Hassan El Ouazzani : Notre expérience dans le domaine de l’édition reste assez élémentaire

Jeudi 13 Février 2014

Hassan El Ouazzani : Notre expérience dans  le domaine de l’édition reste assez élémentaire
La 20ème édition du SIEL fait dans les nouveautés cette année. Ainsi l’Afrique sera représentée en force, avec les 15 pays de la CEDEAO qui représenteront un stand unique. A cette occasion, Libé a 
rencontré Hassan 
El Ouazzani, 
directeur du livre au ministère de la 
Culture, qui a bien voulu mettre la lumière sur la problématique de l’édition au Maroc et le programme que compte mettre en œuvre le ministère en vue de moderniser et dynamiser le secteur. Entretien. 
 
Libé : Quelles nouveautés proposez-vous au public pour ce 20ème SIEL ?
 
Hassan El Ouazzani : Contrairement aux années précédentes, nous n’avons pas invité un seul pays comme hôte d’honneur. Ce sont plutôt les 15 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui sont les invités d’honneur de cette 20ème édition du SIEL. Treize ministres de la Culture, de ladite Communauté seront présents lors de cette édition. Ce qui constitue une première dans l’histoire des Salons du livre dans le monde arabe. 
Le nombre d’éditeurs participant à cette édition connaît également une augmentation notable, puisque 800 éditeurs issus de 54 pays, y auront leurs stands. Ce qui représente une très nette évolution par rapport à l’année dernière. 
En ce qui concerne la programmation culturelle, elle sera aussi dense que celle de l’année dernière. Près de 120 manifestations culturelles sont au programme, soit une moyenne de 10 rencontres par jour, avec la participation de 380 auteurs marocains, en plus de 75 venus de pays étrangers.      
  
Ne craignez-vous pas que ce Salon ne soit inondé d’une certaine catégorie de livres?
 
Vous savez, je reste intimement persuadé que le Salon du livre doit être ouvert à tout le monde, dans le respect de la diversité culturelle. C’est un espace où le visiteur pourra découvrir aussi bien des livres qui traitent de religion, que des ouvrages littéraires, scientifiques, ou de sciences humaines. Si l’on se réfère aux données statistiques, concernant les 120.000 titres exposés, lors de cette édition, on s’apercevra que les différents champs de la connaissance sont équitablement représentés. Le libre choix est évidemment laissé au lecteur. Puisque chaque catégorie de lecteurs a ses préférences dans ce domaine.
 
Et que dire de certains éditeurs qui considèrent ce Salon du livre comme une opportunité purement commerciale? 
 
En fait, il s’agit aussi bien d’une manifestation culturelle que d’un événement à caractère commercial.  Mais nous essayons, cependant, de trouver le meilleur arrangement possible, en nous basant sur le règlement intérieur du SIEL, relatif au nombre de livres à exposer par éditeur. Les exposants sont également appelés à ne pas inonder le Salon de vieilles publications. 
Par ailleurs, nous avons mis en place un comité de lecture, dont la tâche essentielle est de sélectionner, parmi les exposants, ceux qui respectent vraiment les règles de la profession.  C’est ainsi que, sur le très grand nombre de demandes de participation reçues, nous n’avons finalement retenu que 800 exposants, qui font ce métier selon les règles de l’art. 
 
En tant que directeur du livre au ministère de la Culture, quel regard portez-vous sur la situation actuelle du livre au Maroc ? 
 
Il faut bien avouer que la situation du livre au Maroc connaît un certain nombre de problèmes. Mais il y a aussi une évolution dont il faudra bien tenir compte. Nous sommes conscients qu’il y a des contraintes au niveau de la production, puisque le nombre de parutions annuelles ne dépasse guère les 1400 titres. Mais il ne faut pas perdre de vue que le Maroc a été le dernier pays islamique à avoir connu l’imprimerie. Quant à la première maison d’édition marocaine, elle n’a vu le jour qu’en 1984.  Notre expérience dans le domaine reste donc assez élémentaire, et par conséquent tributaire de nombreuses contraintes. 
Le ministère de la Culture a sa propre vision de la situation, et se fixe comme but de parvenir à instaurer une véritable industrie culturelle dans notre pays. Il y a pour cela une stratégie à long terme. Mais parallèlement, il y a des mesures concrètes qui ont été prises, tel que le projet de soutien au secteur du livre, récemment exposé par le ministre de la Culture, lors de sa conférence de presse. Il s’agit d’une forme nouvelle de soutien aux éditeurs dans le but de moderniser le secteur. Tout en tenant compte des attentes des auteurs et des associations culturelles. Il y a aussi le problème de la distribution dont nous sommes parfaitement conscients. Mais toutes ces mesures seront insuffisantes si elles ne sont pas accompagnées d’une révision de la fiscalité en vigueur.
 
Et que dire de la relation auteur-éditeur dans notre pays ? 
 
C’est une relation tout à fait vitale. Puisqu’aucun des deux ne peut se passer de l’autre.  Mais un constat s’impose : actuellement, dans notre pays, le nombre de livres qui paraissent à compte d’auteur dépasse de loin celui des ouvrages publiés par des éditeurs professionnels. C’est là une situation contre nature. Parce que le véritable rôle d’un auteur, c’est d’écrire des livres et non de les faire éditer lui-même. Seulement voilà, le nombre d’auteurs dans notre pays  ne cesse d’augmenter, alors que celui des maisons d’édition reste très restreint, puisqu’il ne dépasse pas la cinquantaine. Et même ce chiffre devrait être revu à la baisse, si nous appliquons les critères stricts du professionnalisme dans ce domaine.  Mais je souligne encore une fois que cette profusion des publications à compte d’auteur ne représente pas le choix judicieux en matière d’édition.     

Hassan El Ouazzani : Notre expérience dans  le domaine de l’édition reste assez élémentaire
La France fortement représentée 
 
Pendant dix jours, auteurs et intellectuels dialogueront lors de débats et rencontres littéraires sous le signe “Vivre ensemble”.  Au programme, sont prévues diverses thématiques dont les identités plurielles, les questions de genre ou encore les nouvelles écritures. Des femmes et hommes engagés, des intellectuels qui se questionnent sur leur propre statut, l’histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours et même un rendez-vous jeunesse. Dix journées concentrées sur des thèmes différents mais tout autant complémentaires.  Parmi les personnalités présentes au SIEL, la très engagée Leila Shahid, le spécialiste de l’histoire des relations entre juifs et musulmans Benjamin Stora, l’écrivain-poète et universitaire Abdelwahab Meddeb, le philosophe Ali Benmakhlouf, Mohamed Hatimi, Soshi Boustani, Karima Yatribi, Kaim Miské, Mohammed Kenbib, et bien d’autres.
Editeurs, universitaires, intellectuels, mais également étudiants seront au rendez-vous avec une édition scientifique et universitaire comprenant les presses universitaires du Maroc, les presses de Sciences Po et le Bureau international de l’édition française (BIEF).
Des nocturnes ont été programmées à l’Institut français de Casablanca, prolongeant délicieusement la célébration littéraire avec des lectures poétiques, concerts, documentaires, et récitals en compagnie de Françoise Atlan, Abdellatif Laâbi, Naziha Meftah, Olivier Peigné mais également Arnaud Saury. En clôture, la soirée dédiée à la philosophie au Maroc comprendra un enregistrement en direct de l’émission “Les nouveaux chemins de la connaissance” de France Culture. 
 

La participation espagnole célèbre l'art de conter
 
L'Espagne participe à la 20ème édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL), avec une programmation célébrant "l'art de conter", a indiqué l'Institut Cervantès de Casablanca 
Le pavillon espagnol organisera ainsi une série de conférences-débats et de tables-rondes traitant de thématiques liées principalement au conte, en l'occurrence "Le conte: de la tradition orale au récit écrit", "Présentation de la traduction en arabe d'une anthologie de contes de Jose Maria Merino", "Le récit poétique de Platero et moi » de Juan Ramon Jiménez", "Présentation de la méthode «chuiya b chuiya » pour l'apprentissage de l'arabe marocain" et  la "Présentation de la bande dessinée Casa Babili".
Ces rencontres seront animées et modérées par un parterre d'historiens, traducteurs et académiciens marocains et espagnols.
Le stand espagnol ainsi que la Salle Mohamed Roudani abriteront également des "spectacles de contes", en langues arabe, espagnole et française, donnés pas des conteurs éminents, dont Mohamed Bariz, vedette de la mythique place Jemaâ El Fna de Marrakech.
Il abritera aussi des mini-cours de langue pour enfants et adolescents, des lectures de poésie et des "poèmes dansés".
 

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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