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L'Afrique, victime de la rareté des matches amicaux

Mercredi 23 Mars 2022

"Il faut attendre la Coupe du monde pour voir un France-Sénégal": face à un calendrier surchargé, les sélections africaines peinent à organiser des matches amicaux contre des nations européennes, au regret de leurs sélectionneurs qui aimeraient se mesurer aux meilleurs. Les champions du monde français contre la Côte d'Ivoire vendredi à Marseille, puis contre l'Afrique du Sud quatre jours plus tard à Lille, voici deux affiches rarissimes ces dernières années. "Avec le nouveau système, on n'a même plus une date possible pour faire un match amical contre une sélection africaine", regrettait fin novembre le président de la Fédération française, Noël Le Graët, dans un entretien à l'AFP. Le patron du foot français n'a pas menti: les Bleus n'ont plus affronté de nation africaine depuis le 15 novembre 2016, déjà les Ivoiriens (0-0). Par le passé, "on a fait des matches intéressants contre des équipes nationales africaines sur notre territoire où les stades étaient pleins", ajoutait le dirigeant, soulignant qu'il "aime l'Afrique". La création par l'UEFA de la Ligue des nations en Europe "a marginalisé les matches amicaux, aujourd'hui pratiquement en voie de disparition", explique à l'AFP Gaël Mahé, agent de matches Fifa, qui travaille avec les fédérations et notamment sur le continent africain. "Les fenêtres Fifa sont de plus en plus occupées par les compétitions officielles, ce qui laisse peu de places aux matches amicaux entre différentes confédérations, poursuit-il. Et pas seulement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud aussi les équipes nationales sont victimes de la mise en place de la Ligue des nations." "Il faut attendre la Coupe du monde pour voir un France-Algérie ou un France-Sénégal", regrette-t-il. De fait, les France-Côte d'Ivoire et France-Afrique du Sud seront les premiers amicaux des Bleus cette saison, et probablement les seuls de l'année 2022. "Tout est une question économique aujourd'hui", note pour l'AFP le sélectionneur du Maroc, Vahid Halilhodzic, engagé en barrages du Mondial contre la RD Congo. "Les télévisions et les médias préfèrent France-Angleterre ou France-Brésil que France-Maroc, c'est normal, mais c'est dommage." Moins d'amicaux contre les grandes nations d'Europe et d'Amérique du Sud, "c'est dommage" pour l'Afrique dont les sélections ont "envie d'avoir de meilleurs adversaires", note Didier Deschamps. "Ils sont comme nous confrontés à une réalité de calendriers pas souvent compatibles, depuis quatre ou cinq ans c'est plus compliqué de trouver des matches amicaux", ajoute le sélectionneur français, estimant que "c'est bien d'être confronté à des footballs différents". Pour Noël Le Graët, ouvert à l'hypothèse d'un Mondial biennal qui s'oppose de facto au maintien de la Ligue des nations, les Bleus "doivent" aussi rencontrer ces équipes "parce qu'on a pris tellement de joueurs au continent africain", regrettait-il avant de renoncer à un tournoi initialement prévu au Qatar pour privilégier ces amicaux plus lucratifs. Ces deux dates ont même "un vrai enjeu sportif: se préparer à affronter un adversaire africain à la Coupe du monde", estime Gaël Mahé. Ces "outils politiques de soft power mettent aussi en lumière les excellentes relations qu'entretient la France du football avec l'Afrique, analyse l'agent, s'inscrivant dans la même ligne que la récente relocalisation d'une partie des activités de la Fifa à Paris". Pour la France ou l'Angleterre, l'autre adversaire des "Eléphants" de Côte d'Ivoire en mars, "la fenêtre de mars se substitue presque à la préparation habituelle pré-Coupe du monde qui a été sacrifiée par les instances pour protéger les championnats", ajoute-t-il. Les Bleus "jouent les deux meilleurs équipes africaines disponibles, il faut pour certaines équipes être éliminées pour jouer des matches amicaux", note Mahé avec ironie. En effet, les nations africaines encore en lice se disputent fin mars cinq billets pour le Mondial-2022. "Côté africain, ces play-offs libèrent les nations éliminées, comme nous malheureusement", admet pour l'AFP Patrice Beaumelle, le sélectionneur de la Côte d'Ivoire. "La France et l'Angleterre étant déjà qualifiées, cela leur permet de se préparer pour la fin de l'année et travailler contre des équipes d'un autre continent", ajoute le technicien français, qui rappelle que son équipe a aussi joué avant la CAN contre "la Belgique à Bruxelles et le Japon à Utrecht". "C'est très important de se confronter aux meilleurs, mais j'aurais préféré les rencontrer à la Coupe du monde", conclut Beaumelle.

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