauche. Et sans lequel Del Bosque s’est évertué à composer son attaque, alternant entre Cesc Fabregas, dans un rôle de “faux neuf” qui a troublé, et Fernando Torres, pur avant-centre mais loin de son niveau de 2008, avant d’introniser Alvaro Negredo contre le Portugal. Jusque-là, les expérimentations, quelles qu’ont été ses résultats, n’ont pas empêché la Roja de mener à bien sa mission. Elle s’est même le plus souvent montrée sûre de sa force sans jamais faire preuve d’arrogance -comme cela fut parfois le cas avant 2008, avec moult désillusions pour seuls résultats. Le privilège de la sagesse probablement...
Et d’une confiance en soi, en son jeu, le “tiki-taka”, fait de passes courtes et répétées, à propos duquel son plus brillant représentant, Andres Iniesta, disait mardi qu’il avait changé l’histoire du football en Espagne. Cette marque de fabrique, la Roja l’a puisée chez le FC Barcelone, qui compte pas moins de sept représentants dans la sélection, soit deux de plus que le Real Madrid. Un léger déséquilibre qui n’a pas perturbé le moins du monde la bande des Madrilènes, sacrés champions d’Espagne au détriment des Catalans. Au contraire, c’est l’osmose qui prédomine.
A ce titre, l’association forcée dans la charnière centrale entre Gerard Piqué (orphelin de Carles Puyol, forfait pour une blessure à un genou) et Sergio Ramos, symbolise la réussite de cette union sacrée pour le bien commun.
Les deux joueurs ont surmonté leur prétendue inimitié en se montrant efficaces sur le terrain, faisant de la défense espagnole pour l’heure la plus hermétique du tournoi, avec 1 seul but encaissé.
Dimanche en finale, l’Espagne s’appuiera sur ces mêmes recettes. Elle peut rêver d’écrire une des plus belles pages de son histoire et de celle du football.
AFP