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Festival de Woodstock : prochain arrêt, le Vietnam


D’après LE NOUVEL OBSERVATEUR
Samedi 18 Juillet 2009

Festival de Woodstock : prochain arrêt, le Vietnam
En août 1969, des centaines de milliers de jeunes Américains se retrouvèrent pour "trois jours de paix et de musique" alors que la mort les attendait dans les rizières du Vietnam, tandis que brûlaient les ghettos noirs.
Jimi Hendrix qui électrocute l’hymne américain à l’aube, Santana qui fait exploser les rythmes afro-cubains devant 400.000 freaks plus accoutumés aux délires lysergiques du Jefferson Airplane… Quarante ans plus tard, le mythe de Woodstock et de ses "trois jours de paix et de musique" a déjà traversé trois générations. Sony vient d’ailleurs de sortir en fanfare et en intégralité cinq des concerts (1) de quelques unes des stars qui s’y sont produites, dont justement ceux de Santana et de l’Airplane, mais aussi ceux de Janis Joplin, Sly & The Family Stone et Johnny Winter, alors que ressortent en CD, dûment remastérisés, les deux doubles albums autrefois tirés de ce jamboree géant.
Mais le propre des légendes, c’est qu’elles ont souvent un rapport distordu avec la réalité des faits. Des exemples ? D’abord, Woodstock ne s’est jamais déroulé à Woodstock, mais dans le champ loué 50 000 dollars d’un fermier de Bethel, dans l’Etat de New York, pas très loin de Big Pink, la maison du Band où Dylan s’était réfugié après son fameux accident de moto de l’été 1966, et où furent enregistrés les géniales "Basement Tapes" qui firent si longtemps la fortune des "pirates". Le site de Woodstock avait été précisément choisi par l’équipe de Michael Lang, un jeune businessman hippie futé, dans l’espoir de faire sortir Bob Dylan de sa retraite. Mauvaise pioche : Dylan ne sortira pas de sa tanière. Pire : il choisira de faire comeback dix jours plus tard dans l’île anglaise de Wight. (Où un an plus tard, les maos français défonceront les barrières aux cris de "Un festival gratuit pour le Peuple")
Deuxième inexactitude, les fameux "trois jours" furent quatre (15 -18 août). Dernière précision : si Woodstock apparaît aujourd’hui comme la mère de tous les festivals, son modèle fut évidemment celui Monterey Pop et ses "trois jours de musique" en plein air, qui lança le Summer of Love californien de 1967. Organisé bénévolement par les Mamas and Papas, les auteurs du solaire "California Dreaming", et présenté par Brian Jones, Monterey, qui avait évidemment rallié la fine fleur de la scène West Coast (Jefferson Airplane, Country Joe & The Fish …), avait aussi révélé aux hippies -qui en étaient restés babas- la soul version Stax d’Otis Redding, la folie scénique des Who, le blues cosmique de Janis Joplin et les pyrotechnies de Jimi Hendrix.
En 1967, le mouvement hippie est à son zénith, et San Francisco l’épicentre du mouvement des communautés qui fleurissent à la ville comme à la campagne, propageant une contre-culture et des utopies libertaires qui allaient changer l’Amérique, et fasciner le reste du monde. Deux ans plus tard, Woodstock reprend les mêmes têtes d’affiche, désormais certifiées superstars, et rassemble près de dix fois plus de spectateurs que les 50.000 prévus sous un déluge et dans des torrents de boue (mais avec pénurie d’eau potable, de nourriture et de médicaments), provoquant le plus grand embouteillage de l’histoire des Etats-Unis, trois décès (deux overdoses, une mort naturelle) et deux accouchements.
En décembre 1969, les Weathermen, l’underground révolutionnaire blanc partisan de la lutte armée, entre dans la clandestinité. Au même moment, au Festival d’Altamont (Californie), un jeune Noir est poignardé à mort par le Hell’s Angels pendant que les Rolling Stones jouent –ça ne s’invente pas- "Sympathy for the Devil". Si la "Nation de Woodstock" croyait encore qu’on pouvait encore apporter un peu de lumière et de paix en ce bas monde, Altamont venait lui rappeler tragiquement que tous ses rêves n’étaient peut-être qu’une illusion.


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