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Coronavirus : Pourquoi l'Allemagne n 'est plus la “bonne élève ” de l'Europe


Libé
Samedi 19 Décembre 2020

Coronavirus : Pourquoi l'Allemagne n 'est plus la “bonne élève ” de l'Europe
“Bonne élève" de l'Europe au début de la pandémie de Covid-19, l'Allemagne voit désormais virer au rouge tous ses voyants, faute ces derniers mois d'avoir imposé des mesures drastiques à l'ensemble du pays. L'Allemagne a ainsi battu jeudi son record d'infections quotidiennes, avec plus de 30.000 nouveaux cas. La veille, elle avait enregistré 950 décès, là aussi un nombre jamais atteint. 83% des lits de réanimation sont occupés, selon l'institut Robert Koch (RKI). Vanté avant l'été pour sa souplesse, le système fédéral allemand est désormais montré du doigt. Partisane d'une ligne dure, Angela Merkel n'a pas le pouvoir d'imposer, lors de leurs régulières négociations, des mesures aux 16 Etats-régions.

De l'aveu des décideurs, le coche a été manqué fin octobre, quand des régions ont tenu tête au gouvernement fédéral quisouhaitait alors un durcissement. Des experts plaidaient pour un "verrouillage dur" de troissemaines en novembre pour que le taux d'infection soit contenu en deçà de 50 pour 100.000. Les autorités sanitaires, soutenues par Mme Merkel, souhaitaient réduire au maximum les contacts entre jeunes ou une mise à l'isolement des personnes enrhumées. Mais nombre de Länder, soucieux de voir leur économie repartir et inquiets devant la montée en puissance du mouvement antimasques, ont refusé. Des tribunaux ont aussi cassé les restrictions d'hébergement et de déplacement des vacanciers pendant les congés d'automne, ajoutant à la cacophonie. La chancelière, dont la popularité est au zénith, s'était alors dite "insatisfaite" mais n'a rien pu imposer. Un temps précieux a ainsi été perdu. "Il s'agit sans doute de la plus grande erreur de calcul politique de l'année", déplorait samedi l'hebdomadaire Der Spiegel. Malgré la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels, seuls six Länder ont vu leur incidence sur sept jours baisser depuis le 2 novembre. Souvent caricaturés en peuple discipliné, les Allemands ont les pires difficultés à reproduire les efforts consentis au printemps. Les stands de vin chaud, une tradition avant les Fêtes, attirent dans les rues des foules compactes. Les fermetures de restaurants et bars ont été contournées grâce à la vente à emporter, qui permet en fait aux clients de consommer avec des "contacts". 

"Lors du +lockdown+ du printemps, nous avons réduit les contacts de 63%. Pour le moment, nous n'avons pu réduire les contacts que de 43%, ce qui n'est tout simplement passuffisant", résume le virologue Christian Drosten. Le RKI estime à 60% une réduction efficace des contacts. L'application antiCovid montre aussi ses limites. Elle a été téléchargée par 23,5 millions de personnes mais moins de la moitié des utilisateurs positifs ont déclaré leur contagiosité. La situation est particulièrement dramatique dans des régions d'ex Allemagne de l'Est, en particulier la Saxe et la Thuringe, dont les taux d'infection atteignaient jeudi 407 et 255, au-dessus de la moyenne fédérale (179,2). A part le district bavarois de Regen, le plus touché d'Allemagne, les localités où le virus est le plus actif, comme Görlitz ou Bautzen, figurent toutes en Saxe. Leur taux d'incidence est supérieur à 600/100.000. Après avoir critiqué "l'hystérie" du gouvernement, le dirigeant conservateur de la Saxe, Michael Kretschmer, a dû reconnaître que la pandémie y avait été "sous-estimée" et imposer en catastrophe des restrictions. Coïncidence ou corrélation, cette région se caractérise par le dynamisme du mouvement antimasques et l'enracinement de l'extrême droite.

"Nous constatons malheureusement de plus en plus de foyers dans les maisons de retraite", déplore le président du RKI, Lothar Wieler. Dans la seule ville de Berlin, le nombre de pensionnaires testés positifs a plus que doublé depuis minovembre, pour dépasser les 2.000 cas, selon le Sénat de la capitale. Cette situation influe sur le nombre de décès, qui dépasse en Allemagne les 24.000. 87,2% des personnes décédées du Covid-19 avaient plus de 69 ans, selon l'institut Statista.

Dans tout le pays, les établissements s'alarment d'un manque de personnel qui ne permet pas de tester et d'isoler rapidement pensionnaires et aides-soignants. Seuls 17% des personnels soignants jugent suffisantes les mesures de dépistage qui leur sont destinées, selon la fédération Diaconie.


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