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Enfermés chez eux, “les gens qui lisent en temps normal ont désormais plus de temps et ceux qui avaient un peu perdu l’habitude redécouvrent le plaisir de la lecture”, explique-t-elle à côté de son petit local de 20 mètres carrés, où les étagères remplies de livres courent jusqu’au plafond. Selon un rapport publié en mai par la société d’études de marché Nielsen, deux adultes sur cinq ont déclaré avoir lu davantage pendant le premier confinement instauré en mars au Royaume-Uni, la moyenne de lecture passant dans le pays de 3,5 heures à 6 heures par semaine. Malgré la fermeture des petites enseignes, certains consommateurs rechignent à remplir les poches des géants en ligne. C’est le cas d’Anna Henrikson, qui paye sa commande à la porte de “Primrose Hill Books”, comme un simple café à emporter. “J’essaye d’éviter Amazon”, explique cette cliente régulière de 54 ans, venue chercher sa commande en “click and collect”, mais qui trouve que le système d’envoi géré par Bookshop.org constitue une “excellente idée”. Cette plateforme, lancée au début de l’année aux Etats-Unis, est disponible depuis lundi au Royaume-Uni. En quelques jours seulement, elle a permis d’engranger 60.000 livres (66.500 euros) pour les 250 librairies qui s’y sont inscrites. “Nous avions prévu le lancement début novembre”, avant Noël - une période clef pour l’industrie du livre -, “sans savoir qu’il y aurait un deuxième confinement en Angleterre”, explique sa directrice Nicole Vanderbilt, estimant désormais que “le moment était malheureusement bien choisi”.
Le Royaume-Uni compte plus de 850 librairies indépendantes, dont beaucoup ne disposent pas de la technologie nécessaire pour vendre en ligne. C’est pourquoi Bookshop.org s’attend à voir son nombre de librairies partenaires augmenter rapidement, avec ce deuxième confinement soudain. Conçue pour reproduire l’expérience d’une librairie, la plateforme permet à chaque libraire de réaliser sa vitrine numérique et sa propre sélection de livres, ne laissant pas ce soin à un algorithme. Pour chaque livre acheté sur sa page, une librairie reçoit 30% du prix de vente, le site considérant qu’il s’agit de ses clients fidèles. Si la vente est en revanche réalisée depuis la barre de recherche globale, 10% de son prix sera mis au pot sur un fond commun qui est ensuite redistribué entre les membres. C’est moins que les 40 ou 45% de commission que les libraires touchent habituellement sur un livre vendu en magasin, reconnaît Nicole Vanderbilt, mais la différence permet de couvrir les coûts du système, et d’offrir une réduction de 7% aux lecteurs. “Les clients s’attendent à une petite réduction lorsqu’ils achètent en ligne”, explique la directrice, ajoutant que le but n’est tout de même pas “de concurrencer Amazon sur les prix, car c’est une bataille que nous ne gagnerons jamais”.
Confiante, Mme Vanderbilt est convaincue que “les gens comprennent que l’endroit où ils dépensent leur argent est important”, “surtout en cette période de confinement, où le danger est que nous donnions tout notre argent à Jeff Bezos”. Jessica Graham déplore elle que ce confinement ait été instauré si brusquement. “Nous avions un magasin plein de livres pour Noël, et soudain nous n’avons plus de client”, regrette-t-elle, espérant que son adhésion à Bookshop.org lui permettra de mieux s’en sortir que pendant le confinement de mars, où ses ventes avaient “immédiatement chuté de 50%”. Et encore, la libraire avait limité la casse grâce à son site internet et les commandes par téléphone, qu’elle livrait ou envoyait par la poste. Mais d’autres librairies moins organisées avaient dû fermer pendant trois mois. Maintenant, grâce à Bookshop.org, s’enthousiasme Mme Graham, elles “n’ont plus à se soucier de la distribution, quelqu’un s’en occupe pour eux”.