Co-développement en Méditerranée : Quelle stratégie de financement pour soutenir la transition ?


H.B
Samedi 19 Novembre 2011

La transition vers la démocratie coûte de l’argent. Beaucoup d’argent. Selon certaines estimations, les besoins de financement en Egypte et en Tunisie sont chiffrés à 25 milliards de dollars sur cinq ans et une douzaine de milliards jusqu’à la mi-2012. Au Maroc, l’ardoise risque elle aussi d’être salée. Les revendications sociales issues du Printemps arabe ont mis le pays dans une situation budgétaire délicate qui le poussera à solliciter un soutien financier pour accompagner sa transition démocratique. Comment accompagner donc ces transitions ? Quelle stratégie de financement faut-il adopter pour les soutenir et comment garantir leur efficacité ?
Pour Jan Fischer, vice-président en charge des opérations à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), les processus de transition sont longs et pénibles et risquent de décevoir beaucoup d’espérance et de rêves.  Un tel processus demande, selon lui,  un dialogue franc et transparent entre les gouvernements et les  peuples afin que ces derniers connaissent leur enjeu et quels sont les résultats du travail des gouvernements. « Il faut établir des ponts de dialogue et de communication avec la population pour éviter toute dérive. Occulter la voix du peuple, c’est le début des ennuis pour n’importe quel pouvoir», a-t-il précisé.
De son côté, Nono Matondo-Fundani, directeur régional de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord, a estimé que la région du Nord d’Afrique vit actuellement sous la pression des grands besoins en infrastructures et le poids des attentes de la population au niveau social alors que cette région a été connue pendant longtemps comme bon élève en économie en réalisant les taux de croissance les plus élevés sur le continent africain mais qui n’ont jamais réussi à répondre aux espérances des citoyens, car personne n’a bénéficié de leurs fruits. « Le problème n’est pas la croissance économique mais plutôt la création de postes d’emploi pour les jeunes de ces pays», a-t-souligné.
Et d’ajouter : «Si c’est vrai que cette zone a enregistré un certain degré de développement, il reste que ce dernier est inégalement réparti. Il est concentré dans certaines zones uniquement au détriment d’autres.
Mais comment peut-on accompagner la transition en cours dans le monde arabe et en Afrique financièrement? Pour Jan Fischer, il ne faut pas tout ramener à l’économie. Car à côté, il y a d’autres facteurs qu’il faut prendre en considération comme l’existence des institutions stables, d’une administration qui fonctionne, d’un climat des affaires sain et de la bonne gouvernance. « La question de financement n’est pas cruciale, mais plutôt la bonne gestion de cet argent. Les pays en transition vivent des problèmes sociaux graves avec des conséquences tragiques. La résolution de ces déficits ne demande pas d’injecter de l’argent mais une amélioration de l’arsenal législatif, du Code d’impôt, des droits de douanes, les systèmes bancaires, etc. », a-t-il indiqué.
Le vice-président de la BERD est clair : chaque pays est maître de son destin et personne ne peut donner des leçon aux autres. « Notre mission à la BERD consiste uniquement à apporter une assistance technique, proposer des politiques économiques et accompagner les pays en transition dans ce processus», a-t-il déclaré.
Même son de cloche du côté, de M. Nono qui a expliqué que la question de l’assistance étrangère ne représente qu’un élément parmi tant d’autres. Mais il reste, selon lui, que chaque pays doit compter sur ses propos moyens. « On travaille sur la base des données préparées par les pays concernés. On ne peut pas aller au-delà », a-t-il conclu.


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