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A Budapest, "Grizou" a sauvé la mise malgré un match quelconque et Kylian Mbappé, passeur décisif, s'est démultiplié sans jamais conclure. La déception et les questions entourent davantage le troisième larron de l'attaque, Karim Benzema, incapable de faire trembler les filets depuis son retour surprise après plus de cinq ans d'absence en Bleu. En quatre matches, l'avant-centre du Real Madrid a raté un penalty contre le pays de Galles, assisté au doublé d'Olivier Giroud après sa sortie sur blessure contre la Bulgarie, vu son but refusé contre l'Allemagne en fin de match, puis manqué de spontanéité ou de précision contre la Hongrie. "Les tirs qui ne sont pas cadrés ne peuvent pas finir au fond des filets", a relevé Didier Deschamps sans viser "KB9" particulièrement. En rappelant Benzema juste avant l'Euro, le sélectionneur a fait le pari d'une acclimatation express qui, pour l'heure, tarde à venir. Mais "DD" ne s'alarme pas: l'ex-Lyonnais "a suffisamment de vécu pour passer outre. Il sait très bien qu'il est attendu sur cet aspect-là, mais l'essentiel est qu'il garde confiance et qu'il garde ma confiance".
Pour Deschamps, les Bleus ont "manqué de fraîcheur et de peps" sous le soleil de Budapest, où il avait aligné la même équipe qu'à Munich, à une exception près: Lucas Digne a remplacé Lucas Hernandez à gauche de la défense. Malheureusement pour lui, les Français sont apparus émoussés physiquement face à des adversaires évoluant en majorité dans des championnats de second rang. Jusqu'à quel point devra-t-il faire tourner contre le Portugal mercredi? "Je n'exclus pas qu'il puisse y avoir un roulement entre les joueurs", la fatigue étant perceptible "chez un peu tous" les titulaires du jour, a répondu le technicien samedi. Le premier tour laisse peu de temps pour le repos et "cet enchaînement fait que la fraîcheur est un élément important", a souligné Deschamps. Faut-il miser de nouveau sur Paul Pogba et Adrien Rabiot, en-deçà de leur niveau habituel samedi, ou faire confiance à Corentin Tolisso, Moussa Sissoko voire Thomas Lemar au milieu? Le jeune Jules Koundé peut-il remplacer comme latéral droit Benjamin Pavard, en grande difficulté? Ousmane Dembélé, menaçant mais sorti blessé,sera-t-il apte? Le sélectionneur dispose de quelques heures avant de trancher. Les Bleus se sont fait peur contre les Hongrois mais ils conservent les "cartes en main" avant le dernier match de groupe, comme l'a dit Deschamps.
Premiers du groupe F, ils garderont la tête en cas de succès mercredi (21h00) contre le Portugal de Cristiano Ronaldo, voire en cas de match nulsi l'Allemagne n'arrive pas à battre la Hongrie à Munich. Le classement de la poule peut valoir cher: il détermine le parcours géographique qui attend les Tricolores (Bucarest, Londres, Budapest ou Séville),mais aussi leurs adversaires potentiels. Une deuxième place laisse ainsi redouter un huitième de finale très corsé à Wembley contre les Anglais,si ces derniers terminent en tête de leur groupe. Remporter la "poule de la mort" octroierait peut-être un adversaire plus abordable, comme la Suisse, la Finlande ou l'Autriche.
Dans cet Euro où seuls les deux pires troisièmes de groupe sont éjectés après le premier tour, les Bleus, qui ne peuvent plus terminer derniers, ne semblent pas en danger,même en cas de défaite. Ils seront déjà fixés mercredi soir avant le coup d'envoi car tous les autres groupes auront déjà disputé leur dernière journée. Le ticket pourrait même être composté dès lundi soir, en fonction des résultats des ultimes matches dans les groupes A, B et C.
Résultats
Vendredi
Groupe E : Suède-Slovaquie : 1-0
Groupe D : Croatie-Tchéquie : 1-1
Groupe D : Angleterre-Ecosse : 0-0
Samedi
Groupe F : Hongrie-France : 1-1
Groupe F : Portugal-Allemagne : 2-4
Groupe E : Espagne-Pologne : 1-1
Programme du lundi
3ème journée
Groupe C : Macédoine du Nord - Pays-Bas(17 heures, Amsterdam)
Groupe C : Ukraine - Autriche (17 heures, Bucarest)
Groupe B : Russie - Danemark (20 heures, Copenhague)
Groupe B : Finlande - Belgique (20 heures, Saint-Pétersbourg)
Gosens, dynamiteur inattendu
Après la défaite inaugurale contre la France (1-0), la Mannschaft avait la gueule de bois et Gosens s'est même retrouvé au cœur d'une polémique pour avoir violemment chargé au visage le défenseur français Benjamin Pavard, resté sonné sur le coup. Mais sa prestation samedi à Munich contre les champions d'Europe en titre a mis tout le monde d'accord: Robin Gosens (26 ans), intenable sur son aile gauche, a sonné le réveil de l'Allemagne, menée au score en début de rencontre après le but de Cristiano Ronaldo (15e). "Je dois me pincer, je n'y crois pas encore", a-t-il plaisanté après le match. "Je suis ultra +happy+ (heureux, NDLR), je vais en profiter ce (samedi) soir et demain (dimanche) encore un peu. Et ensuite on se concentre sur la Hongrie (mercredi prochain)." Le natif d'Emmerich, sur les rives du Rhin, aurait pu ouvrir la marque de manière mémorable, d'une reprise de volée en ciseau, finalement annulée pour hors-jeu (5e)... Peu importe: Gosens a amené l'égalisation d'un centre puissant que le Portugais Ruben Dias a malencontreusement catapulté dans sa propre cage (35e).
C'est à nouveau un de ses ballons qui a amené le but du 2-1, avec une action achevée par un centre de Joshua Kimmich et un nouveau "c.s.c." de Raphaël Guerreiro (39e). Juste après la pause,son centre rasant depuis l'aile gauche a été dévié dans la cage par Kai Havertz. Puis Gosens a marqué à son tour: il a alourdi le score d'une tête puissante (4-1, 60e),soitson deuxième but en sélection, et il a cédé sa place dans la foulée sous l'ovation de l'Allianz-Arena qui scandait son nom, apparemment victime d'un petit souci musculaire aux adducteurs - "je suis sorti à temps", a-t-il aussitôt dédramatisé. De quoi s'attirer les éloges de son sélectionneur: "Il a été combattif, toujours dangereux sur le but adverse, c'est ce dont nous avons besoin", a commenté Joachim Löw.
Son premier but avec l'Allemagne, Gosens l'avait marqué en match de préparation contre la Lettonie (7-1) début juin et sa réaction contrariée avait pris les supporters allemands à contrepied: "J'en ai raté un", avait pesté Gosens, peu adepte de la langue de bois. N'a-t-il pas clamé, sans détour, ses ambitions ? "Nous avons le potentiel pour devenir champions d'Europe", a prévenu ce joueur aux faux airs de Lukas Podolski, l'ancien attaquant de la Mannschaft. "Je ne vois pas trop la ressemblance, mais je voudrais bien avoir sa patte gauche", a ajouté ce caractère spontané, peu adepte de la langue de bois et auteur d'une autobiographie intitulée: "Rêver vaut la peine". Cette performance à l'Euro est un bel aboutissement pour un latéral qui a pris les chemins de traverse avant de rejoindre la Mannschaft, quittant l'Allemagne pour s'aguerrir aux Pays-Bas (Vitesse Arnhem, Dordrecht, Heracles) avant d'atterrir à l'Atalanta en 2017.
Quoi qu'il en soit, son éclosion au plus haut niveau n'est pas une surprise pour les supporters de la "Dea". Gosens, qui étudie la psychologie du sport parallèlement à sa carrière professionnelle, est l'un des hommes forts du système de Gasperini à Bergame, où les latéraux sont des rampes de lancement très utilisées pour amener le danger dans la surface adverse. Il a d'ailleurs connu sa saison la plus prolifique pour sa quatrième année en Serie A avec 11 buts et 6 passes décisives. La principale crainte pour les tifosi de la Dea est de le voir partir, la presse évoquant depuis quelques semaines des offres le concernant. Et lui-même regarderait probablement avec intérêt des propositions venues d'Allemagne, où il a crevé l'écran samedi.