Un avis partagé par son coéquipier Assi Djédjé, ancien pensionnaire d'un centre de formation de football qui a perdu la vue après un accident pendant un match. "En jouant au cécifoot, je réalise mes rêves", affirme celui qui rêve de ressembler au défenseur espagnol du Paris SG Sergio Ramos. "Il fallait d'abord donner un nouveau souffle à ces jeunes qui ont perdu la vue, parfois après des accidents. Etre avec eux au quotidien, leur dire qu'ils ne sont pas seuls, leur donner envie de travailler.
Quand on m'a donné cette équipe, j'ai voulu relever ce défi-là, permettre à ces jeunes de montrer à la nation qu'ils savaient faire quelque chose", explique à l'AFP l'entraîneur de l'équipe ivoirienne, Christian Atsé. Au cécifoot, deux équipes de cinq joueurs, dont un gardien voyant, s'affrontent pendant deux périodes de 25 minutes sur un terrain de 42 m sur 22, les dimensions d'un terrain de handball.
"En plus d'empêcher le ballon de franchir la ligne de but, mon rôle est d'orienter mes défenseurs", explique le gardien de but Jean Kossonou. "Sans la vue, la pratique du football épuise rapidement", estime Christian Atsé. "Il faut un certain calme pour réussir dans ce sport", poursuit l'entraîneur qui insiste sur l'importance des consignes sur le bord du terrain, la voix des coaches étant le seul guide des joueurs avec le ballon équipé de grelots.
Créée en mars 2015, l'équipe nationale ivoirienne de cécifoot a déjà participé à deux Coupes d'Afrique des nations (CAN) pour aveugles et malvoyants. "Malgré nos maigres moyens, nous avons participé à deux CAN et remporté la 3ème place à l'édition 2019 au Nigeria", rappelle Fernand Kra, président de la Fédération ivoirienne de sport pour malvoyants et aveugles (Fisma).
Les joueurs rêvent maintenant de devenir la première équipe d'Afrique subsaharienne à participer aux Jeux paralympiques, en 2024 à Paris. "C'est notre plus grand objectif", reconnaît Fernand Kra. Pour cela, il faudra monter sur le podium du prochain championnat africain, au Maroc en novembre. Pour l'heure, aucun joueur n'est rémunéré, mais le ministère des Sports a versé une subvention pour les disciplines de la Fisma, le cécifoot, l'athlétisme et le goalball, un sport spécialement pensé pour les nonvoyants. Un coup de pouce pas encore suffisant, selon certains acteurs.
"Nous n'avons pas de terrain adéquat pour nous entraîner. Le cécifoot demande des équipements un peu plus spécifiques que le football conventionnel. Pourtant, nous représentons notre pays comme les autres sportifs", déplore Kouadio Kra, encadreur à la fédération. "La pratique de l'éducation physique et du sport est un droit fondamental pour tous selon la charte de l'Unesco. Et en pratiquant ce sport, ces jeunes souffrant de handicap sont un peu soulagés et épanouis", poursuit-il.