
-
Driss Lachguar : Passerelle importante vers l’Afrique, la ville d’Agadir requiert un intérêt considérable
-
Le délai raisonnable pour statuer sur les affaires, un engagement constitutionnel en faveur des droits des justiciables
-
Mustafa El Ktiri : La récupération de Sidi Ifni, une étape majeure dans le processus de parachèvement de l’indépendance nationale
-
Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
Selon le site futura-sciences, il ne passe pas un seul jour ou presque sans que ne tombe une nouvelle étude sur la durée de l'immunité au coronavirus. Si certaines sont plutôt rassurantes et mettent en avant un niveau d'anticorps significatif après plusieurs mois, d'autres alertent, au contraire, sur la faible durée de vie de ces anticorps, notamment chez les personnes asymptomatiques ou ayant développé des formes peu sévères. Certains patients n’en développent même pas du tout ! Or, cette question est fondamentale, précise notre source, si l'on veut entrevoir la fin de l’épidémie: si la durée de l'immunité est faible, il faut s'attendre à des vagues successives sans fin et à multiplier les rappels de vaccin. Si, au contraire, elle dure des années, le virus disparaîtra lorsque suffisamment de personnes auront été immunisées.
Mais que désigne-t-on par « immunité collective » (ou « immunité de la population ») ? Il s’agit selon l’OMS de « la protection indirecte contre une maladie infectieuse qui s’obtient lorsqu’une population est immunisée soit par la vaccination soit par une infection antérieure ». L’OMS prône la recherche de cette immunité par la vaccination et non en permettant à une maladie de se propager au sein d’une couche de la population, car cela entraînerait des cas de décès inutiles.
Pour aboutir en toute sécurité à cette immunité, une part importante des personnes doit être vaccinée, ce qui réduit la quantité globale de virus capable de se propager dans l’ensemble de la population. La recherche de l’immunité collective vise notamment à préserver et à protéger de la maladie les groupes vulnérables qui ne peuvent pas se faire vacciner (par exemple en raison de problèmes de santé comme des réactions allergiques au vaccin). L’OMS estime que le pourcentage de personnes qui doivent être immunisées pour parvenir à l’immunité collective dépend de chaque maladie. Par exemple, l’immunité collective contre la rougeole est obtenue quand environ 95 % de la population est vaccinée. Les 5 % restants sont protégés du fait que la rougeole ne se propagera pas parmi les personnes vaccinées. Pour la poliomyélite, le seuil est d’environ 80 %.
Concernant la Covid-19, l’OMS ignore la proportion de la population qui doit être vaccinée pour commencer à induire une immunité collective. « Il s’agit d’un domaine de recherche important qui aboutira probablement à des conclusions différentes en fonction des groupes, du vaccin, des populations prioritaires pour la vaccination et d’autres facteurs», précise l’organisation onusienne. Que disent les recherches scientifiques ?
D’après le site futura-sciences, la majeure partie des études se focalisent sur les anticorps qui apportent la réponse la plus directe et la plus rapide pour combattre les virus. Sauf que le système immunitaire est bien plus complexe que cela et dispose d'autres moyens pour se protéger. Une étude, encore non relue et publiée sur le serveur bioRxiv, suggère qu'en prenant en compte l'ensemble de la réponse immunitaire, nous pourrions être protégés du coronavirus pendant « des années », voire « des décennies ». Les chercheurs se sont penchés sur les quatre principales composantes de la réponse immunitaire, à savoir les anticorps, les lymphocytes B, ainsi que les lymphocytes T CD8+ et T CD4+. Les échantillons ont été prélevés chez 189 patients américains, âgés de 19 à 81 ans, la plupart présentant des symptômes légers. Non seulement les chercheurs ont noté une baisse relativement modeste des anticorps 6 à 8 mois après l'infection mais ils se sont aperçus que le nombre de cellules B était en hausse; une surprise non anticipée. Les cellules T ne montrent elles aussi qu'une légère et lente diminution, ce qui laisse espérer une persistance à long terme. « Cette étude est la première à tracer la réponse immunitaire de manière aussi détaillée », se félicitent les auteurs.
Ces résultats encourageants sont en ligne avec d'autres études. Il a ainsi été montré que des survivants de l'épidémie de Sras de 2003 ont encore des anticorps neutralisants 17 ans après. Une autre étude de l'université de Fribourg (Allemagne) montre que les patients atteints de Covid-19 développent une réponse immunitaire puissante par l'intermédiaire des lymphocytes T CD8+, capables d'éliminer les agents pathogènes même en l'absence d'anticorps. Pour le Pr. Moulay Mustapha Ennaji, directeur du Laboratoire de virologie de l'Université Hassan II de Casablanca, ce débat sur l’immunité collective n’a rien de nouveau. « Les études et les scientifiques divergent sur plusieurs points.
Pourtant, ils sont unanimes à considérer que cette immunité est possible dès la vaccination de 70% et plus de la population totale », nous a-t-il indiqué. Et de préciser que la vaccination reste la condition sine qua non pour atteindre cette immunité.
A ce propos, il nous a expliqué que l’objectif du Maroc d’atteindre cette immunité en mai prochain reste aujourd’hui peu probable vu le contexte international marqué par l’assèchement des sources d’approvisionnement en vaccins. « Notre pays a tout mis en place pour réussir sa campagne de vaccination et le rythme de celle-ci a été très soutenu (6.000 personne vaccinées par jour), mais il ne peut pas aller au-delà faute de vaccins», nous a-t-il fait savoir. Et de noter, cependant, que le retour à une vie normale ne sera pas possible. « Rien n’est inscrit dans le marbre. La vie est un changement continu. La vie d’avant la Covid19 ne sera pas la même que celle d’après. Il y aura des changements qu’il faut accepter et vivre avec ».
Hassan Bentaleb