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Etre à l’écoute des femmes africaines


AFP
Vendredi 20 Mai 2011

La Sénégalaise Bineta Diop a passé des années à parcourir les pays d’Afrique en conflit pour pousser les dirigeants à écouter les femmes, ce qui lui a valu d’être nommée en 2011 parmi les “100 personnes les plus influentes du monde” par le magazine américain Time. Illustration de son “combat”: en avril, à Addis Abeba, au siège de l’Union africaine (UA), Femmes Africa Solidarité (FAS), ONG qu’elle a fondée et dirige, elle organise une rencontre entre des responsables de l’UA et une douzaine de femmes originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée et d’Ouganda qui racontent les viols et brutalités dont elles ont été victimes.
“Je peux vous dire que ces ambassadeurs à Addis pleuraient”, affirme à l’AFP Bineta Diop, 61 ans, l’air d’une quadragénaire, qui entendait ainsi mettre en exergue le sort des femmes sur le continent.
“Promouvoir et renforcer le rôle déterminant des femmes dans la prévention et la résolution des conflits ainsi que dans la consolidation de la paix en Afrique”, c’est l’objectif de son ONG, créée en 1996 à Genève, qui a aujourd’hui un bureau régional à Dakar et un bureau de liaison à New York.
Dans les locaux dakarois de FAS, les murs sont tapissés de photos de Mme Diop avec des dirigeants comme Nelson Mandela, icône de la lutte anti-apartheid, et son épouse Graça Machel, avec qui elle a travaillé ces dernières années. Les époux Mandela figurent aussi dans le classement annuel 2011 du Time. Etre classée parmi les 100 personnes les plus influentes au monde, “c’était vraiment une surprise. C’est toujours moi qui déroule le tapis rouge pour les célébrités et les chefs d’Etat”, ironise la directrice exécutive de FAS.
Bineta Diop est née à Géoul (nord-ouest du Sénégal), dans une famille religieuse et respectueuse de la tradition. Mais sa mère, militante féministe, qui fut responsable de femmes du parti socialiste, au pouvoir à l’époque, lui a appris à rompre avec la tradition et ouvert la route de sa bataille en faveur des femmes, en particulier de la parité.
Mme Diop a vécu et travaillé dans des zones sensibles: Est de la République démocratique du Congo, Darfour - région du Soudan en guerre depuis 2003 - Rwanda, Liberia, Sierra Leone...
Aujourd’hui encore, elle déploie son énergie dans des pays en conflits, poussant les hommes d’Afrique, dictateurs ou chefs rebelles, à écouter les femmes, ce qui lui laisse peu de temps pour ses petits-enfants.
Obtenir la parité à l’UA fut “un de mes premiers combats”, l’organisation continentale compte aujourd’hui cinq commissaires hommes et cinq commissaires femmes, explique-t-elle, saluant des efforts en cours dans les parlements africains même s’ils sont loin d’atteindre ceux de l’Assemblée nationale rwandaise, qui compte 50% de femmes.
Pour elle, “les femmes réussissent en Afrique, elles sont l’épine dorsale du développement”, mais “le pouvoir est toujours entre les mains des hommes”.
Elle se rappelle une scène, qui l’a marquée: lorsqu’elle suivait avec Nelson Mandela les pourparlers de paix au Burundi dans les années 1990, un chef rebelle avait lancé à Mandela “Pourquoi avez-vous amené des femmes ici? Ce n’est pas une discussion de femmes, c’est pour ceux qui portent les armes!”.
Pour Bineta Diop, l’Afrique ne pourra se développer sans l’implication des femmes dans les processus de décision, particulièrement pour la résolution des conflits. Mais le changement de mentalité des hommes dépend aussi des femmes, estime-t-elle: “Elles sont les gardiennes des traditions, personne ne peut se battre à leur place, elles doivent se libérer elles-mêmes”.


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