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Cette période noire de l’histoire contemporaine du Royaume que d’aucuns occultent, n’est certainement pas celle dont on pourrait tirer quelque fierté. Et pour cause, le maître mot y était sans conteste le recours systématique à l’oppression de toute sorte d’oppositions.
D’ailleurs, les premières années de l’histoire politique du Maroc indépendant ont été marquées par le bras de fer qui opposa, sans relâche, le Palais au Mouvement national pour la conquête du leadership politique. C’est ce que rappelle Mohammed Ait Idder Bensaid, grand militant, témoin de l’époque. Le parti de l’Istiqlal, forte formation politique, ambitionnait d’avoir davantage de pouvoir mais c’est sans compter avec la persévérance du Palais. Quant à l’UNFP, qui naîtra par la suite de la scission du parti nationaliste en septembre 1959, ses membres caressaient la même ambition avec, en plus, une certaine référence à l’idéologie marxiste. Le coup de massue n’a pas tardé à être porté à l’opposition par l’arrestation en 1963 de militants de l’UNFP accusés de complot. Arrestations en masse, disparitions des militants et Abderrahmane Youssoufi était alors condamné à mort par contumace.
Par la suite, M. Bensaid est revenu sur le traumatisme profond causé par les évènements de mars 1965 qui ont porté la crise politique à son paroxysme et se sont soldés là encore par de nombreuses arrestations voire des condamnations iniques. Une vraie chasse aux sorcières qui a même pris la forme de colis piégés envoyés aux opposants les plus farouches. Qu’à cela ne tienne. Ils continuent sur leur lancée et la disparition de Mehdi Ben Barka attise le feu de leur action.
«L’insurrection de mars 1973», Brahim Ouchelh, activiste UNFP, en a été l’un des architectes. Il a choisi, lui et ses compagnons, l’option révolutionnaire allant jusqu’à déclencher la guérilla face à un autisme du Makhzen. Il a évoqué ainsi l’attitude du pouvoir qui a marqué un très net durcissement du régime, visant à démanteler toute opposition et à réprimer toute atteinte à l’ordre public. La répression policière et judiciaire s’est accentuée au détriment des libertés publiques dont l’exercice est soumis à une réglementation plus sévère. L’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) en a fait les frais lorsque son arrêt de mort a été signé.
L’intervention de Daniel Nordman, directeur de recherche honoraire au CNRS, Paris, lors de cette rencontre, n’est ni celle d’un «témoin ni d’un militant», mais celle d’un «historien de la mémoire», comme il n’a pas manqué de le préciser lui-même. Selon lui, mémoire et histoire ont été constituées, en une ou deux décennies, comme une vraie spécialité. Mais la question principale restera toujours celle de la légitimité de toute prise de parole ou plutôt celle de «légitimités plurielles», concurrentes qui ne se confondent pas. Alors que l’histoire est omniprésente et adopte des démarches englobantes, la mémoire est plus sélective.
A rappeler que dans le cadre des travaux de l’Instance équité et réconciliation (IER), des audiences publiques des victimes des années de plomb ont été organisées. Une démarche pour le Maroc d’enterrer les souvenirs de 43 années de douleur et de sang marquées par un mouvement de flux et de reflux entre le pouvoir et ceux qui osaient le contester.