A Ljubljana, Tebboune aurait esquissé comme un retour à la raison concernant le Sahara marocain: Sursaut de conscience ou simple louvoiement politico-diplomatique ?

Ça grince déjà des dents du côté des commanditaires galonnés et de leurs pantins séparatistes


Mehdi Ouassat
Jeudi 15 Mai 2025

A Ljubljana, Tebboune aurait esquissé comme un retour à la raison concernant le Sahara marocain: Sursaut de conscience ou simple louvoiement politico-diplomatique ?
Il arrive parfois que le rideau tombe sans crier gare. Que la mécanique de la propagande s’enraye d’elle-même. Que le mensonge, à force d’être surjoué, se retourne contre son propre initiateur. C’est exactement ce qui vient de se produire à Ljubljana, au détour d’une conférence de presse, organisée à l’issue d’une rencontre entre le président algérien et son homologue slovène.

Devant les caméras, Abdelmadjid Tebboune, fidèle à ses contorsions diplomatiques, s’est exprimé sur le dossier du Sahara marocain. Un passage obligé, un terrain familier. Et pourtant, au lieu du sempiternel prêche séparatiste, Tebboune surprend : il croit bon de saluer la position de la Slovénie sur le Sahara marocain, avant d’évoquer, d’un ton évasif,  «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable». Puis — comme pour sauver la face, à la toute fin — évoque du bout des lèvres l’hypothèse du référendum.

En politique, les mots ne sont jamais prononcés par hasard, encore moins lorsqu’il s’agit du Sahara marocain, cette terre sur laquelle l’Algérie a projeté pendant un demi-siècle ses obsessions géopolitiques et ses frustrations régionales. Que le président Tebboune parle de «solution mutuellement acceptable» – formulation consacrée par les résolutions onusiennes depuis 2007 mais toujours soigneusement évitée par la propagande algérienne – a donc fait l’effet d’une gifle retentissante flanquée à ces séparatistes qui ne cessent de tirer des plans sur la comète.

Le Polisario, habitué aux discours flamboyants de solidarité indéfectible et de soutien inconditionnel, se retrouve ainsi lâché par son faiseur, son tuteur et parrain couveur. Le malaise est palpable. Des fuites, des enregistrements et des vidéos de certains séparatistes, visiblement abasourdis, en témoignent. On peut comprendre leur sidération : pour eux, Tebboune est censé incarner la ligne dure. Mais een réalité, c’est toute l’ambiguïté de la position algérienne qui ressurgit au grand jour. Et puis la gifle est d’autant plus cuisante qu’elle vient de la maison mère.

En effet, depuis des décennies, l’Algérie n’a cessé de marteler que le Sahara est «occupé», que le Maroc est une «puissance coloniale», que le «peuple sahraoui» doit exercer son droit à l’autodétermination par référendum. Ce lexique dogmatique, idéologisé jusqu’à l’absurde, a fait les beaux jours de la propagande officielle. Il justifie les camps de Tindouf, le financement du Polisario, la tension permanente avec Rabat.

Mais voilà que le premier personnage de l’Etat algérien, en costume-cravate à Ljubljana, prend ses distances avec le dogme. Il parle de compromis, de solution qui satisfasse les deux parties — autrement dit, il reconnaît implicitement que le Maroc est une partie légitime dans ce dossier. Pis encore : il réduit l’idée du référendum à un simple vœu pieux. Un espoir abstrait. Un “souhait”, selon ses propres mots. Autant dire : une relique diplomatique, que même lui ne semble plus prendre au sérieux.

Il faut dire que depuis 2007, le référendum d’autodétermination est enterré sous les décombres de la realpolitik. Les Nations unies l’ont reconnu implicitement : il n’est ni praticable, ni réaliste. En lieu et place, la communauté internationale pousse vers une solution politique négociée. Et la seule et unique option reste l’initiative marocaine d’autonomie, jugée sérieuse et crédible par les grandes puissances occidentales.

Dans ce contexte, l’Algérie – qui se dit non partie prenante tout en hébergeant, finançant et dirigeant de fait le Polisario – commence peut-être à comprendre qu’elle s’est enfermée dans une impasse diplomatique.  Une impasse qu’elle n’a ni le courage d’assumer, ni la finesse de maquiller.

Le ridicule est total. Le président algérien tente de concilier le langage diplomatique des capitales occidentales et le lexique martial exigé par les galonnés du régime politico-militaire. Il essaye de plaire aux Européens tout en tentant d’assurer ces  faucons d’Alger hautement et cupidement intéressés qu’ils sont. Il ne convainc ni les uns, ni les autres. A  force de jouer les équilibristes entre le réalisme géopolitique et la fiction révolutionnaire, il finit par tomber dans le vide.

Il faut dire que cette déclaration, prononcée en présence d’une dirigeante européenne, révèle aussi un autre facteur : la scène internationale ne se prête plus aux discours idéologiques figés. En Europe, en Afrique, au sein même du monde arabe, les lignes ont bougé. La reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara a changé la donne. La France, l’Espagne, l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie et d’autres encore, ont exprimé un soutien explicite ou implicite à l’initiative marocaine. Même les pays scandinaves, naguère plus prudents, s’ouvrent à cette logique de compromis.

En définitive, ce qui s’est joué à Ljubljana, devant les caméras, dépasse de loin la simple formule diplomatique. C’est le miroir d’un régime à la dérive, coincé entre son discours passéiste et une réalité géopolitique qui l’écrase. L’obsession marocaine, érigée en doctrine d’Etat depuis Boumédiène, a coûté des milliards au trésor public algérien, ruiné les perspectives d’intégration maghrébine et isolé Alger sur la scène continentale. Aujourd’hui, c’est cette même rhétorique qui, en se fissurant à son sommet, trahit un épuisement, une fatigue diplomatique, une lassitude stratégique et peut-être le début d’un aggiornamento forcé.

En face, Rabat n’a pas bronché. Il n’a pas eu besoin. Le temps, ce vieux complice des causes justes, fait son œuvre. La pièce de  théâtre touche à sa fin. Les rideaux tombent. Le Sahara reste. Marocaine est sa terre, marocain est son avenir.

Mehdi Ouassat


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