Confusion et incertitude règnent avec une inflation galopante, un taux de croissance quasi-nul, un déficit budgétaire inquiétant…

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Intervenant lors d’une conférence de presse en marge du premier conseil trimestriel de 2022 de la Banque centrale, le wali a souligné que tous les indicateurs macroéconomiques sont dans le rouge : l’inflation passe de 1% à 4%, un taux de croissance presque nul (0,7%), un déficit budgétaire qui atteint les 6,3% et un déficit des comptes courants s’élevant à 5,5%.
« Cette sortie du wali n’a rien d’innocent et constitue une sorte de sonnette d’alarme qui présage d’une situation de plus en plus difficile dans les mois à venir. Rappelons-nous de sa sortie lors de la crise financière de 2008 suivie de sitôt du plan d’urgence», nous a indiqué Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V-Rabat. Et de préciser : « En d’autres termes, le wali de Bank Al-Maghrib est en train d’anticiper sur d'éventuelles perturbations que peut subir notre économie nationale. Nous sommes donc face à un jeu de tactique de la part du wali. Un jeu que le gouvernement ne semble pas maîtriser ».
Face à cette situation sombre, le wali n’a pas exclu la possibilité de renégocier une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL) avec le Fonds monétaire international (FMI) pour parer à ce « choc externe » en faisant allusion à la guerre Russie/Ukraine et ses conséquences sur les prix de l’énergie, des produits alimentaires et des métaux. « Le Maroc a signé, depuis 2012, quatre accords successifs avec le FMI, lui permettant d'utiliser la "ligne de prévention et de liquidité", qu'il n'a utilisée qu'en 2020 en retirant 3 milliards de dollars pour faire face au choc sans précédent causé par la pandémie de "Covid-19", y compris son impact intérieur et les répercussions de la récession mondiale qui en résultent. En fait, l’utilisation de la LPL est encadrée. Elle ne doit être utilisée qu’en cas de véritables difficultés et doit avoir l’aval du FMI», nous a expliqué notre interlocuteur. Et de poursuivre : « Les trois milliards ont été accordés sous forme de crédit remboursables sur 5 ans avec un délai de grâce de 3 ans. Le Maroc doit rembourser ses trois milliards en 2025. Et c’est pourquoi notre pays tente aujourd’hui de renégocier. Il a la possibilité également de chercher des crédits ailleurs dans un contexte où les conditions d’octroi de crédit deviennent de plus en plus difficiles. Notamment si la crise en mer Noire persiste ».
Aujourd’hui, explique Hicham Attouch, la situation de guerre en mer Noire a chamboulé toutes les prévisions et a engendré une conjoncture lourde. «En conséquence, il se peut que le Maroc ne puisse pas avoir cette possibilité de contracter de nouveaux emprunts sur le marché international. Nous sommes véritablement dans une situation d’incertitude et l’état actuel des choses présage un tableau sombre», nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : « La question de la sécheresse n’est plus un véritable souci actuellement mais plutôt la capacité à emprunter à l’international, notamment auprès du FMI qui a d’autres chats à fouetter ces jours-ci. Donc, l’incertitude est le maître-mot. En fait, la guerre Ukraine/Russie aura des conséquences sur l’UE et aura un impact sur l’économie internationale, ce qui va rendre plus difficile toute tentative de recherche des crédits à l’international. La situation semble chaotique. C’est l’effet papillon ».
Une situation d’incertitude qui se complique davantage, selon notre interlocuteur, à la lumière d’un récent rapport du FMI qui s’interroge sur la soutenabilité du financement du nouveau modèle de développement, la faisabilité des objectifs fixés, et le séquençage des réformes en un temps si court. Publié en février dernier, ce document a souligné que la mise en œuvre de ce nouveau modèle de développement n’est pas aussi facile que cela. Et nécessite des préalables, comme l’espace budgétaire nécessaire pour le financement des réformes proposées.
«Une mise en œuvre prudente des réformes sera essentielle à leur succès. Déjà les réformes en cours et celles suggérées dans le rapport sur le nouveau modèle de développement ont le potentiel de générer une trajectoire de croissance plus forte, plus inclusive et durable pour le Maroc. Pourtant, étant donné les besoins de financement potentiellement importants associés à ces réformes, l’impact incertain sur la production potentielle et l’étroitesse de l’espace budgétaire, une conception et un ordonnancement soigneux sont nécessaires, sur la base d’un plan de financement adéquat et dans un cadre macroéconomique cohérent et stable», lance le rapport du FMI dès son introduction, avant d’affirmer que les impacts attendus du NMD sont, de ce fait, «entourés d’une grande incertitude».
En effet, « si la mise en œuvre effective de ces réformes pourrait stimuler de manière significative la croissance potentielle du Maroc, la taille et le calendrier de leur impact sur la croissance économique sont entourés d’une grande incertitude et des besoins de financement substantiels résultant des réformes ne seront probablement pas satisfaits par une croissance plus rapide du PIB », conclut le rapport du FMI.