Des cellules reprogrammées utilisées pour régénérer le cœur de macaques


Jeudi 13 Octobre 2016

Des cellules de peau prélevées sur un macaque ont été reprogrammées et utilisées avec succès pour "régénérer" le coeur endommagé d'autres singes, selon une étude publiée lundi dans la revue Nature.
Selon les chercheurs japonais qui ont réalisé l'étude, c'est la première fois que des cellules souches pluripotentes induites (iPS), une technique récompensée par un prix Nobel en 2012, ont été utilisées pour réparer un coeur après un infarctus.
Le macaque est le primate dont le système HLA (système de compatibilité dont dépend le succès d'une greffe) est le plus proche de celui des humains.
Les iPS sont des cellules matures reprogrammées afin de leur faire retrouver un état quasi embryonnaire, à partir duquel elles peuvent être incitées à développer n'importe quelle sorte de cellules du corps.
Cette nouvelle approche permet d'éviter le recours controversé à des cellules souches provenant d'embryons ou prélevées directement sur le patient.
La technique consistant à reprogrammer des cellules adultes, déjà testée sur l'Homme, est "longue, laborieuse et coûteuse", selon les chercheurs japonais qui ont pour leur part eu recours à des cellules de peau d'un macaque.
Ils les ont reprogrammées en cellules souches pour obtenir des cellules de muscle cardiaque, en faisant correspondre une protéine particulière du système immunitaire entre donneur et receveur afin d'en assurer la compatibilité. Ces cellules ont été implantées dans le coeur de cinq macaques souffrant d'un infarctus artificiellement provoqué.
Avec l'aide de traitements anti-rejet modérés, ils ont ainsi évité tout phénomène de rejet et réussi à améliorer la contraction du coeur pendant 12 semaines, période à l'issue de laquelle les singes ont été euthanasiés. "Nous avons encore quelques obstacles, comme le risque de formation d'une tumeur ou encore d'arythmie (rythme cardiaque irrégulier)", a reconnu Yuji Shiba, l'un des co-auteurs de l'étude à l'AFP.
Mais il espère que sa technique pourra être testée chez l'homme "dans quelques années".
Des experts non impliqués dans l'étude sont pour la plupart restés prudents estimant qu'il ne fallait pas donner de faux espoirs aux malades."De nombreux obstacles et défis subsistent", a commenté le Dr Tim Chico, un spécialiste de médecine cardiovasculaire de l'Université britannique de Sheffield qui fait état d'un "optimisme très prudent" face à cette nouvelle technique.
Pour le Pr Sian Harding, un spécialiste de la médecine régénératrice de l'Imperial College de Londres, il s'agit "d'un pas en avant significatif", qui permet d'éviter "le long processus qui consiste à reprogrammer les cellules du patient".


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