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Habib El Malki : Le rôle joué par le Maroc au sein de sa famille africaine est très apprécié


Chady Chaabi
Vendredi 1 Décembre 2017

La crise du Rif, les sanctions Royales, la diplomatie parlementaire ainsi que l’alliance avec le PJD. Autant de sujets épineux que Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, a traités sans détour avec son flegme légendaire dans un long entretien accordé au Magazine Jeune Afrique.
Dans une manière de plonger instantanément dans le vif du sujet, la lumière a été braquée en premier sur le dernier discours Royal. Un discours qui, rappelons-le, a été marqué par les sceaux de la véhémence et de la fermeté à l’égard de la classe politique marocaine. Partant du principe que Sa Majesté le Roi Mohammed VI est porteur d’une vision réaliste de l’avenir du Maroc, Habib El Malki a estimé que le ton du discours Royal fut compréhensible à la vue de l’énorme gouffre créé par le décalage entre la vision et l’exécution.
Ladite vison se décline dans les faits à travers différents projets. Et notamment celui d’Al Hoceima, phare de la Méditerranée. Questionné sur ce projet qui a été placé sous le coup d’une enquête débouchant sur des sanctions à l’encontre des garants de sa réalisation, Habib El Malki a pointé la rareté d’un tel rappel à l’ordre tout en le définissant comme une gouvernance exigeante et salutaire pour le pays, contribuant ainsi à l’émergence d’une nouvelle culture car, à son avis, la responsabilité n’est pas un privilège.
Ensuite à la question : croyez-vous que le rapport a été impartial et que les sanctions ont été justes ? Le président de la Chambre des représentants embraye en promettant une étude minutieuse dans le cas où il y aurait, précise-t-il, «des limites aux enquêtes des départements des Finances et de l’Intérieur, ainsi qu’au rapport de la Cour des comptes», avant d’afficher une satisfaction envers ces enquêtes qui ont le mérite de soulever un véritable problème de gouvernance.
Justement, les problèmes de gouvernance ne sont pas uniquement l’apanage du projet d’Al Hoceima. Alors pourquoi le Parlement ne prend-il pas les devants pour lancer des enquêtes sur d’autres projets d’envergure qui connaissent des dysfonctionnements ? Habib El Malki a tenu là à rappeler certains principes de fonctionnement : «Le règlement intérieur de la Chambre des représentants permet aux groupes parlementaires de constituer des commissions d’enquête. Les bureaux des commissions permanentes peuvent également engager des missions d’information. Il y a effectivement ces deux possibilités, et si demain un groupe parlementaire prend cette initiative, le bureau de la Chambre ne pourra que l’approuver».
Comme synthèse à la crise du Rif qui a longuement agité et mis dans l’embarras l’échiquier politique national, Habib El Malki a argumenté sa lecture en rappelant que l’USFP a été le premier parti à tenir un conseil régional, à Tanger, pour discuter de la situation avec ses élus locaux dans le but de soutenir les revendications de la population d’Al Hoceima car, dit-il, «c’est tout à fait légitime de réclamer des écoles, des hôpitaux, des routes, des emplois, l’accès à l’eau». Dans le même cadre, il a aussi tenu à rappeler que si l’USFP n’a pas appelé à la libération des détenus du Rif, à l’instar d’autres formations politiques, c’est par respect pour les procédures «Il faut juste respecter les procédures : la grâce est Royale alors que l’amnistie est parlementaire. Il y a un procès en cours, mais je crois que le temps politique peut réguler le temps pénal, quand les conditions seront réunies», argue-t-il.
Toujours dans les mêmes colonnes, le président de la Chambre des représentants a été questionné sur la difficulté de sa tâche alors que son parti compte à peine le minimum requis pour un Groupe parlementaire. Sa réponse fut claire et sans ambiguïté : «Pas du tout ! La fonction de président de la Chambre est une fonction d’arbitre. Un président doit être respectueux de l’esprit et de la lettre des textes qui organisent le Parlement, mais doit être ouvert à toutes les composantes de la Chambre. Jusqu’à présent, tous les problèmes sont réglés de manière consensuelle, dans la concertation et en prenant en considération les positions des uns et des autres, dans le strict respect du règlement intérieur. Une institution parlementaire est de toute façon une institution de négociation».
Autre point d’interrogation, le refus catégorique du chef du gouvernement sortant, Abdelilah Benkirane, quant à la participation de l’USFP au gouvernement. Une position que Habib El Malki trouve incompréhensible, d’autant plus qu’il nous apprend que l’USFP avait exprimé dès le début son souhait de contribuer à cette nouvelle expérience gouvernementale.
Depuis, la situation a évidemment changé et les positions se sont rapprochées. «La politique conduit à des impasses quand elle n’est pas soutenue par une capacité d’adaptation marquée par une grande lucidité. L’USFP a été une école de l’opposition pendant quarante ans. Mais le Maroc actuel n’a rien à voir avec le Maroc d’antan. Nous sommes passés des alliances idéologiques aux alliances inscrites dans une logique programmatique. Et puis, les réformes en cours ont été, pendant de longues années, revendiquées et défendues par notre parti. Alors il est tout à fait normal que l’USFP soit partie prenante dans cette expérience d’édification d’un Maroc nouveau tourné vers la démocratie et la modernité, d’autant plus que l’avènement de la Constitution de 2011 est la consécration d’un parcours du combattant que l’USFP a mené depuis sa création», a-t-il souligné.
L’entrevue a aussi mis en avant des questionnements concernant les limites de la Constitution suite au blocage gouvernemental qui a duré six longs mois. A cet égard, Habib El Malki a fait remarquer la nécessité de faire évoluer la Constitution afin de palier le vide juridique dans le cas où un parti arriverait premier aux législatives sans pour autant constituer une majorité. Ainsi, il a proposé de solliciter la formation arrivée deuxième ou d’engager de nouvelles élections. En somme, il confirme l’impression générale selon laquelle la Loi fondamentale doit prévoir ce genre de cas pour avoir la marge de manœuvre nécessaire en vue de sortir d’une situation de blocage.
Cet entretien a également concerné le rôle joué par Habib El Malki en tant que président de l’Union interparlementaire arabe, pour trouver une issue à la crise entre le Qatar et les autres pays de la région. Il a fait état d’une réunion qui sera tenue incessamment, dont justement l’un des enjeux majeurs sera de savoir comment contribuer à jeter les bases d’un dialogue serein et responsable entre les différents pays du monde arabe.
Enfin, interrogé sur la diplomatie parlementaire africaine, Habib El Malki conclut cet entretien en partageant son enthousiasme sur le nouveau rôle joué par le Maroc dans le continent : «J’ai participé récemment aux travaux du Congrès de l’Union parlementaire africaine qui s’est déroulé au Burkina Faso. Nous sommes également en train de préparer notre adhésion au Parlement panafricain, lié à l’Union africaine. Il faut savoir que le rôle joué par le Maroc au sein de sa famille africaine est très apprécié. A titre d’exemple, «La Déclaration de Rabat» présentée à la COP23 a été élaborée à la suite d’une journée climat tenue avec les Parlements africains. Car il y a un nouveau ciblage de notre diplomatie parlementaire qui lui permet d’être plus efficace», a-t-il conclu.


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1.Posté par Mohamed le 02/12/2017 14:44
Source le mondafrique
Le Maroc, grand vainqueur du sommet d’Abidjan
par Aza Boukhris - 1 décembre 2017
La photo de famille d’un Sommet de chefs de l’Etat est souvent révélatrice. Celle du Sommet UA/UA d’Abidjan l’est assurément. On y remarque d’abord les absents, comme évidemment le président d’Algérie, mais aussi ceux, plus politiques, de RDC et du Zimbabwe. La présence du desposte nonagénaire Robert Mugabe dans un tel Sommet consacré à la jeunesse, aurait été pour le moins déplacée.
Une photo officielle révélatrice
Sur la photo officielle, on peut apercevoir le président de la RASD, coincé au troisième rang, consacrant ainsi un anonymat qui ne l’aura pas quitté durant tout ce Sommet. En revanche, au centre du premier rang, aux côtés du président en exercice de l’Union africaine, le Guinéeen Alpha Condé, et du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, on y voit le Roi du Maroc, Mohamed VI, avec le président français, Emmanuel Macron, à sa droite. Dans le domaine diplomatique, la préséance et le protocole en disent parfois plus que les discours et montrent l’importance accordée aux États. Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine a été éclatant à Abidjan.
L’accueil chaleureux des Ivoiriens à Mohamed VI
Le match de football ayant récemment opposé la Côte-d’ivoire au Maroc, perdu par les Éléphants ivoiriens a été vite oublié. Lié d”amitié au président Alassane Dramane Ouattara, le Roi du Maroc avait judicieusement devancé le Sommet Union africaine/Union européenne par une visite d’Etat de deux journées et demie. Ponctuée de plusieurs inaugurations d’infrastructures financées par le royaume chérifien, et par de multiples rencontres avec l’imposante délégation marocaine, cette visite officielle a permis à tous de constater la grande popularité du Roi du Maroc et l’importance de cette coopération sud-sud, quasiment occultée du Sommet.
La banalisation de la RASD
Le renoncement du Maroc à une chaise vide ou à un strapontin a été salué de toutes parts. Il va de soi que le Maroc en a tiré le plus grand bénéfice. Voir le président sud-africain, Jacob Zuma s’entretenir avec Mohamed VI et se féliciter de cette rencontre a été un événement qui ne sera sans doute pas sans conséquence. La première sera l’échange d’ambassadeurs entre les deux pays. Le soutien de l’Afrique du sud au Polisario sera, de ce fait, probablement beaucoup plus nuancé. Le président du Polisario, Brahim Ghali, a erré comme une âme en peine dans les couloirs de ce Sommet. Même les conditions de son hébergement et de sa petite délégation ne semblent pas avoir été à la hauteur des espérances de cet habitué de la khaïma. Quasiment ignoré par les autorités ivoiriennes, le sahraoui est, il est vrai, encore peu connu des délégations africaines qui reconnaissent la RASD. Quant aux Européens, ils l’ignorent, étant donné que l’Union européenne ne reconnaît pas la RASD. Contrairement aux prévisions de nombreux observateurs, le Sommet UA/UE d’Abidjan aura été un grand succès pour le Maroc et une grande déception pour le Polisario et ses soutiens.
Le leadership de Mohamed VI
Le discours du Roi du Maroc, le 29 novembre 2017, aura été le point d’orgue de ce Sommet. Il répondait, au nom de l’Afrique et pas seulement au nom de l’Union africaine, au discours de la veille d’Emmanuel Macron à Ouagadougou. Chargé de proposer les axes d’un partenariat Afrique/Europe en matière de politique migratoire, le Roi Mohamed VI est allé beaucoup plus loin dans la problématique du développement de l’Afrique. Nul doute que, comme le président français, le Roi du Maroc entend rebâtir de nouvelles relations entre l’Afrique et l’Europe. La proximité entre les deux chefs de l’Etat est de plus en plus grande… comme elle apparaît sur la photo officielle du Sommet d’Abidjan.

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