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Fusillades aux Etats-Unis: L'industrie du jeu vidéo sommée de se justifier


Samedi 17 Mars 2018

Pointée du doigt après la récente fusillade dans un lycée de Floride, l'industrie du jeu vidéo va de nouveau tenter de convaincre que les jeux violents n'entraînent pas de comportements similaires dans le monde réel.
L'association du secteur (Entertainment Software Association, ESA) doit rencontrer à Washington le président des Etats-Unis Donald Trump, trois semaines après la tuerie perpétrée par un jeune homme qui a abattu 17 personnes dans son ancien lycée. Ce drame a entraîné, comme après chaque fusillade de masse dans le pays, un débat sur les armes à feu.
M. Trump a sous-entendu dans la foulée que les jeux vidéo contribuaient à entretenir la violence par armes à feu: "Nous devons regarder du côté d'Internet parce qu'il arrive beaucoup de mauvaises choses aux jeunes enfants et aux jeunes cerveaux", avait-il estimé. "Et aussi les jeux vidéo. J'entends de plus en plus de gens dire que le degré de violence dans les jeux vidéos façonne réellement leur état d'esprit", avait-il continué.
Mais l'ESA rétorque que les jeux vidéo n'y sont pour rien, études à l'appui, montrant qu'il n'existe aucun lien établi entre ces divertissements et la violence dans la société.
"Comme tous les Américains, nous sommes profondément inquiets du degré de violence par armes à feu aux Etats-Unis", explique l'organisation.
"Les jeux vidéo ne sont tout simplement pas le problème", poursuit-elle, soulignant qu'ils sont "vendus (...) dans le monde entier mais (que) les Etats-Unis connaissent un degré de violence par armes à feu infiniment plus élevé que n'importe quel autre pays".
Les jeux vidéo représentent un marché mondial de 100 milliards de dollars par an, selon le cabinet NewZoo.
La rencontre à Washington est loin d'être la première: en 2012, le secteur --ainsi que des chercheurs-- ont été reçus par le vice-président Joe Biden peu après la tuerie de l'école primaire Sandy Hook à Newton (Connecticut, nord-est) qui a fait 26 morts dont 20 enfants.
Juste après le drame, le lobby des armes, la puissante National Rifle Association (NRA), avait désigné les jeux vidéo comme le vrai danger menaçant la société, tentant ainsi de détourner l'attention.
"Il existe dans ce pays une industrie froide, corrompue et corruptrice qui, dans l'ombre, vend et instille la violence au détriment de la population", avait déclaré l'un de ses responsables Wayne LaPierre, accusant pêle-mêle "les jeux vidéo violents et cruels" et les "films sanguinolents".
Mais pour Mark DeLoura, un ancien de l'industrie du jeu vidéo qui avait participé à la rencontre de 2012 avant de devenir conseiller de la Maison Blanche en charge du numérique, "il est devenu très clair qu'il n'y a pas de corrélation" entre jeux et violence.
"Toutes nos études sur les jeux vidéos existent, il suffit à Trump de les demander", relève-t-il.
L'association américaine de psychologie (APA) tout comme l'académie américaine de pédiatrie (AAP) se sont prononcées ces dernières années contre le fait qu'enfants et ados jouent à des jeux vidéo violents.
Mais de plus en plus de chercheurs remettent en cause l'idée d'un lien entre jeux et agressivité. Plus de 200 universitaires ont publiquement rejeté les conclusions d'une étude de l'APA, affirmant que ce lien existait.
Il y a 25 ans déjà, en 1993, des jeux comme "Mortal Kombat" ou "Night Trap" avaient été accusés par des parlementaires de rendre les plus jeunes insensibles et prompts à la violence et aux bains de sang.
Pour M. DeLoura, quand on accuse les jeux vidéo violents de tous les maux, ce sont davantage les "tripes" que les faits qui parlent, tant il peut être pénible pour un adulte de voir des enfants se livrer à des combats sur écran.
"La cause des fusillades, c'est que les armes sont si faciles d'accès que lorsqu'on a une pulsion, on peut l'assouvir", pense-t-il.
L'ESA relève d'ailleurs que les crimes violents ont diminué aux Etats-Unis, en particulier parmi les plus jeunes, depuis le début des années 1990, alors même que les jeux vidéo connaissaient un succès croissant.
Mais dans ce débat sans fin, on ne parle pas "faits" ou "recherche scientifique", on parle "politique", tranche M. DeLoura.


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