Découverte d’une molécule qui désarme les bactéries


Libé
Jeudi 8 Mai 2025

Des chercheurs français de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) ont identifié une molécule capable de "désarmer" les bactéries pathogènes face au système immunitaire, "sans effets négatifs sur le microbiote de l’hôte".

L'équipe de recherche a identifié "la protéine Mfd", un facteur de virulence produit par toutes les bactéries qui leur est indispensable pour résister au système immunitaire de l’hôte, indique un communiqué de l'INRAE.

Cette protéine a une autre fonction, celle d’engendrer des mutations spontanées et aléatoires, qui augmentent la capacité des bactéries à développer des résistances, relève la même source.

"Bien que les antibiotiques aient considérablement réduit la mortalité associée aux maladies infectieuses, leur utilisation parfois excessive et abusive a conduit au développement de la résistance bactérienne", soulignent les chercheurs dans leur étude. De plus, les antibiotiques ne ciblent pas une spécificité chez l'hôte et peuvent donc avoir des conséquences sur l'ensemble des bactéries du microbiote du patient.
L’antibiorésistance serait responsable du décès de 5 millions de personnes dans le monde chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Suite à cette découverte, un consortium de chercheurs aux compétences pluridisciplinaires, coordonné par INRAE et impliquant le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Université Paris-Saclay et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), s’est rassemblé pour identifier et développer un composé capable de bloquer cette protéine et ainsi désarmer la bactérie.

Parmi une banque de 5 millions de molécules, les scientifiques ont identifié 1 molécule prometteuse, nommée "NM102", capable de se fixer à la protéine Mfd et d’empêcher son activation. Ils ont effectué des séries de tests, in vitro puis in vivo dans des modèles insecte et murin, qui ont montré 3 effets majeurs de cette molécule.

"Elle ne tue pas les bactéries en absence de composés toxiques produits par le système immunitaire, elle diminue la quantité de bactéries pathogènes dans les organes infectés, sans dommages pour le microbiote de l’hôte, et elle est capable de bloquer la fonction de Mfd en tant que facteur de mutation, réduisant ainsi la capacité de la bactérie à développer une résistance aux antimicrobiens", relève l'étude.

La molécule "désarme" ainsi les bactéries pathogènes tout en protégeant les bactéries du microbiote. "De manière très prometteuse, cette molécule est également efficace sur des souches bactériennes résistantes aux traitements actuels et issues de patients hospitalisés", soulignent les chercheurs.

Deux brevets ont déjà été déposés, sur l’identification de la cible bactérienne et sur l’identification de ladite molécule, d'après la même source.
Dans cette étude, les scientifiques ont également encapsulé cette molécule dans des nanoparticules biodégradables afin de faciliter son administration.


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