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Si ailleurs les élèves ont commencé leur année scolaire dans une ambiance bon enfant, dans les écoles de ce groupement, la rentrée des classes ne s’annonce pas sous de bons auspices. Les difficultés s’accumulent et les solutions tardent toujours à venir. Le slogan de «L’école de réussite», claironné sur tous les toits par les responsables, depuis le lancement du programme d’urgence, n’a pas droit de cité ici au regard des problèmes de cette école. Dès les premiers pas dans l’enceinte de l’école centrale, on est assailli par les hideuses façades totalement décaties et défoncées par endroits. N’était ce pavillon national qui bat au-dessus du portail, on se serait aisément cru devant une bâtisse abandonnée ! On peut aussi facilement saisir d’emblée l’état dans lequel se trouve le reste des bâtiments. Le centre ne pouvant être mieux loti que les "dépendances" alentours. Un constat que soutiennent tous les instituteurs du groupement Idriss II. «La totalité des constructions du groupement remontent aux années 70 /80. En plus, elles sont toutes en préfabriqué; un concept de construction censé répondre à un certain temps à des urgences dans un espace temps limité ; mais, aujourd'hui on ne comprend pas pourquoi le ministère maintient l'usage de ces constructions», tonne, crispation visible sur son visage, l’instituteur chargé ce matin de faire rentrer les élèves, à qui il ordonnera en claquant des mains, de se mettre en rangs devant la porte d’entrée. Pour vérifier, nous sommes entrés voir. Au premier coup d’œil à l’intérieur de ces soi-disant salles de cours, quel état pitoyable de délabrement! Les charpentes en bois soutenant la toiture sont abîmées! Un danger imminent pour les usagers à la moindre bourrasque! Autant dire une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Les plaques en plastique dur ondulé faisant office de couverture du toit se sont décomposées sous l’effet de la chaleur et du froid ! Otant, du coup, l’étanchéité du matériel. Les pluies des saisons hivernales passées se sont infiltrées à travers les nombreuses lézardes dues à l’érosion sur la surface de ces vulnérables «toits». Ce qui n’a pas manqué d’entraîner, sous le coup des eaux pluviales, le gondolement de toutes les plaques en contreplaqué placées en faux plafond. Avant de provoquer leur craquèlement. « La goûte qui n’épargne plus le moindre petit carré de ces salles! », tonnent les instituteurs. Aussi, « dès les premières trombes de pluie, il devient impossible de faire la classe; on est acculé à ne pas donner de cours dans toutes les écoles du groupement », nous font-ils savoir.
A l’école de Taguerramt, la situation est pire. Plusieurs unités de larges parpaings d’un mur de la classe sont arrachées par les outrages du temps. La grande ouverture occasionnée est colmatée par des plaques de bois de fortune. C’est à se demander comment est tolérée l’utilisation d’une telle salle menacée d’effondrement, alors qu’elle est censée être condamnée une fois pour toutes. Quant aux fenêtres, elles ne sont plus que des trous béants donnant libre court aux courants d’air à l’intérieur des classes. Exposant ainsi les usagers à leurs méfaits. Comme le recours aux replâtrages est devenu une règle, pour tenter d’empêcher que le vent ne s’engouffre dans les classes, ces «trous», nous apprennent les élèves, sont bouchés au moyen de papier et de carton! Quant à l’électricité et l’eau courante, c’est trop demander! La plupart des écoles satellites en sont tout simplement dépourvues. Autant que les sanitaires : un autre luxe.
Cet état donne parfois lieu à des scènes cocasses. Les filles, refusant de faire leurs petits besoins en plein air dans des cachettes habituellement fréquentées par tous les camarades, préfèrent aller chez elles. Et dans la foulée, elles n’hésitent pas à en prendre leurs aises avec le temps pour manger un morceau ou accomplir une petite corvée dominicale avant de regagner tranquillement leurs cours. Bon nombre de parents d’élèves ont interdit l’école à leurs filles, faute de toilettes. La liste des frustrations est longue. La région de Tassrirt est connue pour ces insupportables hivers rigoureux. Pourtant, les écoles manquent de moyen de chauffage. Les salles de cours se transforment, par ces temps-là, en véritables chambres froides invivables où les élèves grelottent. «Nos doigts deviennent transis de froid et on arrive même plus à tenir le stylo pour écrire correctement », se plaignent les élèves. Les perturbations des cours sont fréquentes tout au long de cette période. Où même des arrêts à répétition sont enregistrés. Dès lors que les équipements de première nécessité pour le fonctionnement d’une école font défaut, il ne faut pas s’étonner de l’absence d’équipements pédagogiques! «Nous sommes à court de tout : cartes géographiques, matériels du labo pour expliquer les cours scientifiques, matériel sportif, etc », égrène un instituteur en colère. Avant d’enchaîner :«C’est insensé de vouloir donner des cours dans cette situation de défaillances. Et, de là à ce que les responsables se permettent encore de promettre l’amélioration de la qualité du service de l’enseignement!, c’est franchement manquer d’honnêteté !». Ici, le programme d’urgence mis en exécution dont les «vertus» réformatrices imminentes sont proclamées orbi urbi par le ministère de l’Education nationale, ne fait plus chanter ni les élèves, ni les instituteurs. Après trois ans d’attente vaine, les soufflés sont tombés. «On a souvent entendu parler de ce fameux programme à la télé. Le ministère a fait miroiter tant de «merveilles». Aussi, a-t-on beaucoup attendu la mise à niveau infrastructurelle des écoles pour en finir avec notre galère. On a cru que nos classes en préfabriqué allaient être éradiquées et remplacées par des constructions en béton. Et qu’on allait bénéficier du programme «Tayssir» de soutien financier aux élèves pauvres, qui vise à lutter contre la déperdition scolaire. Surtout que la commune compte parmi des plus démunies de la région. Mais après… que des nèfles! Nous avons l’impression d’être menés en bateau!», se désole un groupe d’élèves. Pour les enseignants, cela n’a pas d’explication : il s’agit de marginalisation dont est victime leur école. Comme un malheur ne vient jamais seul, l’école de Tassrirt se positionne tristement à la première place parmi les établissements des plus affectés par le phénomène de l’abandon scolaire. C’est surtout dans les rangs des filles admises en première année du collège, que ce fléau sévit. Sachant que le groupement scolaire en question compte 53 filles, parmi un effectif de 83 apprenants, tous sexes confondus. Et cela a ses raisons comme nous l’explique un membre de l’Association des parents d’élèves : «D’abord il faut incriminer le manque de transport scolaire. Mais aussi d'autres facteurs socioéconomiques, à savoir la pauvreté de la quasi-totalité des familles, et qui sont donc incapables d’assumer les frais de scolarité pour leurs enfants dans une autre école lointaine. Enfin, la persistance des traditions locales qui ne tolèrent pas que les filles quittent le foyer familial ». Excédé par tant de maux qui s'acharnent sur l'école de sa commune, notre interlocuteur n'hésite pas à fustiger autant de négligence et de léthargie face à cette désastreuse situation dans laquelle végète ce groupement scolaire. Avant d'exhorter les responsables de l’Education nationale, élus communaux et acteurs locaux de la société civile à faire un sursaut de synergie et d’entraide mutuelle pour faire du groupement scolaire Idriss II de Tassrirt une vraie "école de réussite".