Affaire du viol d’un mineur au Moussem Moulay Abdellah Amghar: Cinq personnes placées en garde à vue


Mourad Tabet
Vendredi 22 Août 2025

Cet événement tragique a relancé le débat sur les mécanismes de protection des enfants, notamment en période de grands rassemblements populaires

Affaire du viol d’un mineur au Moussem Moulay Abdellah Amghar: Cinq personnes placées en garde à vue
Le très populaire Moussem Moulay Abdellah Amghar, qui s'est tenu récemment à El Jadida, a été le théâtre d'un acte abominable qui a ébranlé la société marocaine. Un garçon de 13 ans, originaire de Youssoufia, orphelin de père et en situation de handicap, a été victime d'un viol.

Le juge d’instruction de la Cour d’appel d’El Jadida a ordonné, jeudi soir, la mise en détention provisoire de cinq personnes au centre pénitentiaire, dans le cadre de cette affaire. La première audience du procès des accusés dans “l’affaire de l’enfant de la saison de Moulay Abdellah Amghar à El Jadida” est fixée au 23 septembre prochain.
Naoufal Bouamri
La justice ne doit pas tenir compte de circonstances atténuantes ni accepter de compromis proposés par les familles dans ce genre d’affaires
Cette décision fait suite au renvoi des détenus par les services de la Gendarmerie Royale au procureur général du Roi, tandis que les enquêtes se poursuivent afin d’arrêter les autres suspects, conformément aux instructions du parquet.

Cet événement tragique a relancé le débat sur les mécanismes de protection des enfants, notamment en période de grands rassemblements populaires, et sur la responsabilité collective à assurer un environnement sûr pour les enfants, en particulier ceux en situation de vulnérabilité.

La société civile et plusieurs associations de défense des droits humains dont notamment l’OMDH se sont mobilisées, dénonçant ce crime odieux, appelant à un accompagnement médical et psychologique de la victime, ainsi qu'à une réparation morale et matérielle pour la famille. Ces organisations insistent également sur la nécessité de renforcer les dispositifs de protection de l'enfance et de lutter avec fermeté contre les violences sexuelles faites aux mineurs.

« Cette agression sexuelle, nécessite tout d’abord de mettre l’accent sur  l’importance de respecter les procédures judiciaires en cours dans ce dossier. Il faut aussi préciser que l’enquête est toujours en cours, raison pour laquelle il n’est pas possible de commenter pour le moment les démarches effectuées jusqu’à présent, avant leur achèvement et la présentation des accusés devant la justice. Cette étape est cruciale pour connaître la vérité et comprendre comment ce mineur a subi une telle agression collective grave et odieuse », a fait savoir Naoufal Bouamri, président de l’OMDH dans une déclaration à Libé, affirmant que l’Organisation marocaine des droits de l’Homme a décidé, depuis qu’elle a eu connaissance de cette affaire, de suivre ce dossier et a mandaté des avocats pour en assurer le suivi judiciaire. 

Et Naoufal Bouamri de préciser : « L’autre aspect à souligner concerne la victime, cet enfant mineur, qu’il faut soutenir en lui assurant un accompagnement médical, psychologique et social particulier, tenant compte de sa fragilité liée à sa minorité, de sa situation sociale (orphelin de père) et du fait qu’il a été victime d’une agression sexuelle collective. Cette tragédie laissera sans doute des séquelles psychologiques nécessitant un suivi médical ».

Le président de l’OMDH a indiqué  que « les enfants victimes d’agressions sexuelles doivent ressentir l’équité judiciaire et la protection que procure la justice au Maroc à ces catégories de victimes ». Selon lui, « cette protection dépasse la seule indemnisation financière et inclut la sécurité morale et psychologique, renforçant ainsi la confiance dans les institutions judiciaires à travers la répression exemplaire des responsables de tels actes sexuels qui n’ont d’autre justification que la nature criminelle de leurs auteurs. La justice ne doit pas tenir compte de circonstances atténuantes ni accepter de compromis proposés par les familles dans ce genre d’affaires. Elle doit au contraire poursuivre avec fermeté l’instruction jusqu’à appliquer la peine maximale aux coupables. C’est le seul moyen d’apporter à la victime mineure justice et reconnaissance légale, en plus de l’accompagnement psychologique et social qui doit être garanti à ce type de victimes ».

Même son de cloche chez le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) qui a rappelé ses recommandations concernant le projet de loi 10.16 modifiant et complétant le Code pénal (octobre 2019), qui redéfinit le viol pour inclure toutes les formes d’agressions sexuelles, indépendamment du sexe de la victime ou de l’agresseur, de leur relation ou situation, et recommande particulièrement d’alourdir les peines en cas de viol et d’agression sexuelle sur des enfants mineurs.

Le CNDH salue la condamnation collective de tout acte abject envers un enfant, reconnaît les cas de signalements d’abus sexuels sur des enfants, et renouvelle son appel à la non-impunité et au durcissement des peines à l’égard de toute personne reconnue coupable ou complice de telles agressions sexuelles.

Il a également loué la couverture professionnelle des médias qui respectent les droits de l’enfant mineur, notamment en s’abstenant de publier son nom et sa photo. Il a appelé au strict respect des normes professionnelles pour protéger les victimes d’agressions sexuelles, en particulier les enfants, et ce afin de les préserver de toute stigmatisation ou atteinte à leurs droits (d’autant que l’enfant victime se trouve aujourd’hui auprès de sa famille).

Par ailleurs, le Conseil a fermement condamné les graves discours stigmatisants visant l’enfant victime, ainsi que d’autres discours qui, même s’ils se veulent solidaires, tendent à banaliser ou minimiser les agressions sexuelles contre les filles. Le Conseil rappelle que le viol et l’agression sexuelle sont identiques, quel que soit le genre de la victime.

Mourad Tabet


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