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Immeuble après immeuble, Johannesburg reconquiert son centre-ville


AFP
Mercredi 4 Avril 2012

Immeuble après immeuble, Johannesburg reconquiert son centre-ville
Le centre de Johannesburg était devenu un parfait exemple de décrépitude urbaine avec ses immeubles squattés et sa criminalité galopante. Immeuble après immeuble, des promoteurs ont entamé sa reconquête, au profit des nouvelles classes moyennes.
La ville blanche qu’était Johannesburg, vitrine de l’Afrique du Sud de l’apartheid, a sombré dans les années 1980 et 1990.
Alors que la plupart de ses entreprises et de ses habitants déménageaient vers des banlieues jugées plus sûres, ils ont été remplacés par une population —très majoritairement noire— obligée de s’entasser dans des immeubles tombant en ruine et souvent exploitée par des “slumlords”, des marchands de sommeil exigeant des loyers exorbitants.
Les autorités ont mis un certain temps à réagir, alors que l’on touchait le fond à la fin des années 1990. Elles ont notamment fondé une agence chargée des espaces publics, la Johannesburg Development Agency (JDA), et fait du centre historique et des quartiers voisins une Zone de développement urbain (UDZ) bénéficiant d’avantage fiscaux.
“Parmi les choses intéressantes qui se sont produites, il y a la conversion massive d’immeubles de bureaux vétustes et vacants en bâtiments résidentiels abordables avec de petits appartements offerts à la location”, relève Sharon Lewis, chargée de la stratégie à la JDA.
L’exemple le plus impressionnant est situé à Doornfontein, un quartier peu reluisant situé à quelques pâtés de maisons du centre: un immeuble de 26 étages qui abritait une banque vient d’y être transformé en 924 appartements, après être resté vide pendant seize ans.
Les logements du “120 End Street” ne sont pas luxueux. Mais tous sont équipés d’une ligne téléphonique, d’un accès à l’internet et de la télévision par satellite. L’immeuble est propre et son accès est contrôlé par un lecteur biométrique.
Les loyers varient, selon la surface, de 1.650 à 4.500 rands (165 à 450 euros) par mois. “Nos cibles doivent gagner entre 3.500 et 12.000 rands (350 à 1.200 euros), être citoyens sud-africains ou résidents permanents, ou avoir un visa de longue durée”, explique Penney Plit, président d’Afhco, la société immobilière qu’il a fondée en 1996.
“En transformant des bâtiments laissés à l’abandon en appartements à louer modernes et bien conçus, nous offrons un mode de vie de qualité à un prix abordable à la classe moyenne émergente”, sous-entendu noire, ajoute-t-il.
Les enfants jouent désormais dans le petit square devant l’immeuble, qui était devenu un endroit sordide et dangereux. Après en avoir partagé le réaménagement avec la Ville de Johannesburg, Afhco (pour “Affordable Housing Company”, compagnie pour des logements abordables) en assure la maintenance.
Du sommet du “120 End Street”, Penney Plit peut contempler son empire: il gère 62 immeubles —soit 3.801 appartements et 379 magasins— et poursuit ses rénovations.
Non loin de là, il a notamment réussi à expulser les 2.500 squatters qui occupaient une ancienne fabrique de meubles, après six ans de procédure. L’endroit est un immonde cloaque, dont le nettoyage prendra plusieurs semaines.
“Ici, ils payaient 650 rands par personne, et ils n’avaient absolument rien”, se désole le responsable du secteur Koos van der Schyff. Dans un an, la société devrait proposer des chambres aux travailleurs célibataires. Pour 100 rands de plus par mois et avec les toilettes sur le palier, mais avec téléphone, télévision et accès à l’internet...
Une dizaine d’autres compagnies immobilières ont entrepris de reconquérir les quartiers centraux, pour répondre à une très forte demande, venue notamment de populations qui travaillent, mais ne veulent plus faire le trajet depuis les lointains townships.
Selon la JDA, dont l’action est complétée par des initiatives de quartiers, le privé y a investi ces dernières années 18 rands quand la puissance publique en mettait un.
Faute de statistiques officielles, le paysagiste et guide Gerald Garner —qui a écrit un livre sur la “restauration” du centre de Johannesburg— estime entre un quart et un tiers la proportion des immeubles rénovés ces dix dernières années.
Evoquant les lofts et îlots branchés qui ont davantage fait parler d’eux quand on évoque la renaissance du centre-ville, il préfère remettre les pendules à l’heure: “Quand on évoque la +restauration+, on doit parler ici d’une ville qui répond aux besoins de sa population.”
Et contrairement à la plupart des villes qui ont entrepris des opérations de rénovation urbaine, Johannesburg n’a pas relégué en banlieue ses travailleurs modestes.


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