Le FMI prévoit une inflation annuelle de 548% pour 2025 au Venezuela et 629% pour l'année suivante. En 2018, elle avait atteint 130.060% selon la Banque centrale du pays, le sommet d'une période hyperinflationniste de quatre ans de crise (2017-2021).
L'année dernière, elle était de 48%, affirme le président Nicolas Maduro. La Banque centrale n'a toutefois pas publié de chiffres d'inflation depuis octobre 2024.
Jacinto Moreno, commerçant informel dans le centre de Caracas, subit l'inflation au quotidien. "Si nous gagnons 20 bolivars, nous dépensons 50. Les prix augmentent tous les jours".
Norma Guzman, elle, sort du magasin avec trois tomates. "Je fais (les courses au) marché tous les jours parce que ça ne suffit pas", dit cette femme au foyer.
M. Maduro assure régulièrement que le pays doit faire face aux sanctions économiques, qu'il rend responsables de tous les maux, tout en affirmant que le déploiement américain dans les Caraïbes depuis août est un prétexte pour le renverser et s'emparer des réserves pétrolières vénézuéliennes.
Il prévoit une croissance supérieure à 9% en 2025. Le FMI l'estime plutôt à 0,5%, d'autres analystes à 3%.
L'économiste Oscar Torrealba s'attend à une inflation de 811% pour 2025: "Cela nous rapproche indéniablement d'un scénario hyperinflationniste".
"Pour pouvoir considérer qu'il y a hyperinflation dans un pays, il doit avoir des variations supérieures à 50% par mois pendant trois périodes consécutives", explique cet analyste basé en Colombie.
D'autres experts estiment qu'une variation de 500% sur l'année constitue déjà une hyperinflation, surtout en comparaison du reste du monde où l'inflation est faible.
Peu d'économistes vivant au Venezuela osent contester publiquement le discours officiel sur l'économie, après que plusieurs professionnels, dont un ancien ministre des Finances, ont été arrêtés cette année.
Les arrestations n'ont jamais été annoncées officiellement, mais elles ont coïncidé avec une série d'opérations policières contre la diffusion du prix du dollar sur le marché parallèle.
Mais contrairement aux années d'hyperinflation précédentes, il n'y a pas de pénurie. Les habitants restent traumatisés par les heures de queue pour acheter un demi-kilo de café ou de sucre et se souviennent avec angoisse des magasins vides.
Nicolas Maduro a démontré une plus grande rigueur budgétaire, arrêtant la planche à billets et assouplissant les contrôles. Il a surtout dépénalisé l'utilisation du dollar, qui est aussitôt devenu la monnaie de facto du pays.
Mais les prix en dollars grimpent eux aussi. M. Torrealba a situé en octobre à 80% l'inflation en dollars sur l'année.
Le dollar est la clé de ce nouveau scénario inflationniste, dans un contexte économique qui laisse peu de marge de manœuvre.
L'un des principaux fournisseurs de devises pour le pays était la compagnie pétrolière américaine Chevron, qui disposait d'une licence pour opérer malgré les sanctions.
Mais depuis fin juillet, Washington a interdit à Chevron de payer l'Etat vénézuélien en monnaie, l'obligeant à payer en pétrole brut. Le Venezuela vend ce pétrole sur le marché noir à prix cassé. Il y a donc moins de dollars sur le marché et un écart de change s'est créé. Il dépasse aujourd'hui les 60%.
Les prix sont fixés en dollars et augmentent chaque fois que le bolivar perd de la valeur par rapport au dollar, dans un cercle vicieux.
Depuis le début de l'année, le dollar a grimpé de près de 400% par rapport à la monnaie vénézuélienne.
"Cela se traduit par de l'inflation", explique Juan Carlos Valdez, professeur d'économie politique et député élu par le parti au pouvoir. Seulement, l'inflation augmente à un rythme "plus rapide que le mouvement du taux de change" en raison des ajustements que font les commerçants pour se protéger.
Mais l'économiste se dit optimiste pour 2026. "Les hyperinflations finissent par se réguler elles-mêmes", affirme-t-il. "Elles finissent par réduire le pouvoir d'achat de la population en général à un tel extrême que l'offrant commence à perdre" faute de clients et finit par baisser les prix.







